J’ai lu attentivement la lettre adressée aux candidats à l’élection présidentielle par le « Conseil français du culte musulman » (CFCM).
La première des choses à observer, c’est que, dans ce texte pourtant assez long, ne se trouve qu’une fois le mot « islam ». Et on y cherchera en vain le mot « oumma ». La réalité de l’islam est ainsi ramenée à celle d’un « culte », mot qui ne figure pourtant ni dans le Coran ni dans les hadiths !
Comme si la réalité de l’islam partout dans le monde, et notamment (à l’exception du Liban) dans les 57 pays adhérents de l’Organisation de la Coopération Islamique, n’était pas « à la fois religion et État, foi et loi, doctrine et mode de vie, principes de gouvernement et prescriptions de guerre ».
Il n’est donc pas surprenant que le mot « charia » ne figure pas non plus dans cette lettre qui se veut l’expression d’une totale allégeance à la République et à ses valeurs. On croirait lire un texte de la Conférence des évêques de France !
Le plus suave réside sans doute dans le passage sur « l’égalité entre l’homme et la femme ». Il y est écrit que « les musulmans de France reconnaissent pleinement l’égalité entre l’homme et la femme ». Et d’appuyer cela sur un verset du Coran judicieusement isolé et modifié : « Les femmes ont des droits sur les hommes semblables à ceux que les hommes ont sur elles. » (Coran 2, 228) Pour oser écrire cela, dans une mirobolante amputation des textes, il faut vraiment prendre tous les non-musulmans pour des ignares !
Car le verset cité dit en réalité : « Les femmes ont des droits équivalents à leurs obligations, et conformément à l’usage. Les hommes ont cependant une prééminence sur elles. »
On constate la différence !
Mais passons sur l’art de la sélection et de l’adaptation pratiqué par les porteurs de plumes du CFCM. Le plus frappant dans leur prose n’est-il pas que rien n’y évoque la réalité des pratiques de l’ensemble des 57 pays de l’islam dans le monde ?
Ainsi, pas un seul pays d’islam dans le monde ne reconnaît le principe d’une égale liberté religieuse pour musulmans et non-musulmans !
Car, dans quel pays la liberté de conversion est-elle réciproquement assurée sans risque ?
Où donc un musulman peut-il se convertir au christianisme ou à toute autre religion, ou se dire incroyant, sans risquer pour le moins le bannissement ?
Le CFCM serait-il si nationaliste qu’il ne se soucierait nullement de ce que, dans aucun pays qu’il domine, l’islam n’applique les principes que ce CFCM prétend défendre en France ?
Serait-ce que la religion appelée en France « culte musulman » ne serait plus celle de l’ensemble de l’oumma islamique dans le monde ?
Cela est peu crédible. La vérité la plus probable est que le « culte musulman » en France s’efforce de se manifester dialectiquement – certes en répulsion sans doute sincère de l’islam terroriste et djihadiste , celui de « l’islam mains rouges » –comme un pacifique et tranquillisant « islam pattes blanches » qu’il faudrait accepter sans aucune réserve.
Mais qu’en sera-t-il lorsqu’il sera majoritaire ? La réponse est dans la réalité des pays d’islam, diverse certes, mais où n’est acceptée nulle part une véritable réciprocité dans les libertés civiles et religieuses.
Tout ce que l’AGRIF souhaite à l’ensemble des musulmans, les Français et les autres, c’est qu’ils soient libérés du carcan d’une ancestrale théocratie totalitaire qui demeure, hélas, le fondement de l’islam.
Si le CFCM est sincère, il faut qu’il suive le souhait du maréchal al-Sissi : en finir avec la sacralisation des textes et répondre « aux besoins d’une révolution religieuse ».