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Le ministre de l’Intérieur a assuré que les incidents qui se sont déroulés au Stade de France ne remettaient pas en question la sécurité de l’Euro.
Les inquiétudes se multiplient, à trois semaines du début de l’Euro 2016. Malgré un mur de deux mètres et un triple filtrage, le dispositif de sécurité autour du Stade de France samedi soir n’a pas résisté à la pression des supporteurs de l’OM et du PSG. « Sous tension » pour la finale de la Coupe de France OM-PSG, le « système a cédé sur un certain nombre de points auxquels on va remédier », a dû admettre lundi sur Europe 1 le préfet de Seine-Saint-Denis, Philippe Galli.
Près de 80 000 spectateurs et deux équipes rivales aux supporteurs réputés difficiles : la finale de samedi soir était l’affiche idéale pour tester l’efficacité du dispositif de sécurité exceptionnel déployé autour du Stade de France, en vue d’un Euro 2016 (10 juin-10 juillet) organisé sous tension, six mois après les attentats du 13 novembre. Les fumigènes et les débuts d’incendie dans les tribunes, où l’on retrouvait aussi casques de moto, bouteilles en verre et tuyaux en PVC, ont révélé que le dispositif n’est pas au point.
Des fouilles « des pieds à la tête »
« Nous avons dû faire face à un attroupement massif à une des portes d’entrée », à la sortie du RER B notamment, qui a provoqué un mouvement de foule et débordé les forces de l’ordre, a expliqué Philippe Galli lundi matin. Autres points faibles : les fouilles par les stadiers qui n’ont pas « été faites systématiquement et pas de la même façon à tous les endroits », et le passage d’objets entre supporteurs par-dessus le mur d’enceinte. Des ratés qui tranchent avec les objectifs affichés : « Personne n’entre dans ce stade sans être fouillé des pieds à la tête », avait assuré le préfet avant le match, en présentant ce dispositif inédit autour du stade de Saint-Denis, au nord de Paris, là où débutèrent les attentats du 13 novembre.
Une confiance qui s’appuyait sur des mesures drastiques et sans précédent : une enceinte de deux mètres de haut avec quatre points d’entrées contrôlés par les forces de l’ordre, puis deux filtrages supplémentaires, avec contrôle des billets et palpations par des stadiers de société privés, tous badgés et passés au crible.
Rappeler chacun à ses obligations
Après les ratés de samedi soir, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a convoqué dimanche des représentants de la Fédération française de foot (FFF) et l’organisateur Euro 2016 SAS pour une réunion lundi en fin de matinée afin « d’examiner très précisément les conditions dans lesquelles le match de samedi s’est déroulé et rappeler chacun à ses obligations » avant l’Euro, selon le ministère. Au coeur des critiques, les attroupements créés samedi soir par ces quatre points d’entrée, testés pour la première fois.
De véritables « goulots d’étranglement », selon Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis et président de l’UDI, qui a demandé lundi sur Europe 1 de « revoir absolument totalement » le dispositif de sécurité. « Je comprends qu’on veuille éviter que des gens rentrent avec des armes, mais personne n’est rentré lors des attentats de Saint-Denis avec des armes ou des bombes. En mettant des goulots d’étranglement, on va avoir des milliers de personnes agglutinées, et si vous avez une bombe humaine sur ces quatre portes d’entrée, vous vous rendez compte de la panique ? » s’est inquiété le député centriste.
« Nous avons besoin de vivre, sinon c’est le repli sur soi. »
« Le dispositif sera recalibré », après analyse des dysfonctionnements, a promis le préfet, qui a tenu à rappeler qu’il avait été testé « sur six matches précédents sans aucune difficulté » depuis la réouverture du Stade de France en mars. Sept matches doivent y être joués lors de l’Euro 2016, dont le match d’ouverture le 10 juin France-Roumanie et le face-à-face annoncé sous tension entre l’Allemagne et la Pologne le 16 juin.
Autre question brûlante, celle de la sécurité des fan-zones, qui accueilleront 7 millions de visiteurs dans les dix villes hôtes pendant l’Euro. Celle de Paris au Champs-de-Mars pourra recevoir jusqu’à 92 000 personnes. « Sauf événement, sauf menace particulière, (elles) sont maintenues », a affirmé le Premier ministre Manuel Valls. « Nous avons besoin de vivre, sinon c’est la peur, et la peur, c’est le repli sur soi, c’est une victoire des terroristes. »
Source AFP