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L’élimination des Juifs de Pologne après la guerre, 1945-1947. Par Marc-André Charguéraud


L’élimination des Juifs de Pologne  après la guerre, 1945-1947. Par Marc-André Charguéraud

HISTOIRE

La guerre est terminée, la paix est revenue. Trois millions de Juifs polonais ont été assassinés par les nazis. 200.000 reviennent d’URSS et 40 000 ont survécu. Ils voyaient la fin de l’enfer dans lequel ils avaient vécu. Il n’en fut rien, des persécutions allant jusqu’au meurtre les forceront à fuir leur pays dominé par un régime communiste.

Avec ou sans communisme, l’antisémitisme meurtrier l’aurait emporté en Pologne tant la société en est infectée. « L’anticommunisme, une excuse trop facile ! Il y avait aussi des Polonais catholiques parmi les communistes par conviction ou par intérêt, on ne venait pas les tuer à domicile. Toute la différence est là. Nous avions échappé à mille périls et tout recommençait », explique un témoin juif.[1] Il suffit de lire un article paru le 20 janvier 1942 dans The Nation, le journal des Démocrates Chrétiens, pour comprendre l’enracinement profond de l’antisémitisme en Pologne : «… La situation rend impossible d’accepter le retour des Juifs à leur position privilégiée sans exposer le pays à de graves soulèvements … Nous devons annoncer ouvertement que non seulement nous refusons de restaurer les droits politiques et patrimoniaux des Juifs, mais que nous voulons qu’ils partent tous de notre pays. » Et ce même parti démocrate-chrétien d’insister en 1944 : « Le problème juif doit être résolu par une émigration graduelle des Juifs qui après la politique allemande d’extermination sont encore en vie… Le point de départ sera la confiscation par l’Etat des propriétés juives sans héritiers … »[2]

Le témoignage de Sholem Rosenberg, un militant socialiste, illustre ce qui attend les Juifs de retour : « La joie fut hélas de courte durée. Nos gens religieux débarquaient avec leur barbe et leur costume traditionnel que la Russie athée ne leur avait jamais interdit de porter. Dès que nous sommes arrivés à Lodz, le fait d’avoir une barbe ou de parler yiddish dans la rue nous a tout de suite attiré des réflexions désagréables du genre : « Mais d’où sortent donc tous ces Juifs ?  Ou encore : comment se fait-il qu’il en reste autant ? quand ce n’était pas : Des Juifs… encore des Juifs ». Rosenberg ajoute : « Par la suite nous avons compris que les Polonais comme les Allemands trouvaient normal de nous tuer. Psychologiquement c’était devenu une sorte de crime admis de nous faire disparaître complètement. »[3] A l’été 1947 plus de 1500 Juifs avaient péri.[4]

Moins proche du drame et avec la retenue qui sied à un directeur de l’UNRRA à Berlin, H.J. Fishbein décrit la situation au Comité d’enquête anglo-américain : « L’histoire de leurs expériences depuis six mois est une histoire monotone répétée par tous les réfugiés venant de Pologne. Ils parlent de lettres reçues d’une organisation polonaise connue sous le nom de A.K. qui signifie armée patriotique… Elle est opposée au gouvernement actuel de la Pologne. Ces lettres menacent sans appel les Juifs de meurtre s’ils continuent à vivre dans cette localité. Il leur est généralement donné 24 à 48 heures pour partir. Ces lettres sont confirmées par des actes de terrorisme, de pillage et des meurtres commis par cette organisation… »[5]

Les pogroms se sont produits dans une douzaine de villes. La plus violente de ces attaques a lieu à Kielce le 4 juillet 1946. Tout a commencé sur les dires d’un enfant imaginatif de neuf ans qui raconte au poste de police local qu’il a été enlevé et détenu captif pendant deux jours par des Juifs dans une cave où il a assisté au meurtre « rituel » d’autres enfants chrétiens. Une histoire sans fondement. La foule déchaînée va battre à mort 46 Juifs, une centaine sont gravement blessés. Les cadavres sont sauvagement mutilés.[6] Un article du New York Times daté du 11 juillet montre le climat délétère qui règne :  « Quiconque a visité la ville de Kielce après le pogrom a cherché en vain une expression de regret ou de honte sur les visages. A l’exception d’affiches officielles réclamant un retour au calme, il ne s’est trouvé personne pour regretter le massacre. »[7] « Outre des gangs de terroristes pour lesquels le meurtre de Juifs est devenu une affaire quotidienne, une foule d’au moins 5000 personnes (15 à 20 000 d’après des témoins) a pris part au pogrom, lequel a duré plus de cinq heures, même après que l’armée fut intervenue. »[8]

Les attaques vont continuer. Trois jours seulement après les événements de Kielce, six Juifs qui se trouvent à bord d’un train allant de Varsovie à Bialystok sont assassinés. Près de Lublin les terroristes tendent une embuscade à un train de voyageurs. Cinq soldats de l’armée rouge et trois passagers juifs sont exécutés. Le lendemain ce sont quatorze Juifs qui subissent le même sort dans un train entre Katowice et Wroclaw.[9] On comprend dès lors que les départs qui se sont succédés depuis 1945 se transforment en un exode massif.

De juillet 1945 à juillet 1946, dans l’année qui précède le pogrom de Kielce, 65 000 Juifs sont partis de Pologne. Les départs vont littéralement exploser pendant les mois de juillet, août et septembre 1946. Au cours des trois mois qui suivent Kielce, ce sont près de 100 000 Juifs polonais qui déferlent vers les zones d’occupation occidentales.[10]

© Marc-André Charguéraud pour Europe Israël News

[1] Cité par Hillel 1985, p. 175.

[2] Cité par Dobrozsycki in Yad Vashem 1990, p. 4 et 5.

[3] Cité par Hillel 1985, p. 174 et 175.

[4] Wasserstein 2000, p. 44.

[5] Cité par Gay 2002, p. 183. En février 1946.

[6] Steinlauf in Wyman 1996, p. 112. Bauer 1970, p. 206.

[7] Cité par Dinnerstein 1982, p. 108. Un seul prêtre dénonce le pogrom de Kielce, le père Henryk Werynski de Cracovie. Le Cardinal Sapieka le suspend immédiatement.

[8] Cité par Hillel 1985, p. 303.

[9] Cité par Hillel 1985, p. 305.

[10] Bauer 1989, p. 74 et p. 131.







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  • 10 thoughts on “L’élimination des Juifs de Pologne après la guerre, 1945-1947. Par Marc-André Charguéraud

    1. LeClarvoyant

      L’antisémitisme des chrétiens et des musulmans, date de 14 à 18 siècles ; d’un coté poussé par les autorités ecclésiastiques chrétiennes et d’autres par tous les fondamentalistes musulmans. Ce sont des milliers de crimes individuels et des millions par la Shoah et les pogroms commis contre les juifs.

    2. c.i.a.

      Les religions et les ideologies totalitaire, l’un hypocrite,l`autre pragmatiquement genocidaire , la principale victime de l`epoque …«  LE JUIF « !
      Sans parler de la FAMINE de Staline des russes blanc ukreniens, des annees au paravant, imaginez «  LE JUIF « comment ils etait immaginer!

    3. Une voix d'Alsace

      Je n’y comprends rien : dans les années 1950, quand j’étais en quatrième, mon manuel de géographie disait simplement en parlant de la Pologne : « Des Juifs dont le nombre s’élevait à trois millions et demi il n’en reste plus que deux cents mille à la suite des atroces persécutions hitlériennes. » Y aurait-il d’autres coupables ? Je ne veux pas croire que les auteurs de manuels, appartenant plus ou moins au parti communiste, c’est-à-dire à la gauche la plus pure, aient pu nous cacher quelque chose.

    4. C. Hamon

      L’histoire des Juifs en Pologne a commencé il y a plus de mille ans. Elle comprend une longue période de tolérance religieuse et de prospérité de la communauté juive polonaise et est profondément bouleversée par la destruction presque entière de la population juive par les nazis durant l’occupation allemande de la Pologne (1939 – 1945).

      Avant cette période où la grande majorité des Juifs Polonais fut assassinée.
      Il y eut un « Âge d’Or » de 966 à 1572 soit durant 606 ans, c’est à dire pendant 6 Siècles.

      Si bien qu’à cette époque, dans cette communauté juive ainsi crée, on pouvait parler de « Petite Jérusalem »

      Il en fut ainsi pour les Juifs d’Espagne, puis des Juifs de Salonique, puis des Juifs de Russie, puis des Juifs d’Allemagne, puis des Juifs de Pologne, puis des Juifs des Balkans, etc …

      Partout où des Juifs furent sauvagement assassinés, ces périodes furent précédées d’un « Âge d’Or ».

      Chaque fois, à partir du moment où ils étaient très bien installés, où ils prospéraient et qu’ils créaient une « Petite Jérusalem », … A partir de ce moment là, arrivait la « catastrophe »

      L’explication la plus plausible vient du fait que DI.EU n’a jamais toléré qu’il se crée d’autres Jérusalem ailleurs que son unique Jérusalem, celle qui se trouve en Terre d’Israël. Par rage, il mit tout en œuvre pour détruire toutes ceL’histoire des Juifs en Pologne a commencé il y a plus de mille ans. Elle comprend une longue période de tolérance religieuse et de prospérité de la communauté juive polonaise et est profondément bouleversée par la destruction presque entière de la population juive par les nazis durant l’occupation allemande de la Pologne (1939 – 1945).

      Avant cette période où la grande majorité des Juifs Polonais fut assassinée.
      Il y eut un « Âge d’Or » de 966 à 1572 soit durant 606 ans, c’est à dire pendant 6 Siècles.

      Si bien qu’à cette époque, dans cette communauté juive ainsi crée, on pouvait parler de « Petite Jérusalem »

      Il en fut ainsi pour les Juifs d’Espagne, puis des Juifs de Salonique, puis des Juifs de Russie, puis des Juifs d’Allemagne, puis des Juifs de Pologne, puis des Juifs des Balkans, etc …

      Partout où des Juifs furent sauvagement assassinés, ces périodes furent précédées d’un « Âge d’Or ».

      Chaque fois, à partir du moment où ils étaient très bien installés, où ils prospéraient et qu’ils créaient une « Petite Jérusalem », … A partir de ce moment là, arrivait la « catastrophe »

      L’explication la plus plausible vient du fait que DI.EU n’a jamais toléré qu’il se crée d’autres Jérusalem ailleurs que son unique Jérusalem, celle qui se trouve en Terre d’Israël. Par rage, il mit tout en œuvre pour détruire toutes ces petites Jérusalem, pour que les Juifs retournent vers la seule et unique Jérusalem.

      C’est ce qu’ils font aujourd’hui. Les Juifs sont de retour à Jérusalem, capitale du peuple juif, ils se trouvent à nouveau protégés. Ils peuvent prospérer à nouveau, sans crainte.

      s petites Jérusalem, pour que les Juifs retournent vers la seule et unique Jérusalem.

      C’est ce qu’ils font aujourd’hui. Les Juifs sont de retour à Jérusalem, capitale du peuple juif, ils se trouvent à nouveau protégés. Ils peuvent prospérer à nouveau, sans crainte.

    5. Armand Maruani

      L’Histoire du Peuple Juif est simple :

      On le laisse s’épanouir et aprés on le massacre .

      Il se relève on le massacre encore .

      Jusqu’au jour où il est revenu chez lui pour dire  » maintenant BASTA , celui qui souhaite nous massacrer on le détruira  » .

      Il a fallu des millénaires pour en arriver là .

      Tout le reste n’est que commenttaires .

    6. macab2b

      Ceux qui sont différents et qui s’organisent d’une manière harmonieuse et prospère dans un état attirent tôt ou tard la jalousie et le mépris de la majorité.
      Certains états qui étaient plus lucides savaient tirer un avantage pour le bien du pays de ces personnes si douées et d’autres cherchaient en période de crise des boucs-émissaires.
      Seule Jérusalem, vision de paix, revêt un caractère (au sens biblique et profane) de protection efficace pour le peuple juif que le monde entier peut admirer.

    7. c.i.a.

      Une voix d’Alsace.les autres coupables, les ukreniens eux-memes, victimes de Staline, complices et collabos contre «  LE JUIF « sous Hitler, ils le croyaient «  sauveur « ,vue la haine viscerale qu`avait Hitler de Staline!

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