Des avocats de la défense, des membres du Syndicat de la magistrature et Libération cherchent à évincer un magistrat jugé trop sévère. Celui-ci a décidé de porter plainte. Récit exclusif.
Discret derrière son impeccable mise, Tony Skurtys n’a pas apprécié les bavardages à son sujet. Son avocat, Me Olivier Pardo, s’apprête donc à déposer une plainte avec constitution de partie civile en diffamation contre le journal Libération, ainsi qu’une plainte contre X pour violation du secret des délibérés et dénonciation calomnieuse. Le magistrat est la cible d’une campagne organisée dans Libération contre sa sévérité et ses supposés manquements à la déontologie. L’histoire remonte à avant Noël, lorsque le quotidien assumait la chasse contre le magistrat dès son titre : « Haro sur le juge Tony Skurtys, “ marteau” de la justice ». Difficile pourtant de déceler une quelconque idéologie quand ce magistrat aborde son travail : il est question de code pénal, de procédure, de peine encourue, de peine prononcée en collégialité, de personnalité de l’accusé ou de faits commis. Rien de plus.
La guerre n’est pas nouvelle. Le juge Skurtys avait déjà eu les honneurs du Canard enchaîné il y a quelques années, alors qu’il était juge des libertés et de la détention, notamment dans un centre de rétention administrative (CRA). Son surnom était alors “Monsieur 100 %” pour une raison simple : les avocats et associations dénonçaient ses taux de prolongement de rétention en attente de l’éloignement, tous positifs. Décisions judiciaires, il faut le préciser, très largement confirmées en cour d’appel. Les statistiques par juges n’existent pas, mais les associations ont compté elles-mêmes, provoquant une autocensure d’autres magistrats. L’un d’entre eux, qui officie en CRA, le reconnaît : « On sait qu’on est sous surveillance des associations, que le contentieux des étrangers est un business pour de nombreux avocats et qu’ils dégainent dans la presse à la moindre occasion, alors on fait très attention. » À la même époque, des avocats de clandestins ont commencé à faire des demandes de récusation pour obtenir un autre juge : il en a eu des centaines, toutes des copiées-collées. La première fois, le juge avait accepté de se déporter avant de se raviser devant ce qui ressemblait à une volonté de déstabilisation. À l’époque, le Canard faisait parler un avocat : « Il juge lui-même des mérites de la requête en récusation le concernant. »
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