La Chine dispose de moyens d’espionnage militaire et industriel multiples : satellites, agents secrets, étudiants chinois placés dans des secteurs stratégiques et ayant accès à des laboratoires de recherche universitaires. J’en parle en détail dans mon livre Après la démocratie ? Ces moyens ont été combattus sous la présidence Trump. Ils ne le sont quasiment plus sous la présidence Biden. La Chine n‘avait donc pas besoin de recourir à un ballon espion.
Elle l’a fait pour un motif qui ne relève pas de l’espionnage, mais de la guerre psychologique.
La Chine est en guerre contre les Etats-Unis, mais sa façon de faire la guerre n’implique pas de passer à la guerre conventionnelle. Elle s’efforce de se doter d’une armée puissante, mais n’entend pas l’utiliser pour faire la guerre façon Poutine. Elle entend intimider, paralyser l’adversaire, le tétaniser, et gagner ainsi sans avoir à combattre.
Pour parvenir à ce résultat, elle crée des réseaux d’influence : quasiment toutes les universités américaines reçoivent de l’argent chinois, sont dotées d’Instituts Confucius qui organisent des colloques et des conférences et s’efforcent d’installer un discours politiquement correct, version chinoise, dans divers secteurs universitaires, et par effet de ruissellement, dans tous les secteurs professionnels où les étudiants américains se retrouveront ensuite.
Elle s’efforce de recruter des Américains d’origine chinoise pour en faire des agents d’influence rémunérés, et envoie des espions chinois nouer des relations avec des politiciens américains aux fins de les pousser vers des positions favorables à la Chine, et, si possible, d’obtenir des documents classifiés par leur intermédiaire. Elle fait aussi recruter des Chinois venus étudier aux Etats-Unis par des entreprises américaines en fin d’infléchir leurs décisions et d’obtenir des secrets industriels et technologiques. Elle offre des conditions alléchantes aux entreprises qui s’installent en Chine et leur demande en échange de facilité d’implantation de livrer des éléments de leur propriété intellectuelle. Elle ouvre le marché chinois à des entreprises cinématographiques en exigeant d’influer sur le contenu des films.
Elle utilise la corruption, bien sûr. L’ordinateur de Hunter Biden montre que Joe Biden est lié à la Chine par de nets liens de corruption, et que Joe Biden est un homme, en fait, tenu par la Chine. La Chine ne devrait dès lors pas s’inquiéter de ce que peut faire l’administration Biden, mais elle n’est pas certaine que tous les rouages de l’administration Biden sont aussi dociles que Joe Biden.
Envoyer un ballon espion sans le dire permet de voir les réactions de l’administration Biden. Et la Chine a vu ce qu’elle voulait voir.
Les services de renseignement américains ont vu le ballon s’envoler depuis la Chine et ont suivi son parcours. Lorsque le ballon s’est approché de l’Alaska, ils ont prévenu l’état-major de l’armée américaine et le Secrétariat à la défense, qui ont prévenu la présidence. Il a été décidé par la présidence de ne rien faire, de ne pas abattre le ballon, et de ne pas parler du sujet au public. Le ballon a survolé l’Alaska, puis le Canada et s’est dirigé vers le Montana.
A ce moment, un Américain du Montana qui observait le ciel a vu le ballon et, grâce à un téléobjectif, son équipement, il a publié des photos sur les réseaux sociaux. Les médias ont dû parler du ballon. L’administration Biden a dû en parler aussi, et l’a fait avec embarrassement. Antony Blinken, qui devait se rendre en Chine a été contraint annuler son voyage (le voyage était maintenu, bien que l’administration Biden sache que le ballon espion allait survoler les Etats-Unis et l’annulation n’a eu lieu que parce que le ballon a été découvert par l’Américain du Montana). La décision a été prisé par l’administration Biden de ne pas abattre le ballon au-dessus des Etats-Unis et d’attendre qu’il ait rejoint l’océan Atlantique. Le motif donné pour cette décision est un prétexte : le risque invoqué de voir des habitations endommagées et des Américains tués par les débris était nul en maints endroits au-dessus desquels le ballon est passé, car ces endroits sont inhabités (l’Alaska est très vide, le Montana a une superficie de 147.000 kilomètres carrés et seulement un million d’habitants). La réalité est que le ballon est passé au-dessus d’installations militaires américaines stratégiques et de silos abritant des armes atomiques et que l’administration Biden a laissé faire. La Chine a dit que c’était un ballon d’observation météorologique, mais cette explication grotesque ne tient pas.
Le ballon a été abattu, et les débris sont dans les eaux internationales. La Chine semble pouvoir les récupérer avant que l’armée américaine ne le fasse, ce qui est consternant. On verra très vite si l’armée américaine sort de son inertie et va plus vite que l’armée chinoise. J’en doute.
Pour tenter de sauver la face, le cabinet de Joe Biden dit maintenant que Joe Biden avait donné l’ordre d’abattre le ballon dès mercredi, mais que le général Milley, chef d’état-major des armées, lui aurait demandé d’attendre. Strictement rien ne montre que Joe Biden a donné le moindre ordre mercredi.
Le test chinois est concluant. L’administration Biden avait accepté qu’un ballon espion d’une puissance en guerre avec les Etats-Unis survole des lieux militaires stratégiques des Etats-Unis, voulait ne strictement rien en dire, garder le secret, et maintenir la visite du Secrétaire d’Etat des Etats-Unis en Chine pendant le passage du ballon espion au-dessus des Etats-Unis, et quand le ballon espion a été découvert par un simple citoyen, elle n’a pas fait le nécessaire pour le détruire et a attendu qu’il poursuive sa trajectoire jusqu’à l’Atlantique. Sans un Américain du Montana, le peuple américain n’aurait rien su. Les Républicains, Donald Trump en particulier, parlent de dereliction of duty (manquement au devoir) et incriminent vivement l’administration Biden. Ils ont raison. Ils n’ont malheureusement pas le pouvoir d’agir. Une procédure de destitution contre Biden n’aurait aucune chance d’aboutir.
Joe Biden est effectivement tenu par la Chine et l’a confirmé amplement. Antony Blinken est lui aussi tenu par la Chine (j’en parle aussi dans Après la démocratie ?), Le général Milley a lui-même des liens troubles avec la Chine (au cours des dernières semaines de la présidence Trump, il était déjà chef d’état-major, et il avait contacté le chef d’état-major chinois pour lui dire que si Trump prenait des décisions belliqueuses vis-à-vis de la Chine, il n’obéirait pas aux ordre). C’est un défaitiste actif soumis au discours woke, tout comme le Secrétaire à la défense Lloyd Austin (cela explique la lenteur des livraisons d’armes à l’Ukraine, et les propos de Milley disant que l’Ukraine ne parviendra sans doute pas à gagner). Milley et Austin ont un effet certain sur les forces armées américaines : les recrutements sont en forte baisse. Sous Trump, les Américains qui s’engageaient dans l’armée le faisaient pour défendre le pays et la liberté. Aujourd’hui, on leur dit que l’armée doit combattre le racisme, le sexisme et le réchauffement global, et que l’armée est très ouverte aux homosexuels et aux transsexuels et prend en charge les opérations de changement de sexe des nouvelles recrues qui veulent de telles opérations, et un spot de recrutement qui passe à la télévision montre une jeune femme qui se dit lesbienne , qui est fière d’avoir deux mamans mariées qui sont dans l’armée, et qui dit que c’est parce que l’armée est ouverte aux lesbiennes qu’elle veut s’engager : remarquable !
Avec cette fine équipe de crétins de gauche (pléonasme), montrant qu’il n’y en a vraiment pas un pour racheter l’autre, la Chine sait que si elle décide de s’en prendre à Taïwan sous l’administration Biden, celle-ci réagira avec une grande force d’inertie. C’est ce que Xi Jinping voulait savoir. Il sait.
© Guy Millière pour Dreuz.info
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Quand Biden Bidonne les chinois ballonnaient!
La plus grande faiblesse de la démocratie, c’est la désinformation ; la plus grande faiblesse d’une nation, c’est la corruption. Ensemble, c’est fatal.