.
Malika Sorel-Sutter compare les programmes des deux candidats en matière d’éducation, d’immigration et d’intégration. Selon elle, Fillon défend l’héritage culturel national tandis que Macron rêve d’une « France aux portes et fenêtres battantes ».
Ingénieur de l’École polytechnique d’Alger, diplômée de Sciences Po Paris, Malika Sorel est ancien membre du Haut Conseil à l’intégration, institution rattachée au Premier ministre. Elle est l’auteur de Décomposition française (éd. Fayard, 2015) qui a reçu le prix «Honneur et Patrie» des Membres de la Société de la Légion d’honneur et qui vient de paraître en édition «poche».
Quelles sont les orientations de Macron et Fillon à propos des questions régaliennes et culturelles, en particulier concernant la question de l’intégration?
Malika SOREL-SUTTER.- Avant l’intégration, il convient d’aborder l’immigration. Fillon veut «réduire l’immigration légale au strict minimum» et que le Parlement adopte chaque année des «quotas limitant le nombre d’étrangers qui pourront être admis en France, en fonction de nos besoins économiques et de nos capacités d’intégration.» Macron s’est rendu à Berlin pour y rendre un vibrant hommage à la politique d’accueil d’Angela Merkel. Rappelons que l’Allemagne a accueilli 1,1 million de demandeurs d’asile sur la seule année de 2015. L’approche de Macron est dangereuse. Concernant les propositions de François Fillon, je ferai observer, au vu de l’expérience qui a été la mienne au sein du Haut Conseil à l’intégration (HCI), que le Parlement n’est pas le mieux placé pour décider des entrées sur notre territoire. Cette décision, en raison même des conséquences sur le présent et l’avenir de la nation, doit relever du domaine réservé du chef de l’Etat.
Venons-en à l’intégration. Pour les citoyens, «intégration» signifie «intégration culturelle». C’est le résultat d’un processus qui conduit, lorsqu’il réussit, à l’assimilation. C’est l’appropriation des normes collectives et leur transmission à ses propres descendants. Or, Emmanuel Macron a décrété qu’«il n’y a pas de culture française». L’intégration est son angle mort, ce qui explique son positionnement par rapport à la laïcité. Manuel Valls balayé, plus aucun candidat de gauche ne porte l’exigence, incontournable pour préserver le vivre ensemble, du respect de la laïcité. François Fillon est dans une approche opposée. Référence aux valeurs, donc à l’identité française. Il évoque la nécessité de respecter le Code civil qui «fait mention à plusieurs reprises de l’exigence d’assimilation». Il lui reste à en tirer les conséquences. La démocratie suppose l’existence d’un corps politique. Or, citoyenneté et identité ont été dissociées. Elles doivent de nouveau coïncider. Il est aujourd’hui bien plus aisé d’obtenir la nationalité française qu’un titre de séjour. C’est une hérésie.
Le programme de Macron reste flou. A-t-il réellement une ligne définie sur ces questions?
Son programme n’est ni flou ni inconnu. Il a précisé à plusieurs reprises avec clarté la ligne qui était la sienne: mondialiste et multiculturelle. D’où son positionnement cohérent sur les flux migratoires et la culture française: une France aux portes et fenêtres battantes placée sous le règne de la culture buffet. Chacun dépose ses plats sur la table et n’y puise que ce qui lui sied.
Existe-t-il également un vrai clivage en matière d’éducation?
Ils se rejoignent dans la prise de conscience que la réussite ou l’échec scolaire se jouent très tôt. Mais ni l’un ni l’autre n’identifient les vraies sources de ce drame. Et, en effet, cela se joue dès la maternelle, en grande partie au travers du dictionnaire de mots maîtrisés par le jeune enfant ainsi que par l’attitude des parents vis-à-vis de la culture de l’école. Vont-ils l’accompagner ou, sans le vouloir, entraver les enseignants dans leur mission en raison de l’existence de problèmes de «compatibilité culturelle entre l’école et la maison» (voir le rapport Bentolila de 2007)?
Concernant leurs programmes, je distingue deux volets: la transmission culturelle et la pure gestion. Dans le premier, il n’y a guère de point commun entre les deux candidats, et pour cause. Pour l’un, la culture française n’existe pas, quand l’autre s’inscrit dans une volonté de continuer la France d’un point de vue culturel. Par contre, tous deux prônent une plus grande autonomie du système éducatif, pensant – à tort – que là réside l’un des principaux remèdes à la régression scolaire. Or les innombrables alertes remontées au HCI ont montré que l’urgence commande, tout au contraire, de tourner le dos à la libéralisation de notre système éducatif. De veiller à l’unicité des programmes et à un contrôle effectif des connaissances à travers tout le territoire. De faire en sorte que le corps enseignant continue de dépendre hiérarchiquement du ministère, et non des chefs d’établissement. Si l’État avait promptement réagi pour soutenir les enseignants à chaque fois que l’un d’eux s’est trouvé confronté à une remise en cause des contenus ou du bien-fondé des principes républicains (laïcité, égalité filles-garçons), nous n’en serions pas là! Combien d’enseignants, voulant signaler des situations anormales, se sont vu accuser de ne pas savoir «tenir leur classe», de ne pas être suffisamment «accommodants», parfois abandonnés par leurs chefs d’établissement et leurs autorités académiques. Certains ont abdiqué, quand ils ne se sont pas convertis au relativisme culturel pour avoir la paix. Si j’avais été ministre de l’Éducation nationale, j’aurais aussitôt installé une ligne directe entre le cabinet et le corps enseignant afin que chacun puisse obtenir écoute et soutien. L’Éducation est le domaine régalien par excellence.
Que vous inspirent les propos de Macron sur la guerre d’Algérie?
Du sel sur des plaies non cicatrisées. Une accusation qui alimente la bataille des mémoires et la pente victimaire. Une accusation lourde à l’encontre de la France qui se trouve invalidée dès qu’on compare la démographie algérienne entre 1830 et 1962. À l’évidence, l’objectif était de séduire une partie de l’électorat issu des anciennes colonies vibrant encore à l’unisson de la terre de ses ancêtres. Cette accusation susceptible de dresser les uns contre les autres est d’une gravité extrême à l’heure où la France se trouve en guerre, ciblée par des terroristes qui justifient leurs actes par ce qu’elle est et ce qu’elle a été.
Macron rejoue-t-il la stratégie Terra Nova de François Hollande?
Il suffit d’analyser ses propositions et l’électorat qu’il cible pour le comprendre. Macron s’inscrit dans la continuité de cette stratégie qui avait donné lieu à la refondation des politiques d’intégration en 2013 par Jean-Marc Ayrault. Avant d’accoucher de cinq rapports qui nous promettaient, en guise de projet de société, l’«apprentissage d’un savoir-faire avec l’hétérogénéité et dans la conflictualité», cette refondation s’était d’abord appuyée sur le rapport «La grande nation pour une société inclusive» du conseiller d’État Thierry Tuot, qui y moquait l’attachement des Français à leurs grands principes: «Droits et Devoirs! Citoyenneté! Histoire! Œuvre! Civilisation Française! Patrie! Identité! France! […] Au XXIe siècle, on ne peut plus parler en ces termes à des générations de migrants […] on ne peut plus leur tenir un discours qui fait sourire nos compatriotes par son archaïsme et sa boursouflure.» Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, c’est au même Thierry Tuot qu’Emmanuel Macron confie une mission de réflexion et de propositions.
D’après les sondages, les Français jugent Marine Le Pen plus crédible sur ces questions…
Marine Le Pen a beaucoup fait évoluer son parti sur les points abordés ici depuis l’époque où le député Jean-Marie Le Pen déclarait, à l’Assemblée nationale, le 28 janvier 1958: «Ce qu’il faut dire aux Algériens, si nous voulons en faire des Français, ce n’est pas qu’ils ont besoin de la France, mais que la France a besoin d’eux.» Il y affirmait que «sur l’essentiel, les préceptes de la religion musulmane sont les mêmes que la religion chrétienne» et s’interrogeait: «Qui peut évaluer en milliards de dollars ou de roubles ce que vaut pour une nation le fait d’avoir dix millions de citoyens de plus?» Aujourd’hui, Marine Le Pen regarde un certain nombre de réalités en face. Mais le «on est chez nous» scandé à tout-va dans ses meetings signale que le logiciel de ses troupes est resté à l’heure du seul droit du sang. Or les véritables artisans de la décomposition française sont les apprentis-sorciers occidentaux (donc «de souche») de la mondialisation, pour qui l’immigration a été une véritable aubaine. Ce sujet ne se réglera pas par un lapidaire «on est chez nous».
Le FN est au plus haut. François Hollande a-t-il une responsabilité dans cet état de fait?
Dans le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, François Hollande s’interroge: «Comment on peut éviter la partition? […] Car c’est quand même ça qui est en train de se produire: la partition.» Hollande «pense, depuis le début de l’année 2015, que le thème de l’identité sera au cœur de la prochaine échéance présidentielle.» Ma conviction est qu’aujourd’hui un certain nombre d’opérations de diversion sont mises en œuvre pour empêcher que ce thème soit versé au débat. En ce domaine, la gauche est la première responsable de la décomposition française. Or, François Hollande le dit: «Emmanuel Macron, c’est moi!» Si ce thème venait à être versé au débat, Macron en serait comptable.
Si Macron connaît des pays musulmans où on donne des maisons, des terres, des emplois et le pouvoir aux chrétiens pour les gouverner avec les lois de la France, il faut nous le dire, Car on a aussi des blancs au chômage pour les envoyer conquérir le monde musulman. Je crois que la solidarité ne marche que dans un seul sens. Principe musulman. « ça qui est à moi, reste a moi pour toujours. Et ce qui est à toi, on va se le partager entre nous tous ».
Une personne brillante et sincère : son livre est réellement admirable de lucidité et, du coup de férocité. On peut ne pas être d’accord à 100 % avec elle, mais quel bond ferait notre classe politique si elle possédait le quart des convictions de cette formidable dame.
La France est en face de son histoire. Deux options s’offrent à elle: soit se barricader en repoussant l’arrivée des ressortissants de ses anciens pays colonisés en appliquant la méthode de TRUMP soit s’ouvrir à l’extérieur en faisant fi des menaces. Mais quoi qu’il en soit, on ne peut pas adopter une politique de méfiance à outrance car il y a le phénomène de la mondialisation.
FILLON comme MACRON s’engagent dans une bataille politique. Le premier a été remarquable au début mais a perdu du terrain face à l’avancée du Front National. MACRON me paraît plus jeune malgré ses convictions politiques. Il peut être soutenu pour le moment mais ce dont j’ai peur c’est que la confiance de ses souteneurs ne péréclite au dernier moment.
Le Front National est comparable à TRUMP et ce n’est pas pour rien qu’il l’ait invité dans son célèbre Trump TOWER. J’espère que son élection si elle est effective ne va pas créer la foudre des terroristes. Ne vont-ils pas le ressentir comme une forme de provocation? Wait and see!
La France est à soutenir mais de quelle manière?.
Car subir des attaques répétitives mettant à nu la faiblesse du dispositif sécuritaire n’est pas souhaitable et est regrettable à plus d’un titre.
Quand on s’engage dans une guerre(ex;la Syrie) et que l’on abrite des nationalités de toutes sortes à cause de son passé colonial , il faut savoir éviter de créer des frustrations sur des questions identitaires et penser à renforcer son système de défense . Même lorsque des animaux souffrent, il faut leur venir en aide à plus forte raison des populations.
Qui de FILLON, de MACRON ou de LEPEN fera l’affaire des français?.
Je laisse aux français d’en décider.
Mais, il n’est pas évident qu’ils tiendront le coup. Il se pourrait qu’il y ait d’énormes retournements de situation. La France a besoin d’un chef d’Etat fort et qui sera capable de booster son économie. Et ceci n’est pas lié à des questions de conflits. Chacun des candidats a présenté son programme politique reste maintenant à le réaliser car entre la parole et l’action, il y a un abîme. Qui sera le plus sincère dans ses promesses,qui aime vraiment son peuple et qui saura taire les foyers de tension dans le monde sans s’attirer des problèmes. That is the question.
Que le meilleur candidat le remporte. Mais ce qui est sûr c’est que la France ne peut pas se couper du Monde.
THANK YOU!MERCI
Quand les gens scandent » on est chez nous » je pense que ce sont des gens qui veulent se rassurer car beaucoup de frontistes ont tout simplement peur ! Peur de l’islamisme qui avance a grands pas … Ils veulent garder leurs coutumes leurs traditions leur religion comme autrefois et veulent continuer a coexister avec les juifs les asiatiques qui EUX NE POSENT PAS DE PROBLEME la plupart ne sont pas racistes mais désirent simplement vivre en paix dans le pays qui les a vu naitre et c’est pour cette raison que je ne voterais pas pour Macron ni pour Fillon qui est ambigus !