« J’étais complètement saoul, je cherchais un endroit pour passer la nuit. » Alexandre Nouhi-Faridini, qui se dit SDF depuis trois ans, se présente à l’issue de sa garde à vue devant le tribunal des comparutions immédiates sous son meilleur jour.
Poli, cheveux courts et rasé de près, vêtu d’un élégant blazer et d’une chemise bleue, cet homme de 26 ans n’a pas le profil de l’emploi. Pourtant, c’est bien lui qui, vendredi à 22 heures, traînant dans le quartier de Gerland, est parvenu à escalader un mur d’enceinte du P4 “Biomnis” Jean Mérieux par l’impasse du Vercors et à s’introduire dans un bureau. Une secrétaire l’a surpris après qu’il a défoncé une porte et a aussitôt appelé un agent de sécurité à la rescousse.
Localisé dans un premier temps dans le secteur de chimie analytique, il a finalement été maîtrisé au dehors par le vigile et s’est vivement rebellé à l’arrivée d’un équipage de police prévenu de cette intrusion.
Des fenêtres incassables et des codes d’accès confidentiels
Le labo P4 n’a rien d’un squat. Il est le seul établissement civil de France à posséder une zone de confinement pour la manipulation de micro-organismes hautement pathogènes, caractérisé par un taux de mortalité très élevé. Sans pouvoir expliquer ce qu’il faisait là avec une pince coupante dans les mains, il s’en est tenu à sa version, sans doute étonné d’apprendre que le labo phare du 7earrondissement se vante de posséder des fenêtres incassables et que l’ensemble des accès sont dotés de codes confidentiels.
Certes, Alexandre Nouhi-Faridini n’a rien d’un terroriste, son passé judiciaire faisant seulement état de peines de prison avec sursis pour des vols ou des petites violences, pas plus qu’il n’a pu s’introduire au cœur du « réacteur » reposant sur des bâtiments sur pilotis, mais le choix de ce voyageur sans bagage, de venir chercher un gîte ici même, a suscité les interrogations tant du président que du procureur, réclamant dix-huit mois de prison ferme. Relaxé pour la tentative de vol mais reconnu coupable des violences et outrages sur agents, il a écopé de six mois ferme.
Pas trop rassurant la sécurité en France.
Y a-t il encore quelqu’un qui sécurise le territoire français ?
Sait-on jamais avec tout ce laisser-aller de la gauche en France, il est légitime de se poser la question.