Le 09 janvier 2015, Amedy Coulibaly, est déjà recherché par la police pour l’assassinat, commis la veille, d’une policière municipale de Montrouge : il s’introduit dans une supérette casher de la porte de Vincennes en étant lourdement armé. Il tue immédiatement trois personnes et en prend en otage dix-sept autres, dont l’un est tué peu après, portant à quatre le nombre des morts. Les victimes ayant perdu la vie sont Yohan Cohen (20 ans), Philippe Braham (45 ans), François-Michel Saada (64 ans) et Yoav Attab (21 ans) Le preneur d’otages se réclame de l’État islamique et demande la libération des deux frères Kouachi qui, au même moment, sont assiégés par la Gendarmerie à Dammartin-en-Goële après avoir tué douze personnes dans l’attentat contre Charlie Hebdo, deux jours plus tôt à Paris.
La prise d’otages dure plus de quatre heures. Elle se termine par un assaut mené par les policiers du RAID et de la BRI, durant lequel aucun otage n’est tué. Le terroriste est abattu alors qu’il ouvre le feu sur les forces de l’ordre. Trois policiers et un otage sont blessés.
Des interrogations demeurent sur la gestion de cette affaire notamment concernant la diffusion du profil de Amedy Coulibaly. C’est dans cette optique qu’Axel Metzker a bien voulu répondre à nos questions.
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1 – Axel Metzker, pourriez-vous, pour nos lecteurs, nous dire qui vous êtes en quelques mots ?
Et bien je suis avocat au barreau de Paris. Je suis docteur en Droit depuis dix ans. Mon maître de thèse était Serge Klarsfeld et je défends plusieurs familles dans une procédure au sujet de l’attentat commis par A. Coulibaly à l’hyper casher de la porte de Vincennes en janvier 2015.
2 – Vous avez décidé de porter plainte au sujet de l’attentat de janvier 2015 qui a fait 4 morts à l’Hyper Casher. Qui représentez-vous dans cette plainte exactement ?
Je représente deux familles. Tout d’abord David, depuis 18 mois environ. David était devant l’hyper casher venant faire quelques courses d’avant Shabbat. Il sortait de sa voiture lorsque Coulibaly a surgi dans les lieux. Il a réussi à s’enfuir en rassemblant toutes ses forces pour échapper à la prise d’otage et surtout de crainte d’être tué par le terroriste. Il s’est approché de policiers. L’un d’eux a alors sorti son téléphone portable sur lequel il a montré la photo de Coulibaly en demandant à David s’il connaissait cet homme. C’est ainsi que dès le début de l’attaque de l’hyper casher, David a identifié auprès des policiers Amedy Coulibaly comme étant le preneur d’otages sanguinaire.
Je représente également Raphaël Braham, le fils de Philippe Braham, 45 ans, tué au cours de l’attentat par Amédy Coulibaly. Raphaël a 16 ans. C’est le fils aîné de Philippe, né d’un premier mariage et devenu orphelin depuis ce terrible jour. Il vit actuellement en Israël. Il s’est associé à la procédure il y a six mois.
3 – Pourquoi avez-vous accepté cette affaire ?
J’ai accepté cette affaire pour plusieurs raisons. La première bien sûr, c’est de vouloir aider ces victimes, mais c’est également pour faire la lumière sur cette affaire, bousculer les choses, ouvrir le débat et tenter de changer les pratiques. Je veux que les juifs n’aient plus peur de faire leurs courses de Shabbat. Ca doit être un moment de fête et en aucun cas un moment où chaque juif va avoir la boule au ventre et craindre pour sa vie en faisant ses achats dans un magasin casher.
4 – Votre plainte est à l’encontre de six ministres pour la diffusion tardive du signalement de Coulibaly. Pensez vous vraiment qu’il y a eu une faute ?
Oui, il y a une faute et c’est indiscutable. 77000 pages de procès verbaux en tous genres garnissent le dossier. Trouver l’élément tangible revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. L’aiguille en question, c’est un procès-verbal établi le jour de l’attentat de l’hyper casher à 11h10 et qui donne l’ordre de diffuser le signalement (photo, portrait) d’Amédy Coulibaly. Le signalement, pour des faits que je ne m’explique pas, aurait dû être fait bien en amont puisque tout dans les faits, démontrent que les autorités connaissaient l’auteur du crime de Clarissa Jean-Philippe, déjà identifié par les services et malgré le procès-verbal, la diffusion n’a eu lieu qu’à 15h donc durant la prise d’otages à l’hyper casher. C’est insensé !
5 – On sait que le dispositif « Alerte enlèvement » a une très grande efficacité dans le cas d’enlèvement. Pensez vous qu’une adaptation de ce dispositif aurait dû être mis en place au moment de la fuite de Coulibaly ?
Ce n’est pas le sujet. Il existe un principe fondamental qui consiste en la sécurité publique, la sécurité de chacun sur le territoire français. Dans le cas présent, les auteurs de l’attentat de Charlie Hebdo, Cherif et Saïd Kouachi, étaient connus depuis les heures qui ont suivi l’attentat qu’ils ont perpétré. Ils avaient, selon une habitude des terroristes, laissé la carte d’identité de Saïd Kouachi dans le véhicule qu’ils avaient abandonné ensuite. Au cours de l’attentat de Montrouge, où Clarissa Jean-Philippe a perdu la vie, les traces d’ADN sur la cagoule d’Amédy Coulibaly a permis de l’identifier aussi très vite.
Par ailleurs, les enquêteurs n’ont eu aucun mal à établir le lien qui unissait les frères Kouachi et A. Coulibaly puisque Chérif Kouachi et Amédy Coulibaly avaient participé à la tentative d’évasion de l’artificier de l’attentat du RER Saint-Michel. Pour ces faits, ils avaient d’ailleurs été condamnés et Coulibaly avait obtenu sa libération en 2014. En outre, dans l’affaire des Buttes-Chaumont, le rapport Wagner avait fait état dès 2004 du caractère antisémite des protagonistes tels que Cherif Kouachi. Les deux avaient également écopé de condamnation dans une affaire de pédo-pornographie. On savait donc beaucoup de choses ; les protagonistes étaient dans toutes les bases de données des services de sécurités français et l’identification était faite très rapidement.
6 – Pensez-vous que la diffusion de la photo de Coulibaly aurait changé les choses ?
Oui ça aurait pu changer les choses. Dès lors que les identifications des frères Kouachi ont été diffusées ils n’ont plus eu la marge de manœuvre dont ils avaient bénéficié pour commettre l’attentat de Charlie Hebdo. C’est d’ailleurs parce qu’ils étaient traqués qu’ils ont du se retrancher dans l’imprimerie de Dammartin-en-Goële. Cette traque au grand jour a probablement permis d’éviter un autre carnage de leur part car vu l’équipement dont ils disposaient, il ne fait que peu de doutes qu’ils seraient revenus sur Paris pour commettre un autre attentat. C’est l’absence de la diffusion de l’identification d’Amedy Coulibaly qui lui a permis de circuler sans être inquiété dans Paris et de se rendre à l’hyper casher pour le résultat que nous connaissons tous. S’il s’était senti traqué, comme les frères Kouachi, les choses auraient été alors différentes et la potentialité d’être identifié par des passants aurait rebattu les cartes.
En outre, le caractère antisémite de ces personnes, connu depuis longtemps, aurait du alerter suffisamment les autorités qui, dans un souci de protection de la population, aurait du informer du danger de se rendre à proximité de lieux juifs. Il est stupéfiant de s’apercevoir que les autorités n’aient pris aucune précaution à ce sujet alors même que tous s’accordaient à reconnaître que Clarissa Jean-Philippe n’était pas la cible de Coulibaly à Montrouge, puisque c’était la résultante d’un accident de la circulation. En outre l’école juive sise à quelques 200 m du lieu du crime était à ce moment-là, un signe d’alerte pourtant.
7 – Pourquoi votre plainte est-elle contre les ministres en question et non contre les autorités sécuritaires et judiciaires en charge de l’affaire ?
Alors il y a effectivement une plainte contre les ministres puisqu’ils sont les chefs des administrations en question ce qui m’amène à déposer plainte contre Manuel Valls, Premier Ministre au moment des faits, Bernard Cazeneuve, en tant que Ministre de l’Intérieur, Christiane Taubira en qualité de Garde des Sceaux, Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères et Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat au numérique .
En tout, 4 plaintes sont déposées : Une première plainte en cours contre l’administration française pour non diffusion du signalement de Coulibaly et trois autres plaintes sur le plan pénal sur la base de l’article 121-3 pour mise en danger d’autrui par négligence, infraction non intentionnelle, non assistance à personne en danger, non dénonciation de crimes en nature de terrorisme, circonstance aggravante pour la probabilité de réitération des faits.
« On » a préféré (B. Cazeneuve) occulté les faits. On savait grâce aux portraits robots, à l’ADN, au matériel des divers fichiers dont disposent les forces de sécurité et leurs différents moteurs de recherche mais pour des raisons qui m’échappent « on » n’a pas retenu le caractère du danger de réitération des faits et du ciblage des lieux juifs.
8 – Je pense que vous savez que Jean-Paul Ney, reporter, avait alors diffusé l’identité des frères Kouachy sur les réseaux sociaux dans la soirée qui avait suivi l’attentat contre Charlie Hebdo et de fait, avait été inquiété pour cette diffusion. Le procureur Molins, à l’époque avait déploré cette fuite et Jean-Paul Ney a été condamné pour ces faits par le tribunal correctionnel de Paris, coupable de « recel de violation du secret de l’enquête ». Un membre de la DGSE a également été condamné pour ces mêmes faits à l’époque. L’identité des frères Kouachy et celle de Coulibaly avait alors la même importance dans le même temps de l’enquête, que pensez vous de cette condamnation ?
J’ai effectivement connaissance de cette procédure. D’ailleurs il me semble que Jean-Paul Ney a fait appel de la décision et je pense qu’il a toutes les cartes pour gagner son appel. Le procès-verbal de 11h10 a donné l’ordre de diffuser et de fait, non seulement Jean-Paul Ney n’a pas interféré dans une enquête mais ce fameux procès-verbal démontre qu’il était nécessaire de diffuser les portraits des auteurs. C’est justement le fait de l’avoir fait de façon aussi tardive qui a permis de réunir les conditions pour que Coulibaly rentre sereinement dans l’hyper casher sans avoir la moindre inquiétude d’être appréhendé (observation sur les vidéos de l’hyper casher). Cela relève bien plus de la guerre entre procureurs.
9 – Les victimes que vous représentez ont-elles déjà soulevé ce point quant à la diffusion de la photo de Coulibaly ? Si oui, quelle réponse leur a été donnée alors ?
Oui bien sûr. Les victimes se sont adressées aux administrations pour avoir des explications sur ce point. Personne n’a été en mesure ou n’a voulu leur répondre concrètement. On leur fournit le strict minimum avec des réponses très insatisfaisantes et comme dans tous les cas où l’embarras est manifeste, l’administration tente de gagner du temps.
C’est donc pour toutes ces raisons qu’il est primordial aujourd’hui de lancer ces plaintes afin de faire toute la lumière et surtout d’obtenir de vraies réponses sur ce qui s’est passé. Nous sommes obligés de saisir les tribunaux pour obtenir le strict minimum de ce que nous devons recevoir légitimement : que l’administration (à tous les niveaux) rende des comptes.
10 – Le traitement de cette affaire vous semble-t-il à la hauteur de la gravité de ce terrible événement ? Je précise ma pensée : Avez-vous le sentiment que la remise en question suite à cet attentat a été aussi conséquent que la remise en question qui a suivi les attentats du Bataclan, non pas en voulant hiérarchiser la gravité des faits mais en terme de mesures prises pour rectifier les manquements ?
Non, absolument pas. C’est la raison pour laquelle j’espère que cette procédure permettra d’ouvrir le débat et d’apporter aussi une correction à ce qui devrait être une véritable remise en cause. Nous sommes toujours dans l’interrogation, vu le passif très lourd et les orientations extrémistes de Coulibaly, sur le fait qu’en tant que fiché S, la surveillance ait été levée.
11 – Pourquoi ne pas être à l’initiative de la création d’une enquête parlementaire pour évaluer les manquements de cette affaire du type de celle qui a été menée quant aux attentats du Bataclan, plutôt que d’entamer ainsi une démarche juridique ?
Effectivement ça aurait pu se faire si Georges Fenech avait répondu favorablement à notre volonté de participer à la commission réservée à cet effet. Malheureusement ça n’a pas été le cas et j’espère vraiment que cette procédure permettra aussi d’aboutir à une commission parlementaire sur le sujet. Toutefois le temps politique actuel ne permet pas d’envisager cette étape actuellement.
12 – Quel est l’état d’esprit des victimes aujourd’hui ? Quel regard portent-elles sur ces affreux événements ? Se sont-elles reconstruites depuis ?
Les victimes ont totalement perdu confiance. Raphaël a besoin de vraies réponses, de savoir pourquoi aujourd’hui il a seize ans et est orphelin. L’Etat lui doit cette explication.
13 – Quelle sera votre réaction, votre action future dans ce dossier si le dépôt de plainte est rejeté ? Quelles suites donneriez-vous alors à cette affaire ?
Je suis optimiste, j’ai très bon espoir que la plainte ne soit pas rejetée et comme je l’ai dit précédemment, le but est d’ouvrir enfin un débat qui mérite d’être ouvert.
14 – Avez-vous quelque chose à rajouter ? C’est le moment de votre « carte blanche » tout vous est permis !
Non, rien de particulier.
Merci Maître Metzker d’avoir pris le temps de nous répondre. Nous vous souhaitons que cette procédure permette de faire la lumière sur les manquements et fasse aussi évoluer les procédures de recherche.
@Donna Karmel pour Europe Israel News
ET LA PLUS GRANDE PLAINTE CONTRE FRANCOIS HOLLANDE , NON ?
J’ai toujours émis l’hypothèse que le gouvernement était derrière l’attentat de l’Hyper-Cacher.
Non seulement cazeneuve a facilité l’attentat, mais qu’il en est l’instigateur, les exemples français dans ce genre de complots antisémites ne manquent pas, simplement qu’il faut attendre quelques décennies pour voir la vérité poindre !
Je suis pour cette procédure à 100 % et je n’arrive pas à comprendre pourquoi les parents des victimes du Bataclan et des autres sites visés par les islamistes le même jour ainsi que les parents des victimes de NICE et ceux des policiers assassinés ,du chef d’entreprise décapité, des victimes de TOULOUSE ne déposent pas plainte également à l’encontre des autorités gouvernementales en place lors des faits ? Il suffirait de quelques avocats un peu curieux,capables de faire ressortir les fautes pénales graves commises par ces incompétents . Il est pour le moins troublant que les poursuites contre les gouvernants en FRANCE n’aient eu lieu que pour des questions de santé ou de terrorisme en dehors du pays (même si je ne minimise pas ces faits) et étrangement rien par exemple sur NICE alors que les rumeurs sont allées bon train sur la légèreté du dispositif de sécurité de la manifestation.
Non, c’est bidon.
La diffusion à la police de sa photo n’aurait pas empêché qu’il attaque l’hypercasher.Il était soupçonnné, recherché, mais la police ne l’a localisé qu’après la prise d’otage.
Qu’auraitnt ils pu faire??.
Après le jugement, si le peuple a besoin de bourreaux je veux bien faire partie de l’équipe !
Etrangement, lorsqu’il s’agit de salir et d’évincer François Fillon et Marine Le Pen à la veille des élections présidentielles, alors que macroud le chiwawa de hollande est en campagne, la justice ouvre des enquêtes en un temps record et trouve des preuves. En revanche, lorsque tout laisse à penser comme à Nice qu’il y a eu insuffisance de la part d’un certain ministère, en l’occurence celui de l’intérieur, les preuves sont détruites et celle qui à denoncé les manoeuvres est réduite au silence. Il ne faudra pas que du talent à Me Metzker pour obtenir que toute la vérité soit faite et que justice soit rendue. Une chance toutefois, taubira n’est plus garde des sceaux.