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Michel Garroté – Sur le réseau social où elle ajoute ses élèves en « amis », une professeure du prestigieux lycée déverse des torrents de haine antisémite et complotiste (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page). Une enquête interne est en cours. « La Shoah a été prévue et organisée par des Juifs ». Les propos sont choquants. Ils le sont d’autant plus que ce ne sont pas ceux d’un individu lambda mais d’une professeure de langues agrégée, qui enseigne en classe préparatoire dans le prestigieux lycée Janson-de-Sailly à Paris.
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« Le Canard enchaîné » en parlait dans son édition du mercredi 27 juillet : vers la fin de l’année scolaire, cette professeure a pour habitude d’ajouter en amis ses futurs anciens élèves sur Facebook. Ceux qui acceptent son invitation peuvent alors découvrir de drôles de publications.
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Régulièrement, il y est question des Juifs, même si l’enseignante assure dans un commentaire datant du 10 mars qu’elle n’a « pas de querelle avec eux ». Quelques lignes plus haut, dans ce même commentaire, elle vient pourtant de s’attaquer au « lobby juif américain, qui soutient cette saleté d’Hillary » (l’enseignante a choisi le camp de Trump, qu’elle qualifie de « génie » envoyé par Dieu). Elle attaque aussi François Hollande, « ce Juif qui a profité de son appartenance à la communauté pour monter en politique et se renie, maintenant, en se prêtant un père ‘catholique’ sur Wikipédia ».
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Un autre jour, la professeure écrit : « Les juifs ne sont pas le problème, ils sont un symptôme. Le travail doit aller bien au-delà de la neutralisation de leur influence indue ». Une autre fois encore : « Marre et archi marre des célébrations à n’en plus finir de la libération des camps de concentration ». Elle relaie par ailleurs les publications d’Alain Soral, l’essayiste fondateur du mouvement Egalité et Réconciliation (condamné à de multiples reprises pour incitation à la haine raciale et à l’antisémitisme), ou des photos de quenelle, ce geste anti-Juifs popularisé par Dieudonné.
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S’ajoutent à cela de nombreux textes, parfois très longs, dans lesquels la professeure verse dans le complotisme. Après la mort du « tueur au scooter », elle publie un curieux message en anglais : « Doesn’t forget and doesn’t forgive the murder of Mohammed Merah… ». Une semaine plus tard, elle explique que Mohammed Merah « n’a jamais tué personne », qu’il n’était qu’un « kéké de banlieue repéré et manipulé par les services secrets à des fins politiques ».
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Le 7 janvier 2015, elle tient un discours similaire après l’attentat contre « Charlie Hebdo » par les frères Kouachi : « Les journalistes et cartoonistes de Charlie Hebdo ont été flingués par des tueurs à gages commandités par des gens que vous croyez de votre côté. Par des Etats dits ‘occidentaux ‘ ».
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Discours qu’elle récidive en juin : « Les frères Kouachi pareil. Envoyés au casse-pipe pour faire comme si nos banlieues étaient pleines de coupeurs de têtes parce qu’ils étaient français musulmans. C’est pas eux qui font Charlie, ça se voit comme un coup de pied au carreau. Ce sont des militaires pros ».
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Lucas était l’élève de cette enseignante en terminale il y a 15 ans. Il l’a depuis en amie sur Facebook, et n’a pu que constater sa dérive. Il décrit une personne « instable » : « Elle est des fois très conciliante et d’autres fois très virulente, elle alterne entre phases de radicalisation du discours et phases plus soft. Elle est tellement incohérente qu’elle va dire une chose et son contraire, elle est des fois rationnelle et d’autres fois dans le complot. En général, un attentat va entraîner des cycles de posts, plusieurs par jour, et souvent très longs. Puis elle se calme ».
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Il explique : « Sa thèse est que les gouvernements occidentaux sont soumis aux Israéliens et à une clique mondiale de Juifs et pro-Juifs, qui organisent des attentats pour que la population française se retourne contre les musulmans, et pour faire accepter le sionisme à la population ». « Comme beaucoup de complotistes antisémites, elle appelle ‘sionisme’ l’ensemble du système politique occidental, selon elle usurpé par les Juifs. Tout ce qu’elle n’aime pas devient juif.
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Un élève : « Je l’avais comme professeure en 2001. D’ailleurs, on a appris les attentats du World Trade Center pendant un de ses cours. Elle n’a jamais fait état d’une opinion particulière sur le sujet, alors même que son enseignement tournait autour de la littérature américaine, qu’elle semblait très bien connaître. D’où la grande surprise quand on a vu ce qu’elle devenait sur Facebook ».
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Jean, élève à Janson-de-Sailly l’année dernière, abonde : « Il y avait deux ou trois élèves de confession juive en cours, elle n’a jamais eu aucun mot de travers, aucun acharnement particulier contre eux. Et même si après coup on interprète maintenant ce qu’elle disait, dans l’année, aucun signe explicite ne laissait transparaître tout ce mysticisme de la manipulation ».
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Jean décrit une femme « très intelligente » : « Que quelqu’un comme ça ne se rende pas compte que de tels messages puissent avoir des conséquences, c’est un peu gros. Pour moi, elle sait ce qu’elle fait, elle cherche à provoquer ».
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Sur Facebook, l’agrégée s’est plusieurs fois vue reprocher les contenus de ses publications, y compris par des membres de sa famille, rapporte Lucas.
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Vendredi 5 août, son compte était bloqué (il ne l’est plus mardi). Contactée par « l’Obs », la professeure n’a pas répondu aux demandes d’entretien. Ironie du sort, elle prévoyait quelques jours avant le 27 juillet (date de la parution de l’article du « Canard enchaîné ») qu’il allait se passer quelque chose : « ça va péter à ce moment-là ». L’article une fois paru, elle commente : « J’avais bien dit qu’il se passerait un truc le 27 juillet. C’était pour moi ! ».
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Au ministère de l’Education, on fait savoir qu’une enquête interne est en cours : « L’objectif est d’établir la véracité des faits qui lui sont reprochés, et de vérifier s’il y a eu propagande vers un certain nombre d’élèves via Facebook. La question de ce qui a pu être dit en cours est aussi étudiée ». L’enquête devrait aboutir en septembre, à la rentrée. Si suffisamment d’ »éléments probants » et « incontestables » ont été réunis, la professeure pourrait faire l’objet d’une commission disciplinaire, la sanction pouvant aller « jusqu’à la révocation » (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20160808.OBS5998/paris-les-propos-antisemites-et-complotistes-d-une-prof-de-janson-de-sailly.html
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http://www.cicad.ch/node/21063/
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Qu’est ce qu’elle peut donc enseigner ? A virer de l’éducation nationale sans indemnités !
Une grande malade ! Mais pas inoffensive, il faut qu’on l’empêche d’enseigner
et ses actions sur les réseaux sociaux ne doivent pas rester impunis.
Décidément, les profs, l’école, l’université etc…ce sont de drôle de nids.
Son nom??? Pour une information complète. Comment ont réagi son administration et ses collègues?