Rémy Heitz a accordé une interview au journal « Le Parisien » dans laquelle il revient sur le traitement judiciaire des violences policières lors des manifestations de « gilets jaunes ».
Six mois après le début du mouvement de « gilets jaunes », le procureur de Paris s’explique sur les accusations de complaisances vis-à-vis des policiers ayant commis des violences sur les manifestants. « Il n’y a aucune volonté de ma part d’éluder » ou de « minimiser » les violences policières, affirme Rémy Heitz dans une interview accordée au Parisien, jeudi 30 mai. Il promet que certaines procédures aboutiront à des procès « d’ici la fin de l’année ».
D’après le procureur de Paris, 174 enquêtes visant des membres des forces de l’ordre ont été ouvertes : 171 ont été confiées à l’inspection générale de la police nationale (IGPN) et trois à l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). « 57 dossiers ont été clôturés et remis à mon parquet qui est en train de les analyser, affirme-t-il. Je peux d’ores et déjà vous dire que huit d’entre elles ont justifié l’ouverture d’une information judiciaire, c’est-à-dire que la poursuite des investigations est désormais confiée à des juges d’instruction. »
« Aucun policier mis en examen »
« Il s’agit notamment des dossiers où les préjudices sont les plus lourds, avec des infirmités permanentes par exemple », détaille-t-il, citant l’affaire des « gilets jaunes » qui ont été passés à tabac par des CRS dans un Burger King ou le cas d’une des figures du mouvement, Jérôme Rodrigues, gravement blessé à l’œil lors d’une manifestation. « Plusieurs dossiers ont trait à l’usage de lanceurs de balle de défense (LBD) », précise Rémy Heitz
Le procureur de Paris précise qu’« à ce stade, aucun policier ou gendarme n’a été mis en examen ». « Un policier a été placé en garde à vue dans une affaire où un manifestant a été blessé et hospitalisé, mais l’enquête est toujours en cours », précise-t-il.
Cela témoigne-t-il d’un traitement judiciaire particulier pour les forces de l’ordre, en comparaison aux nombreux « gilets jaunes » qui ont été directement renvoyés devant la justice en comparution immédiate ? Interrogé sur ce point, Rémy Heitz évoque « la complexité des investigations ». « Les forces de l’ordre peuvent avoir un recours légitime à la force, ce qui n’est pas le cas des manifestants venus pour commettre des violences ou des dégradations », explique-t-il.
Toutes ces procédures vont être analysées avec beaucoup d’attention. Il y aura des classements sans suite. Il y aura aussi des renvois de policiers devant le tribunal correctionnel d’ici la fin de l’année.au Parisien
Près de 3 000 « gilets jaunes » en garde à vue
Dans cette interview, le magistrat donne aussi des chiffres sur le nombre de « gilets jaunes » interpellés lors des manifestations parisiennes. Depuis le 17 novembre, 2 907 gardes à vue ont été enregistrées et, parmi elles, 1 304 ont donné lieu à un classement sans suite, soit presque la moitié des dossiers.
Faut-il en conclure que les arrestations ont été trop massives, notamment celles menées avant même le début des manifestations à Paris ? « Je réfute totalement le terme entendu parfois de garde à vue préventive, affirme le procureur de Paris. Quand des manifestants ont été retrouvés en possession de gants coqués, nous avons cherché à vérifier si c’était bien par volonté d’en découdre avec les forces de l’ordre« .
Si les éléments ne tenaient pas, les magistrats en ont tiré les conséquences. La moitié des classements se sont soldés par des rappels à la loi, preuve que ces gardes à vue n’étaient pas nécessairement dénuées de fondement.
Au total, « 1 357 personnes ont été déférées, dont 515 jugées en comparution immédiate« , ajoute le procureur de Paris. Trente dossier ont été confiés à la police judiciaire. « Il s’agit des cas les plus graves et complexes : les agressions de forces de l’ordre, les pillages d’enseignes de luxe ou le saccage de l’Arc de Triomphe… », précise-t-il.
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