Soixante-dix ans à peine nous séparent de l’horreur de la Shoah et ses préludes réapparaissent comme dans un film d’épouvante lorsque le monstre renaît de ses cendres pour attaquer encore et encore sa victime.
Hier à peine, les juifs d’Europe reprenaient confiance en leurs concitoyens, sous la fausse promesse du ban définitif de l’antisémitisme de ceux mêmes qui les avaient forcés à s’entasser dans les trains les menant vers leur mort.
Hier encore, ces juifs trop crédules les avaient étreints dans leurs bras, gobant leurs paroles doucereuses, leurs discours aguichants et engageants, et il semblait alors que tous avaient hâte de tourner la page, d’effacer un passé trop scabreux et humiliant des deux côtés, pour s’attacher à la vie.
Soixante-dix ans et un peu plus que les juifs commémorent religieusement la Shoah dans l’espoir saugrenu qu’elle ne récidivera jamais au sein de tous les peuples de monde… Soixante-dix ans durant lesquels ils ne cessent de panser leurs blessures en jetant un regard hagard aux petites photos des défunts de l’injustice. Des défunts de la haine de l’autre, des défunts de la cruauté et de la barbarie.
Cela n’a pas suffi.
L’antisémitisme est revenu, toutes voiles dehors.
Il frappe partout et il hurle dans les rues de Paris et des autres capitales européennes « Mort aux juifs », sans honte, ni remords.
Il faut interdire la kippa, il faut que les juifs s’effacent, qu’ils n’aient rien qui les distingue des autres, des non-juifs. Ces antisémites qui s’étaient couchés dans l’ombre durant ces soixante-dix ans pour ne pas susciter les remous de la juste colère des juifs, se sont à nouveau découverts, ont fait tomber leur masque en se ralliant aux musulmans, surtout à ceux qui se déclarent antisionistes, anti-israéliens et surtout pro-palestiniens.
Ils se sont glissés dans les rangs de ceux qu’ils protègent, ignorant sciemment que ces derniers sont là pour réclamer leurs têtes.
Parades de la mort, parades de la honte, parades de l’absurde…
L’Europe n’a encore rien compris du véritable complot qui se trame derrière ses étendards : on commence par les juifs et on finit avec les européens infidèles et incroyants…
Les juifs partent, ils ont finalement assimilé que ce mal qui frappe l’Europe ne sera jamais guéri. Pourtant, ils pleurent leur patrie, ils souffrent de la voir s’évanouir devant leurs bras ballants… Ils l’aimaient d’un amour qu’ils ont payé au prix de leur sang.
Et après leur départ ?
La France, Paris, l’Europe redeviendront-ils ce qu’ils ont été ? Une culture brillante et unique, une effigie, une tête de proue, un modèle, un guide ?
C’est la question que j’ose poser à tous les Européens, ou du moins à ceux qui le sont réellement.
Thérèse Zrihen-Dvir