Les Tunisiens étaient appelés aux urnes dimanche pour les premières élections municipales depuis la «Révolution de jasmin», en janvier 2011.
Pour la première fois depuis la Révolution de Jasmin en 2011, les Tunisiens se sont rendus aux urnes dimanche pour les premières élections municipales libres. À l’issue de cette journée électorale, les deux partis qui cohabitent au sein d’un gouvernement d’union semblent avoir dominé ce scrutin, marqué par un fort taux d’abstention (66,4%).
Selon les premières estimations fournies par un institut de sondage, le parti islamiste Ennahdha arrivait en tête (27,5%) devant le parti présidentiel Nidaa Tounès (22,5%), loin devant les autres formations. Les résultats officiels de ces premières élections locales sont attendus dans les jours à venir.
Après la fermeture des bureaux de vote, Lotfi Zitoun, l’une des figures d’Ennahdha, a déclaré que son mouvement avait remporté le scrutin avec au moins 5% d’avance sur son rival. De son côté, Borhan Bsaïs, membre du parti laïc, a reconnu qu’Ennahdha était en tête de 3 à 5 points.
Ennahdha va «maintenir le consensus avec ses partenaires», a déclaré son porte-parole, Imed Khemiri, depuis les bureaux du parti à Tunis, devant lesquels des partisans d’Ennahdha s’étaient rassemblés en entonnant des chants de la Révolution de 2011. «C’est important pour l’équilibre politique du pays que les deux partis principaux aient gagné», a-t-il ajouté.
33,7% de participation
Reste que cette élection, jugée cruciale pour enraciner la démocratie dans l’unique pays rescapé du Printemps arabe, a peu mobilisé les Tunisiens. En fin de journée, la Commission électorale (Instance supérieure indépendante des élections, ISIE) annonçait un taux de participation de 33,7%. À titre de comparaison, la participation était bien plus élevée lors des élections législatives de 2014, avec un taux dépassant les 68%. «Le plus important pour nous, c’est que les élections municipales ont eu lieu, c’est un moment historique pour la Tunisie», a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Mohamed Tlili Mansri, président de l’Isie. Pour l’abstention, «nous ferons mieux la prochaine fois.»
L’enthousiasme suscité par la Révolution qui a entraîné la fuite du président Zine Ben Ali après plus de 23 ans de pouvoir a fait place à la déception et parfois à la colère, en raison des difficultés économiques et du chômage dans le pays. «J’avais l’intention de boycotter le scrutin, mais j’ai changé d’avis au dernier moment. Nous sommes confrontés à de nombreux problèmes économiques, mais poursuivrons notre chemin vers une véritable démocratie», a déclaré Mohamed Ali Abadi, interrogé à la sortie d’un bureau de vote. À Sfax, deuxième ville du pays, une quadragénaire affirme que nombre de ses amies n’étaient pas venues voter. «J’ai tenu bon, et insisté pour que mes enfants aillent voter aussi… mais je n’attends rien de ces élections, je fais mon devoir et c’est tout».