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Les enjeux de la loi sur la déchéance de nationalité par Shmuel Trigano


Les enjeux de la loi sur la déchéance de nationalité par Shmuel Trigano

Le débat sur la déchéance de nationalité est d’une certaine façon la version socialiste du débat sur l’identité nationale qu’avait initié en son temps Sarkozy. Sauf qu’il ne l’ouvre que par ricochet.

La loi est en effet motivée par un ensemble de circonstances nouvelles, à savoir des actes terroristes commis – et pouvant à l’avenir être commis – par des citoyens français. L’enjeu de la double nationalité statue implicitement sur le fond que ces terroristes sont, quoique français, d’origine étrangère et donc en recul de la nation, ce qui ouvre la possibilité de les extrader dans leurs pays d’origine en cas de ce qu’il faut bien appeler une « trahison » de la nation, une expression jamais formulée dans le débat politique et qui laisse entendre que ces citoyens défaillants et déloyaux constituent un secteur, un peuple à part dans la nation.

Remarquons au passage que cette conclusion n’a jamais effleuré le débat public quand on a crû que seuls les Juifs étaient la cible de ces terroristes. Bien au contraire, pour éviter de se confronter à ce problème national, les Juifs, à titre de « communauté », se sont vu de facto assimilés à une telle catégorie de population. En somme, l’idéologie dominante les avait sortis de la nation pour éviter de se confronter au dilemme qui aujourd’hui devient objectif.

Inutile de dire que la population d’origine immigrée, et donc « bi-nationale », ne fut pas comptée également dans la nation. Cette doctrine est toute rassemblée dans la formule du pouvoir durant les années 2000, de « conflits inter-communautaires » qui servit à désigner, en le déniant, le nouvel antisémitisme, c’est-à-dire le fait qu’une partie spécifique et identifiable de la population avait pris pour cible une partie de ses concitoyens. Cet antisémitisme constituait déjà une attaque de la nation et de la communauté des citoyens.

On a besoin d’une telle traduction du débat pour sortir de l’enfumage propre au discours officiel français depuis 20 ans. Car le temps sera de moins en moins aux préciosités du « politiquement correct ». Ce que nous dit le débat public et le projet de loi gouvernemental, sans le proférer, c’est qu’il est possible qu’il y ait dans la République des secteurs de la population qui en sont les ennemis dangereux, capables de passer à l’acte. Inscrire cette loi dans la constitution, revient à dire qu’il y a la potentialité d’un ennemi de l’intérieur permanent. Du coup, le « nous sommes en guerre », martelé par le pouvoir, s’avère être  » en contrebande » l’aveu d’une guerre civile potentielle. Ce que confirme l’armée dans les rues.

Mais c’est pourtant ce que toute la politique et le discours du pouvoir socialiste démentent. Or si tel est le message subliminal du débat, il n’est qu’une nouvelle démission du politiquement correct face à la définition exacte du danger, de son enjeu national, identitaire, civilisationnel. Le projet de loi ne fait que le désigner en lui tournant le dos, alors que c’est la condition sine qua non, pour assurer la paix du désormais « front intérieur ».

L’unité nationale ne relève pas uniquement du juridique, mais aussi du domaine des valeurs, des idées et du sentiment. La communauté des citoyens a besoin pour être défendue et affirmée du soutien d’une nation, d’une identité nationale clarifiée et affirmée. Et c’est là la véritable arène de tous les problèmes contemporains qui suppose la nécessité d’une procédure visant à l’intégration de l’islam dans la communauté nationale, une intégration qui n’est possible qu’au prix de sa réforme, ce à quoi les autres religions furent obligées du temps de Napoléon. Ce qui implique aussi la résurgence de la souveraineté nationale. C’est bien ce qu’illustre le déclin annoncé de l’unification européenne.

Shmuel Trigano

*Chronique sur Radio J le vendredi 26 février 2016





Journaliste québécois, pro-atlantiste, pro-israélien,pro-occidental



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  • 2 thoughts on “Les enjeux de la loi sur la déchéance de nationalité par Shmuel Trigano

    1. Yéochoua

      Pour les Juifs, la démarche de Napoléon n’a pas été seulement un appel idéologique à se considérer comme Juif dans ses demeures et comme citoyen dans la vie publique.
      Le pouvoir a imposé aux Juifs une dévalorisation de ses statuts. Les tribunaux rabbiniques ont été fermés, y compris pour les litiges d’argent.
      Même le mariage juif a été méprisé pour être supplanté par le mariage civil.
      Ce travail a tellement bien marché que les Juifs qui considèrent le mariage civil comme réel et le mariage juif comme une sorte de folklore pour faire plaisir aux familles sont loin d’être rares aujourd’hui.
      Cependant, même sans la démarche de Napoléon, il y a chez la quasi totalité des immigrés un alignement sur les valeurs républicaines, dont le respect vis-à-vis du pays d’accueil.
      Ce qui revient à considérer que la question d’une déchéance de nationalité pour manque d’identification à la nation d’accueil et surtout pour hostilité et ingratitude monstrueuse envers cette nation ne peut être que théorique hors islam.
      En revanche, en ce qui concerne la doctrine islamique, la question est on ne peut plus concrète, et ne concerne ni la sphère universitaire ni les milieux feutrés et calfeutrés de salons cossus.
      Sans compter qu’avec l’invention du concept totalitaire d’islamophobie, on n’ose pas demander aux musulmans ce que l’on a exigé des Juifs, voire des Français de souche attachés au catholicisme, à savoir de ne pas imposer ses mœurs dans le domaine public. Non seulement ils peuvent s’emparer de l’espace public, mais ils peuvent de surcroît attaquer en justice via toutes sortes d’associations intéressées, le citoyen qui, au non du savoir vivre social, trouverait à redire.
      Il est possible que le mariage ou le tribunal musulman ne soient pas autorisés à exercer, mais dans la pratique, certains ne se cachent plus et se permettent sans aucune pudeur de déclarer publiquement qu’ils ne reconnaissent pas le mariage civil et qu’ils ont tout à fait le droit d’être mariés à trois ou quatre femmes. Ils soutiendront par défi que d’autres ont des maîtresses.
      Une différence de taille existe entre le Juif attaché à sa tradition et léavdil, le musulman attaché à la sienne.
      Le Juif pourra tenter, dans l’avion par exemple, de voir s’il peut obtenir un repas cachère, quitte à se contenter de nourriture qu’il se fournirait tout seul en cas d’impossibilité. Le second sera offusqué que d’autres consomment une nourriture que sa religion à lui ne permet pas.
      Pour finir, il est à noter qu’un paradoxe intéressant met en porte-à -faux le système de pensée français quant à la nationalité obtenue par droit du sol.
      Ceux qui se battent dès que ce principe est remis en question sont les mêmes qui exigent qu’un Etat arabe de plus soit instauré en plein cœur de la terre d’Israël, pour, selon eux, permettre à leurs exilés de rentrer. Mais alors, pourquoi ces exilés n’auraient-ils pas bénéficier du droit du sol là où ils sont nés?

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