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L’ancien bourgmestre de Molenbeek, Philippe Moureaux, a une fois de plus refusé d’endosser la moindre responsabilité quant aux dérives radicales et islamistes. Il a une fois encore chargé Charles Michel. Pendant ce temps, l’aéroport de Bruxelles était frappé par un attentat sans précédent.
Comme un symbole. L’interview à peine terminée, Yves Calvi, présentateur de la matinale annonçait une double explosion à l’aéroport de Zaventem. Quelques secondes auparavant, Philippe Moureaux, l’ancien « maire de « Molenbèk », se défendait comme bec et ongles d’être responsable des dérives radicales et islamistes dans une commune dont il était à la tête entre 1992 et 2012.
Des ratés plutôt que de l’inaction
Il n’a pas hésité à traiter Charles Michel de « grand menteur » lorsque lui furent rappelées les accusations du Premier ministre à ce sujet. « C’est une manière de se défausser et c’est une manière de cacher certaines plaies qui, sont les plaies de l’Etat belge ».
Pour lui, il y a eu plus de ratés que d’inaction, en Belgique comme en France, par rapport à Salah Abdeslam notamment. « Je suis étonné qu’il n’ait pas été sous surveillance, alors qu’on avait plusieurs critères. Non seulement, il était sur la liste des radicalisés, qu’il avait été dans le bandistime classique, dans le trafic de drogue, qu’il était connu comme un ami d’Abaaoud et il n’a pas été l’objet d’une surveillance ».
Un curriculum assez clair
Pour l’expliquer, Philippe Moureaux avance un manque de moyens mais prononce des regrets quand on voit « le rôle qu’il a joué ». Quant aux accusations de clientélisme, Moureaux esquive et parle de son CV. « J’ai un curriculum assez clair. Je suis en 1981 ministre de la Justice, je fais adopter la loi qui combat le racisme (une loi à son nom, ndlr), j’en suis assez fier ».
Plutôt que de parler d’achat de la paix sociale, il avance une tentative de la maintenir, « dans ma commune, il ne faut pas généraliser non plus, quand vous analysez le groupe Abaaoud, ça n’a strictement rien à voir avec la politique municipale ». Malheureux d’entendre sa commune être surnommée « Belgikistan » ou « Molenbeekistan », Moureaux pense « aux 99% des Molenbeekois pacifiques, qui demandent à vivre en paix », la poussée djihadiste étant comparable à celle qu’il y a eu « dans toutes les concentrations arabo-musulmanes ».
Philippe Moureaux rectifie ensuite le temps passé par Salah Abdeslam à Molenbeek. « Je suis désolé, il est resté très peu de temps à Molenbeek. Dès qu’il est venu à Molenbeek, il a été repéré, sans doute dénoncé. Il est resté longtemps (?) dans une commune assez éloignée (de 5 km, ndlr) de Molenbeek: Schaerbeek. Il a été dans une autre commune aussi qui ne jouxte pas Molenbeek qui est Forest ».
« Fils de la République »
Moureaux a été surpris par la solidarité amicale dont a bénéficié l’ex-ennemi public numéro 1 dans sa commune d’origine. « C’est un aspect que j’ai découvert, que nous ne pouvons pas négliger, mais qui n’est pas spécial à Molenbeek », évoquant les « potes », de « vieux copains » qui dénoncent les attentats du 13 novembre, mais qui par amitié préfèrent ne pas dénoncer.
« J’ai notamment rencontré un jeune qui me dit: moi je condamne tout à fait ça, c’est scandaleux, mais si je vois Salah, je suis bien obligé de le protéger« , dit-il avant de rappeler que les auteurs des attentats de l’Hyper Cacher, de Charlie Hebdo et du Bataclan sont des « fils de la République française ».
Pas d’angélisme
« Nous sommes devant un phénomène où il y a eu un abcès épouvantable à Molenbeek, admet Philippe Moreau, mais nous sommes devant un combat beaucoup plus large, qui n’est pas terminé ». Il balaie d’un revers de la main toute forme d’angélisme et d’avoir fait de Molenbeek une ville ghetto, disant avoir le regret de ne pas être allé plus loin dans « des efforts de mixité, d’avoir manqué de persévérance dans cette volonté de mixer les populations ».
Un désir qu’il confesse être étranger aux salafistes « qui ont gagné du terrain, dû à un phénomène international. À Saint-Denis, ça s’y passe également. Nous avons manqué de vigilances (…) en accordant les clés du culte musulman à l’Arabie Saoudite ».