Hier, vers 21 heures, c’est en parcourant les titres sur i24 via mon smartphone que je suis “tombée” sur un direct: le discours du tout jeune Président Yonathan Arfi à l’occasion du dîner du CRIF, que j’ai coutume de moquer, beaucoup ici le savent.
En même temps que j’écoutais et regardais la séquence, défilaient sous mes yeux étonnés ( je suis novice en réseaux sociaux) des commentaires à 95% haineux à l’encontre du Président, du CRIF, du dîner, d’Israël, des Juifs dans leur ensemble, tous des colons, des nazis et j’en passe. A croire qu’un mot d’ordre avait été donné et que l’heure et le lieu du rendez-vous avaient été donnés à chacun.
Trop occupés à la chose devenue mission, lesdits commentateurs n’auront pas voulu voir ce quelque chose d’infiniment remarquable dans le discours du Président Arfi, lequel, outre qu’il ne fut pas un seul sujet attendu et qui fût escamoté, s’adressa au Quai d’Orsay, qu’il avait déjà vainement enjoint en décembre 2021, alors vice-Président du CRIF, évoquant “la politique arabe de la France”, de “changer de logiciel”, affirma son bonheur d’être français.
Ecoutez plutôt:
Vint le moment du discours d’Élisabeth Borne, PM
Lorsqu’elle prit la parole en lieu et place du Président empêché, d’emblée Élisabeth Borne, appelée “Bornstein” dans les commentaires, donna le La d’un épris ed parole qu’elle avait décidé de rendre particulièrement personnelle:
“Il y a des dates, qui marquent un destin. Pour mon père, mais en réalité pour toute ma famille, c’est le 25 décembre 1943. Ce jour-là, avec mon grand-père et mes oncles, il a été arrêté par la gestapo. Puis ce furent les wagons plombés, les ordres, les coups, les humiliations. Drancy, Auschwitz. Ils étaient 1250 au départ. 6 sont revenus.
Ce qui s’est passé là-bas, mon père l’a écrit dans deux lettres – qui sont le seul témoignage que je conserve de lui.
Ce qui s’est passé là-bas, certaines de vos familles l’ont vécu.
Des témoins nous l’ont dit.
Bien des ouvrages et des films l’ont montré.
Mais je crois que personne ne peut vraiment l’imaginer.
Celles et ceux qui ont pris ces trains vers l’Est ont vu en face les abîmes auxquels pouvait conduire la haine et les frontières de l’Humanité.
Pour toutes celles et ceux qui sont revenus, une vie différente commençait.
Certains ont réussi à garder le goût de l’espérance et la foi dans la vie.
D’autres non. Je ne le sais que trop bien.
Mesdames et Messieurs,
Vous le comprenez, prendre la parole devant vous, ce soir, a un écho particulier pour moi.
Et notre devoir, c’est de faire en sorte que jamais l’Histoire ne se répète.
C’est combattre, de toutes nos forces l’antisémitisme, partout où il se montre, partout où il frappe, partout où il se cache”.
La PM se demanda ensuite:
“8 décennies après l’indicible, une question s’impose : où en sommes-nous ? Quel chemin avons-nous parcouru ?
Des avancées ont été réalisées, bien sûr – et heureusement. […] Au fil des années, nous avons avancé sur le sentier de la mémoire. En Normandie, dans les mois qui ont suivi son retour des camps, mon père avait commencé à parler, jusqu’à ce qu’on lui dise qu’il valait mieux se taire, que rien de tout cela ne n’avait eu lieu. Certains ont voulu poser une chape de silence sur le passé”.
Certains voudraient aujourd’hui réécrire, minimiser, organiser une indécente concurrence des mémoires
Évoquant ceux qui “voudraient aujourd’hui réécrire, minimiser, organiser une indécente concurrence des mémoires”, elle continua en évoquant “cette vérité qui s’était dévoilée” et insista, “alors que les voix des témoins s’éteignaient” sur la nécessité de “trouver les moyens pour que, jamais, l’oubli et l’ombre ne gagnent. Alors, nous continuerons à faire savoir. Nous ne cèderons jamais rien aux faussaires de l’Histoire”.
Elle insista sur le travail de réparation des spoliations du passé et annonça, la qualifiant d’”oeuvre de justice”, sur l’examen prochain d’”une loi-cadre pour accélérer la restitution des œuvres spoliées”.
Abordant la sphère des préjugés, elle déclara: “C’est souvent dans l’esprit des jeunes que s’ancrent les préjugés, les stéréotypes et le poison du relativisme – voire du négationnisme. Alors, nous devons mener, impérativement, la bataille de la jeunesse. Et nous l’emporterons. C’est pourquoi, j’ai annoncé, il y a deux semaines, que chaque élève de France devrait désormais effectuer au moins une visite d’un lieu de mémoire au cours de sa scolarité”.
Sans langue de bois, actant que la bataille des préjugés se jouait à l’école, au collège, au lycée, où dans certains établissements, tout ne pouvait être dit et enseigné, elle s’engagea à ne rien minimiser: “La Shoah doit pouvoir être enseignée dans toutes les salles de classe, sans exception. […] Je suis très claire : nous ne devons rien laisser passer”.
La ministre aborda la question de la sécurité des Juifs en France: “Ce ne sont ni les mots, ni les indignations, ni les hommages, qui vous protègent et rendent justice. C’est de notre action résolue, de notre détermination inflexible, que viennent les résultats. […] Tant qu’il y aura des insultes, des attaques et des meurtres, nous devrons continuer à agir. Et je veux ici, à mon tour, avoir une pensée pour la famille d’Ilan HALIMI, assassiné il y a 17 ans. Aujourd’hui encore, il y a plus d’un acte antisémite par jour, recensé par les forces de l’ordre. Et je sais qu’ils ne représentent qu’une petite partie de la réalité, car 80% des faits ne donnent pas lieu à des dépôts de plainte”.
Aujourd’hui encore, les Juifs de France sont parmi les premières cibles de l’Islam radical
“Aujourd’hui encore, les juifs de France sont parmi les premières cibles de l’Islam radical, qui vous menace et s’en prend ainsi à la République toute entière. Ces dernières années, nous avons pris des mesures sans précédent. Et les résultats obtenus ne sont certainement pas le signe qu’il faut arrêter. Ils signifient, au contraire, que nous allons dans la bonne direction – et qu’il faut continuer. A l’initiative du Président de la République, nous avons engagé, totalement, résolument, le combat contre le séparatisme islamiste, en nous dotant des outils dont nous avions besoin. Nous continuons. Nous avons pris des décisions fortes”.
Elle exhorta à “porter plainte. C’est la seule voie vers la Justice”, annonçant que des mesures supplémentaires allaient faciliter le dépôt de plainte, et insistant sur la fermeté de la réponse pénale loin d’être au rendez-vous: “Je sais également que la sécurité et la confiance viendront d’une réponse pénale ferme. Il faut que les faits commis soient sanctionnés. Chacun garde ici à l’esprit le souvenir douloureux de la mort de Sarah HALIMI. La consommation de drogue ne peut pas, ne doit pas tout expliquer, tout excuser. C’est pourquoi, dans une loi promulguée l’année dernière, nous avons fait évoluer notre droit pour mieux encadrer l’irresponsabilité pénale en cas de consommation de stupéfiants.Je souhaite également que toutes les peines soient exécutées. Certains ont tenu des propos odieux, ont été condamnés, se sont parfois prêtés à d’étranges excuses, mais n’ont jamais purgé de peine. Ce ne sont ni des martyrs, ni des libres-penseurs. Ce sont des délinquants, rien de plus. Et comme tous les délinquants, ils doivent répondre de leurs actes.
C’est pourquoi je souhaite, que des mandats d’arrêts puissent être émis pour les personnes condamnées à des peines de prison, après avoir dévoyé la liberté d’expression, par l’incitation à la haine, la contestation de crime contre l’Humanité ou la diffamation à caractère raciste ou antisémite.
Elisabeth Borne n’oublia pas de mentionner “ceux qui gardent le silence face à l’antisémitisme. Ceux qui n’excusent pas vraiment, mais trouvent toujours un « mais ». Ceux dont l’indignation est variable, et qui invitent ou défilent avec des antisémites notoires”.
Pour la PM, “Il n’y a pas d’antisémitisme modéré, acceptable ou comique. Il n’y a que de la haine, sous différents visages. […] La critique d’Israël en tant qu’État, l’antisionisme, ne doivent jamais être les paravents de la haine.
Évoquant alors le “passé”, elle rappela la Maison sublime de Rouen: “C’est à Rouen, sous la cour du Palais de Justice, que l’on trouve la Maison sublime, sans doute le plus ancien monument juif d’Europe. Quand on creuse la terre de France, on retrouve les traces du judaïsme. Citoyens à part entière depuis la Révolution, les Juifs de France ont écrit certaines des grandes pages de notre République. Au cours des années, des Français de confession juive, ont pris pleinement part à notre vie démocratique. Leurs noms sont devenus synonymes de progrès sociaux et de droits nouveaux, qui, aujourd’hui encore, marquent notre pays. Depuis des siècles, ils contribuent aux réflexions philosophiques, à notre culture, à nos grandes découvertes scientifiques et à l’identité même de notre Nation. Une part de ce qui nous rassemble, et fait de nous des Français, a aussi été construit, enrichi, façonné, par les Juifs de France. […] Aujourd’hui, toujours, aux côtés de Français de tous les cultes, les Juifs de France participent pleinement, et sans distinction, à la vie de la Nation. Alors, devant vous, à nouveau, je l’affirme avec force: Vous prendre pour cible, Vous attaquer, C’est tourner le dos à la République. C’est tourner le dos à notre Histoire. C’est tourner le dos à ce qui fait notre pays”.
Elle cita pour finir une phrase de la prière à la République, lue dans les synagogues: “Que la France vive heureuse et prospère. Qu’elle soit forte et grande par l’union et la concorde”.
Sarah Cattan– Tribune Juive
Merci à G. B.
Pour info: je vous parlais, en début de. ce billet, des commentaires par centaines et à 95% haineux sur le direct de i24News: Eh bien, le ménage a donc été fait? Ils n’y sont plus. Tous effacés.
Puisque vous êtes là…… on aimerait vous dire un dernier mot. Vous êtes de plus en plus nombreux à lire Europe Israël sur le web, et nous nous en réjouissons. Nous souhaitons qu’une grande partie des articles de notre site soit accessible à tous, gratuitement, mais l’information de qualité a un coût. En n’étant rattaché à aucun groupe industriel, aucun lobby, aucun politique, Europe Israël prouve chaque jour son indépendance éditoriale. Pour nous aider à garder notre liberté de ton et notre exigence journalistique, votre soutien est précieux. En donnant 100 € grâce à la déduction fiscale de 66% votre don ne vous coûte que 33 €. Vous recevrez un reçu CERFA pour tous dons supérieurs à 50 Euros qui vous permettra de déduire 66 % des sommes versées. Nous soutenir |
élisabeth bornstein tueuse sociale en série