Salah Abdeslam a été capturé ce vendredi lors d’une opération antiterroriste à Molenbeek, en Belgique, quatre mois après les attentats du 13 novembre. Pour Pierre Martinet, ancien membre de la DGSE, Salah Abdeslam n’est que la partie émergée de l’iceberg jihadiste, qui repose sur une nébuleuse qui profite de moyens logistiques bien rodés. Interview.
« Entre deux attentats, les terroristes… par BFMTV
Cette opération est-elle la preuve que l’enquête a été bien menée?
Oui la preuve en est. Sur la partie judiciaire, quels que soient les attentats en France ou ailleurs, c’est toujours rapide et efficace. En revanche, c’est toujours sur la prévention qu’on pêche, par excès de confiance entre guillemets. Parce qu’on ne veut pas admettre que derrière ces attentats, il y a toujours une organisation qui se comporte de manière clandestine.
Comment fonctionne cette organisation?
Derrière une personne qui commet un attentat, il y a X personnes qui apportent un soutien logistique. C’est une vraie organisation. Ils ont dans leur base arrière -la Belgique dans le cas présent- des maisons sûres, des personnes capables de les déplacer d’un point A à un point B, des véhicules qui sont aménagés pour transporter des clandestins… Tous ces éléments forment une organisation qu’on connaît dans les services de renseignement et qu’on appelle des « filières ». Sortir des écrans radars, en n’utilisant plus le téléphone ou internet, ça permet d’être totalement clandestin.
Salah Abdeslam interpellé, que cherche-t-on encore?
Salah Abdeslam fait partie d’une organisation, indépendamment de son rôle. Ces personnes s’infiltrent dans la zone d’action qu’est l’Europe, avec une base arrière, la Belgique. A partir de cette base arrière, ils vont préparer des attentats en France ou ailleurs. C’est ce qu’on appelle des « attaques en diagonale ». Ils frappent en France, ils se retirent en Belgique, ils sortent des radars pendant quelques temps.
En Occident, on n’est pas capables d’avoir un niveau de sécurité toujours élevé 24 heures sur 24 pendant des mois. Une fois que le niveau de sécurité retombe un peu, ces terroristes sont capables de refrapper parce qu’entre deux attentats, ils préparent d’autres attaques. Quand on prend l’action, c’est 25% de l’attentat, 75% c’est de la préparation et de l’entraînement.