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Le candidat à la primaire de la gauche utilise son fief électoral des Yvelines comme un laboratoire politique. Ses adversaires l’accusent de mollesse à l’endroit de l’islam intégriste. Il s’en défend. Enquête.
Lorsqu’on se rend à Trappes, un samedi d’hiver, deux choses sautent immédiatement aux yeux. La première est que cette bourgade yvelinoise située à 25 km de Paris n’a pas grand-chose à voir avec le cliché parfois servi d’un ghetto aux mains des islamistes. Dans les jolies rues du quartier historique, l’ambiance paraît apaisée et le port de signes ostentatoires religieux demeure marginal. Quant au quartier populaire des Merisiers, plusieurs fois décrié dans les médias, il a été récemment rénové et ses rues quasi désertes évoquent plus une banlieue un rien ronronnante qu’une cité à problèmes.
Le second élément marquant tient à l’omniprésence du visage de Benoît Hamon : impossible de se balader plus de trois minutes dans la ville sans apercevoir les affiches de campagne du candidat à la primaire de la gauche, invariablement collées par deux. «Futur président !» lance d’ailleurs joyeusement un passant, quand on s’approche de ces affiches. Dans cette cité qui a vu grandir Jamel Debbouze, Nicolas Anelka ou Sophia Aram, le politique paraît en voie de devenir la nouvelle fierté locale. Et ce, même s’il a démissionné du conseil municipal en janvier 2016, après avoir été présent à moins de 40% des réunions depuis son élection.
Trappes, vitrine de Hamon
A mesure que le candidat à la primaire de la gauche poursuivait son ascension sur la scène politique nationale, Trappes est devenu sa vitrine politique. Même si les 31.000 habitants de la ville ne représentent qu’un peu plus d’un quart de la population de sa circonscription, qui compte sept communes, Benoît Hamon en a fait son fief : il s’est fait élire conseiller municipal sur la liste du PS en 2014, avec plusieurs proches qu’il a amenés dans ses bagages, notamment son chef de cabinet au gouvernement, Ali Rabeh, parachuté de Poissy (Yvelines), et la première fédérale du PS départemental, Sandrine Grandgambe, venue de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines).
De l’avis général, le député a su s’imposer sur le territoire. Si la droite l’accuse de venir seulement pour la photo dans les médias avant de repartir à Paris, où il réside, plusieurs acteurs locaux saluent son travail de proximité, dans une commune touchée par les difficultés sociales. Pour Rachid Benzine, chercheur en islamologie et résident de Trappes depuis plusieurs décennies, le député est aux petits soins pour ses électeurs. En plus de ses permanences parlementaires, il n’hésiterait pas aller au-devant de la population : «Il va sur le terrain, il se rend même chez les gens.»
«Pour moi, c’est un homme de terrain», renchérit Mustapha Benlahcen, 29 ans, responsable de l’association Trappes Action Solidaire, qui vient en aide aux familles en difficulté. Selon lui, Benoît Hamon «a pu débloquer beaucoup de situations, en faisant jouer ses relations» dans les quartiers socialement difficiles de Trappes. En activant ses réseaux, l’ex-ministre de l’Education nationale se bat pour faire accélérer les procédures de demande de papiers ou pour faire obtenir les subventions nécessaires à la survie des associations locales. Selon Rachid Benzine, très investi dans les questions de déradicalisation, cette action serait même essentielle pour lutter contre l’emprise de la religion dans la ville. «Si on ne se bat pas pour que les associations aient des subventions, pour qu’elles fassent le lien, ce sont les organisations religieuses qui le font», estime ce chercheur de 45 ans.
L’islamisme, sujet sensible
Car, à Trappes, l’intégrisme religieux est une question aussi sensible que majeure. En dépit de l’impression que peut laisser une visite rapide de la ville, les marqueurs de radicalisation ont de quoi préoccuper. Ces dernières années, entre 60 et 80 Trappistes sont partis faire le djihad en Syrie. Soit beaucoup plus que dans d’autres villes de même taille et touchées par les mêmes difficultés sociales. Un rapport confidentiel transmis courant 2016 par le procureur de la République de Versailles au ministre de la Justice ferait état d’une ville en proie à un «communautarisme rampant». Selon ce document, quelque 80 familles préféreraient l’enseignement à domicile à l’école de la République pour leurs enfants.
En juillet 2013, la ville est par ailleurs le théâtre d’une contestation religieuse, après le contrôle policier d’une femme portant un voile intégral. «J’ai vu passer en direction du commissariat un groupe d’une soixantaine de personnes se déplacer aux cris de « Allah Akbar »», se souvient Stéphane Dumouchy, ex-militant PS de Trappes, devenu conseiller municipal apparenté LR en 2014. Ce soir-là, entre 200 et 400 personnes jettent des pierres contre les forces de l’ordre et incendient des poubelles et des Abribus. Un événement qu’un acteur associatif local attribue à un «ras-le-bol général sur la situation» sociale et aux rapports difficiles avec la police, plus qu’à une revendication intégriste. Une enquête est alors diligentée par l’IGPN, sans suite.
Dans ce contexte, Benoît Hamon affirme chercher à apaiser les tensions. Quand on tente d’évoquer le sujet avec lui, la réaction est épidermique. Sollicité par Marianne pour livrer sa conception du vivre-ensemble, de la laïcité, et son approche de la menace communautariste à Trappes, le député des Yvelines, exaspéré qu’on ose lui poser des questions sur ce sujet, a sèchement décliné. Son entourage, en revanche, a apporté des précisions partielles.
Quand Hamon trébuche
Pour autant, quand il évoque la montée du radicalisme islamique, le candidat à la primaire de la gauche s’attache systématiquement à l’associer aux inégalités sociales, reprenant à son compte le slogan attribué à Tony Blair, selon lequel il faut être «dur avec le crime [et] dur avec les causes du crime». Au risque de trébucher, en donnant l’impression d’être plus sévère avec les causes du crime. Le 18 décembre dernier, sur le plateau de France 3, le candidat à la primaire de la gauche réagit ainsi avec maladresse à un reportage qui montrait l’interdiction faite aux femmes de se rendre dans les cafés de certaines banlieues françaises.
Plutôt que de condamner immédiatement la montée de l’intégrisme religieux dans certains quartiers, ce militant de toujours de l’égalité hommes-femmes s’inquiète d’abord de l’instrumentalisation qui pourrait être faite de ce reportage vis-à-vis de la communauté musulmane : «Historiquement, dans les cafés ouvriers, il n’y avait pas de femmes. Là, en l’occurrence, on parle de cafés à Sevran, parce qu’on estime que l’espace public est confisqué aux femmes parce qu’il serait à majorité musulmane», plaide Benoît Hamon qui demande de «remettre des questions sociales avant de mettre des questions religieuses sur ces sujets-là». Avant, sur la défensive, de finir par reconnaître l’existence d’un radicalisme religieux : «Ensuite, qu’il existe aujourd’hui une pression faite sur certaines femmes par un certain nombre de fondamentalistes religieux, ils existent, je ne le nie pas et la République, là, doit être forte.»
Depuis, il a rectifié le tir en martelant à plusieurs reprises son «intransigeance» absolue à l’égard du sexisme et proposé la mise en place d’une «police des discriminations». Mais Othman Nasrou, le patron de l’opposition LR à Trappes, l’accuse de faire preuve d’une mollesse calculée. «Benoît Hamon se préoccupe peu des questions relatives au radicalisme islamique, comme la situation des familles dont un enfant est parti faire le djihad. Je ne l’ai jamais entendu condamner l’intégrisme dans le département par des paroles claires et sans ambiguïté. Ce qui compte, c’est sa boutique», tonne l’élu auprès de Marianne.
Hamon n’hésite pas à cliver
Au sein de la ville, l’affrontement entre la gauche et la droite sur la question du vivre-ensemble est pour le moins tendu. Dans les moments clés, Benoît Hamon n’hésite pas à cliver. Quitte à caricaturer les positions de la droite locale, lui qui rappelle souvent sa vigilance à l’égard de toute «instrumentalisation» de la laïcité. Entre les deux tours des élections départementales de mars 2015, il se fend ainsi d’une vidéo de près de quatre minutes, diffusée sur Internet. Face caméra, cravate et mâchoire serrées, le député des Yvelines se fait grave : «Voilà deux visions de la solidarité et du monde. Une vision de droite, qui trie les familles, qui considère qu’au nom de sa vision dévoyée de la laïcité on pourra interdire les menus de substitution, et la gauche, qui refuse de trier les familles et qui a une vision constructive de la laïcité.» L’unique objet du spot ? Dissuader les habitants de voter pour une droite qui «voudrait imposer que ce soit du porc ou rien» à la cantine scolaire. Sauf que les candidats UMP locaux n’ont jamais proposé ni défendu cette mesure évoquée par Nicolas Sarkozy.
«IL TRAITE LA COMMUNAUTÉ MUSULMANE COMME UNE CLIENTÈLE ÉLECTORALE»
Pour Othman Nasrou, la gauche trappiste s’emploie à faire de la religion une question politique pour gagner les élections : «Dans cette ville, le PS monte les gens les uns contre les autres, et plus précisément, parfois, les musulmans contre les autres. Benoît Hamon est dans une logique boutiquière. Il traite la communauté musulmane comme une clientèle électorale.» Même au sein de la gauche locale, le positionnement de l’ex-ministre de l’Education nationale ne fait pas l’unanimité. Son suppléant à l’Assemblée nationale, Jean-Philippe Mallé, député de 2012 à 2014, a récemment claqué la porte du PS, en désaccord avec ce discours. Stéphane Dubouchy, militant PS à Trappes pendant près de vingt ans, est lui aussi parti après l’arrivée de Benoît Hamon. «Il ne dit jamais clairement qu’il y a un problème avec la place de la religion à Trappes. Il se complaît dans une certaine désinvolture, aux relents électoralistes», reproche ce postier, transfuge de la liste municipale de LR en 2014, sur laquelle il a été élu.
L’accusation ne date pas d’hier : en 2014, le candidat à la primaire a déjà été taxé d’électoralisme, à la suite de propos qu’il aurait tenus à l’Assemblée nationale sur la résolution tendant à la reconnaissance par la France de l’indépendance de la Palestine. «Il s’agit du meilleur moyen pour récupérer notre électorat de banlieue et des quartiers, qui n’a pas compris la prise de position pro-israélienne de Hollande», aurait -il alors déclaré, selon le Canard enchaîné du 19 novembre 2014. Contacté, l’entourage de Benoît Hamon récuse fermement cette imputation, la qualifiant de «ragot». «Il n’y aura jamais la moindre preuve qu’il a dit ça», constate ce proche du candidat.
A Trappes, plusieurs témoignages font état des encouragements appuyés de Benoît Hamon à l’égard des jeunes qui réfléchissent à prendre un engagement militant. «Il a redonné aux jeunes l’envie de faire de la politique», s’enthousiasme ainsi Rachid Benzine. Et d’aller voter à la primaire de la gauche ?
je ne voterais pas pour Hamon c’est un lèche-babouches et un pro-palos !
D’où l’expression » tomber à la Trappes » pour nos malheureux compatriotes qui luttent contre ce fléau national .
HAMON président c’est la voie royale aux manettes de l’état pour les islamistes pour 2022 ou 2027 ! HAMON est un collabo islamiste et il me semble qu’il ne s’en cache pas . Il faut un sursaut des français ‘, et particulièrement ceux de gauche pour tout faire pour qu’il ne soit pas président. Tout le monde, gauche /droite y a à perdre car ce sera l’instauration de la charia.
A mon avis, s’il veut avoir le beurre et l’argent du beurre, il aura la couiller de Bois-Hamon