toute l'information et l'actualité sur Israel, sur l'Europe, les news sur Israël et le Moyen Orient

.

Charlie surexposé, mais Charlie toujours effronté


Charlie surexposé, mais Charlie toujours effronté

En menant leur attaque contre Charlie Hebdo il y a deux ans, jour pour jour, les frères Saïd et Chérif Kouachi disaient vouloir « venger le prophète ». Pourtant, aux yeux de ses lecteurs les plus fidèles, malgré la tuerie, Charlie rit toujours de la mort, des terroristes et des attentats avec cet humour « trash » dont il ne s’est jamais privé.

Le massacre du 7 janvier 2015 dans les locaux parisiens du journal qui coûta la vie à 12 personnes a changé la face de la France, en même temps qu’elle a basculé Charlie Hebdo dans une nouvelle ère.

Alors qu’avant l’attaque, le journal parvenait péniblement à écouler trente mille exemplaires par semaine, après le 7 janvier, les projecteurs du monde entier se braquaient sur la rédaction et ses survivants, et les ventes s’envolaient.

Les fidèles lecteurs de Charlie ont alors été les premiers témoins des évolutions de leur journal favori, et des conséquences de ces changements.

Loïc, abonné de la première heure, rappelle que dans les semaines qui ont suivi les attentats, le journal qui a courageusement poursuivi sa publication, et dans des conditions difficiles, était « forcément truffé d’émotion, voire de lourdeurs. Tous les sujets abordés ne portaient que sur les attentats et leurs conséquences ».

« Il a fallu un certain temps avant qu’ils retrouvent leur légèreté. Mais après six mois, l’esprit potache est réapparu », se souvient-il.

Mais la surexposition de Charlie après l’attentat a créé un profond malentendu. Nombreux étaient ceux qui, découvrant alors le journal, espéraient trouver en Charlie, une publication « respectable ».

Thomas Coex (AFP/Archives)

Thomas Coex (AFP/Archives) « Un homme lit le 19 septembre 2012 le numéro de Charlie Hebdo paru ce jour-là, montrant un juif et un musulman sous le titre « Intouchables 2″ »

« Encore aujourd’hui, beaucoup de gens attendent Charlie Hebdo au tournant, alors que ses journalistes n’estiment pas avoir plus de responsabilité qu’auparavant. Les gens semblent ignorer qu’ils se sont toujours considérés comme un « journal irresponsable+ », souligne Loïc.

« On a l’impression, en regardant le courrier des lecteurs ou encore les réactions des politiques qu’on donne plus d’importance à leur parole. Depuis, quand ils sortent une blague potache, comme ils en ont toujours fait depuis 20 ans, on leur tombe dessus encore plus durement qu’auparavant », explique-t-il.

Victime de ses unes

Selon cet abonné du journal, Charlie Hebdo est victime de sa marque de fabrique : ses couvertures.

« Les premières pages de Charlie sont beaucoup plus exposées, que ce soit dans les kiosques ou à la télévision. Or, la plupart des critiques contre Charlie Hebdo concernent presque toujours ses couvertures, jamais ses articles. Ses détracteurs sont aujourd’hui très attentifs aux premières pages, alors qu’avant ils n’y faisaient pas attention », observe-t-il.

Mais alors, l’esprit du journal ne se serait-il pas dissipé avec la disparition de dessinateurs phares du journal, et le départ de certains comme Luz? « Il est certain que le style a changé. Mais il y a encore les dessins de Riss et Wilhem qui assurent une continuité. Le journal a embauché des jeunes talents et aussi vu arriver dans ses rangs le dessinateur de BD Vuillemin dont l’humour, assez gras et bien potache, est tout à fait dans l’esprit Charlie ».

Si Loïc regrette la finesse d’analyse qui a pu autrefois caractériser le journal, il apprécie sa légèreté, « surtout en ces temps difficiles », et le fait que Charlie continue de railler toutes les religions et les hommes politiques de tout bord.

Pourtant, le journal se retrouve aujourd’hui dans l’œil du cyclone des plus grands chefs d’Etats.

« Ils se sont fait allumer avec le dessin de Stromae après les attentats de Bruxelles, celui du petit le tremblement de terre en Italie, ou encore avec les dessins sur le crash d’un avion militaire russe en Mer noire, qui a fait une centaine de morts », rappelle Loïc.

La une choc de l’hebdomadaire satirique après les attentats de Bruxelles a fait réagir jusqu’en Belgique. L’entourage du chanteur Stromae a notamment confié son indignation, le dessin rappelant l’histoire tragique de sa famille. »

« Des dessins comme ça on en a fait plein avant et tout le monde s’en foutait », indiquait cette semaine Riss, le rédacteur en chef de Charlie dans une interview à l’AFP. « Avant, on était emmerdés en France par deux ou trois associations rétrogrades, maintenant on a l’impression que le monde entier surveille ce qu’on fait », expliquait-il.

Les aficionados du journal, eux, continuent de se régaler en voyant Charlie moquer ce « trop d’honneur » qui lui est fait. Malgré ce nouveau statut qu’il n’a jamais recherché, « Charlie reste toujours insolent, et rit toujours de la mort, des terroristes et des attentats », soutient Loïc.

« Charlie critique mais n’incite pas à la haine »

Cet humour parfois mal compris suscite, encore aujourd’hui, le débat dans tous les pans de la société.

Fabrice intervient dans les prisons auprès de détenus à qui il dispense des ateliers sur la liberté d’expression. Dans les discussions avec les prisonniers, l’attentat de Charlie Hebdo est abordé et suscite presque systématiquement le débat.

« Vous avez deux types de réactions qui reviennent. Il y a les détenus français, laïcs, non musulmans qui baignent un peu dans le paternalisme en disant +je ne suis pas croyant, mais je trouve que Charlie Hebdo est allé trop loin avec l’islam. Faut pas critiquer la religion+. De leur côté, les détenus arabes ou musulmans estiment qu’il y a deux poids deux mesures dans la société, et invoquent Dieudonné: +Dieudonné n’a pas le droit de critiquer les Juifs, mais Charlie Hebdo a le droit de critiquer les Arabes+ », raconte-t-il.

Face au deuxième cas, Fabrice répond de façon très factuelle : en France, on a le droit de critiquer les idées, même si c’est choquant ou insultant, mais on n’a pas le droit d’inciter à la haine. « Charlie Hebdo a toujours critiqué toutes les religions, en tant que croyance, en tant que philosophie. Mais il n’a jamais incité à la haine de qui que ce soit, à l’image de Dieudonné, et c’est pour ça qu’il a toujours gagné tous les procès qui lui ont été intentés », affirme-t-il.

Pour cet éducateur, l’humour très « second degré » de Charlie Hebdo est pris par beaucoup au premier degré. « Beaucoup de détenus donnent des propos à Charlie Hebdo qu’on leur a rapporté, alors qu’ils ne l’ont jamais lu. Il y a donc un écart entre les intentions de Charlie et ce que les gens perçoivent ».

L’analyse de toutes les unes du journal entre 2005 et 2015 des sociologues Celine Goffette et Jean-François Mignot, reprise dans le livre « Charlie Hebdo à #Charlie » de David et Jane Weston Vauclair, qui analyse l’histoire et les perspectives du journal, vient appuyer cet argument.

L’étude montre que seulement 1,3% des unes se moquent exclusivement des musulmans, et que les « cibles » favorites du journal sont davantage les hommes politique et la finance, ce qui met à mal l’idée d’une obsession musulmane au sein de la rédaction.

« On est dans des représentations sorties de leur contexte. Charlie Hebdo a toujours considéré que les musulmans ont autant le sens de l’humour que les non-musulmans et n’a jamais voulu ménager leur susceptibilité. Sans quoi, il serait tombé dans le paternalisme, ce qu’il a toujours refusé », constate-t-il.

Jérémie Elfassy est journaliste pour le site français d’i24NEWS

Source







Avertissement de modération: Nous vous rappelons que vos commentaires sont soumis à notre charte et qu'il n'est pas permis de tenir de propos violents, discriminatoires ou diffamatoires. Tous les commentaires contraires à cette charte seront retirés et leurs auteurs risquent de voir leur compte clos. Merci d'avance pour votre compréhension.

Signalez un commentaire abusif en cliquant ici


Merci de nous signaler les commentaires qui vous semblent abusifs et qui contiendraient des propos:
  • * Antisémites
  • * Racistes
  • * Homophobes
  • * Injurieux
  • * Grossiers
  • * Diffamatoires envers une personne physique ou morale

  • One thought on “Charlie surexposé, mais Charlie toujours effronté

    1. c.i.a.

      Si les religions, ne sont pas dénoncer avec cynisme, il serait stupide de leur donner,(Commes leurs stupides croyants le font), une crédibilité, lorsque l’on TUE!? pour un conte de fées, ils faut êtres d’une débilité extrême de générations en générations!!, QUE LA REINE DES GLACES LEUR TOMBE DEÇUT!!!!

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

    0 Shares
    • Facebook
    • Twitter
    • LinkedIn
    • More Networks
    Copy link
    Powered by Social Snap