Alors que des CRS de Lyon ont refusé mercredi 17 mars d’effectuer des contrôles sans protection (masques, gants) contre le coronavirus, le ministre de l’Intérieur assure ce jeudi que les policiers « ne sont pas en risque » face au Covid-19 et qu’« ils ne peuvent se prévaloir » du « droit de retrait ».
Christophe Castaner a affirmé jeudi 19 mars que les policiers ne sont pas en risque
face au Covid-19, tout en reconnaissant des dysfonctionnements
, alors que certains, comme une CRS autoroutière près de Lyon, refusent d’effectuer les contrôles sans protection.
Nous ne sommes pas dans la situation des personnels de santé qui sont confrontés directement à des malades
, a martelé Christophe Castaner sur Europe 1.
Respect des mesures-barrières, protection des policiers, garde des enfants : je réponds, sur @Europe1, à Jean-Louis dont le fils et la belle-fille sont policiers.#RadioOuverte ⤵️ pic.twitter.com/ZxGhwgekSi
— Christophe Castaner (@CCastaner) March 19, 2020
Se référant au Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS), le ministre de l’Intérieur a rappelé qu’il est inutile et même contradictoire en termes de santé de porter un masque en permanence dans la rue
.
Je veux passer un message de confiance et rassurer les personnels : non ils ne sont pas en risque. Le risque, c’est plutôt de mal porter et de porter de façon continue le masque
, a-t-il dit.
Ce qui compte, c’est que (les policiers) puissent avoir ces gestes barrières, et qu’en cas de confrontation à une personne qui a les signes du Covid-19 ou qui indique qu’elle a le Covid-19, ils puissent se saisir des masques, qu’ils doivent avoir en proximité
, a-t-il dit.
Le ministre a toutefois reconnu des dysfonctionnements
. Nous avons eu des dysfonctionnements, ils peuvent arriver et notamment sur le gel hydroalcoolique
, a-t-il dit, en assurant que tous les services
étaient mobilisés pour remettre à niveau cet équipement-là
.
Refus des contrôles à Lyon
Des syndicats ont invité ces derniers jours les policiers à exercer leur droit de retrait
pour qu’ils puissent obtenir et utiliser des masques, des gants et autres moyens de protection face à l’épidémie de coronavirus.
À la CRS ARAA (Autoroutière Rhône Alpes Auvergne), qui compte 200 policiers et effectue les contrôles dans un rayon allant de Villefranche-sur-Saône (Rhône) au sud de Vienne (Isère), les équipes de mercredi après-midi et de la nuit ont refusé de faire ces contrôles. Tout en continuant à assurer le tout-venant, notamment en cas d’accident.
Nous ne pouvons pas aller sur la voie publique au contact des personnes infectées et être infectés nous-mêmes
, explique Didier Mangione, secrétaire régional d’Unité SGP Police FO. On nous interdit de porter des masques pour éviter d’affoler la population
, affirme-t-il.
Christophe Emery, le référent local du syndicat, demande à pouvoir utiliser les 1 200 masques périmés qu’ils ont en stock, affirmant que seul l’élastique est défectueux.
5 300 policiers confinés
Le droit de retrait n’est possible que si le fonctionnaire est exposé à un danger grave et imminent ou un équipement défectueux et que l’employeur ne prend aucune mesure pour y remédier
, a déclaré le ministre de l’Intérieur.
S’agissant des policiers, ils ne peuvent s’en prévaloir dès lors qu’il s’agit d’accomplir leur mission puisqu’elle est par nature dangereuse, ils le savent
, selon lui.
Je veux leur dire […] nous sommes là, ils ne sont pas en risque, il faut qu’ils fassent attention aux gestes barrières
, a asséné Christophe Castaner en indiquant aux policiers notamment de ne pas prendre les attestations (de déplacement) en main
.
Selon Alternative Police, près de 5 300 policiers seraient confinés, plus de 4 000 indisponibles pour cause de télétravail ou garde d’enfants et 70 infectés.
Policiers interdits de masques : Unité SGP Police FO menace d’utiliser le « droit de retrait »
Il « considère que les policiers et les gendarmes qui accomplissent les contrôles [liés au confinement] ne travaillent pas en sécurité ».
Unité SGP Police FO menace d’utiliser le « droit de retrait » si des policiers continuent à être empêchés de porter des masques de protection contre le coronavirus, a déclaré mercredi 18 mars sur franceinfo le secrétaire général du syndicat Yves Lefebvre.
« Moi je dénonce les consignes de Christophe Castaner. Je n’ai eu de cesse de le lui dire depuis qu’on a amorcé cette triste crise sanitaire. Il faut impérativement que l’agent qui contrôle soit porteur d’un masque. Jusqu’à ce que la preuve sanitaire du contraire nous soit apportée », relate le représentant syndical.
« Il a fallu que je brandisse [ce mardi] soir la stricte application du droit de la protection de la santé et de la vie des agents, le droit d’alerte dans un premier temps qui dit : attention on va faire valoir le droit de retrait. » Une note interne est attendue dans les heures à venir pour préciser les règles sur le port du masque. « Je crains que Christophe Castaner reste arc-bouté sur sa position depuis le départ, répétant : ‘je n’ai pas de masques, il ne faut pas en porter' ».
Des cas suspects de coronavirus dans des commissariats
Au-delà du fait que les masques manquent dans les commissariats, Yves Lefebvre dénonce l’interdiction faites aux policiers de porter leur propre masque. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux fait par exemple entendre une consigne radio adressé à une patrouille de police : « Sur instruction, nous demandons à tous les effectifs employés sur le terrain de retirer les masques de protection », peut-on entendre.
C’est marginal, mais aujourd’hui certains responsables territoriaux refusent, menacent même de sanctions disciplinaires les agents qui ont un masque et qui souhaitent le portersur franceinfo
Pour Yves Lefebvre, les agents doivent pouvoir bénéficier de masques de protection, car régulièrement « vous êtes en deçà des règles sanitaires, vous êtes en deçà des deux mètres, voire même pire, en deçà du mètre préconisé par les responsables sanitaires », dénonce Yves Lefebvre. « Un de mes principaux soucis est de conserver une réserve opérationnelle suffisante qui travaillerait en sécurité », insiste l’élu syndical, qui signale des cas suspects de coronavirus dans les commissariats de Nantes, de Sanary et de Montpellier.
« Les policiers sont en danger », s’inquiète sur BFMTV un représentant du syndicat Alliance. Ce dernier dénonce le manque de protection pour éviter la propagation du coronavirus dans les rangs des forces de l’ordre. Mais pour Christophe Castaner, les forces de l’ordre « ne sont pas en risque » face au Covid-19.
La police bientôt vecteur de propagation du coronavirus? C’est ce que craignent les forces de l’ordre, en première ligne pour faire respecter les mesures de confinement prises par les autorités pour endiguer l’épidémie. Les syndicats de police dénoncent un manque de protection lors des contrôles de la population et s’inquiètent de cas de contamination dans leurs rangs.
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Alors que j’étais en vélo dans ma commune, je me suis fait contrôler et verbaliser alors que j’étais en règle, par les gendarmes sans aucune protection, venus de Pézenas. Comment pouvais-je être en danger et pas eux au même endroit que moi ???
Bien sûr que les policiers sont en danger et devraient porter des masques. Avec les, politicards c’est toujours des mensonges pour occulter leurs erreurs.Il vaut mieux dire franchement qu’on s’est trompé et corriger le tir le plus vite possible que de chercher de mauvaises raisons.