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Le gouvernement israélien veut abaisser les prix de l’alimentation avant Pessah ; il lui reste quelques semaines pour lancer des mesures d’urgence.
“Ma Nichtana” ou “Qu’est-ce qui a changé ?” chante-t-on traditionnellement le soir de Pessah. Cette année, les ministres israéliens des Finances et de l’Agriculture voudraient concrétiser un changement social avant Pessah : faire baisser le coût de la vie des Israéliens. Et le prix élevé des produits alimentaires est une des causes principales de la cherté de la vie en Israël.
Or, le temps presse : la fête de Pessah démarre le 22 avril prochain et la période des achats débute environ un mois plus tôt. Il ne reste donc que quelques semaines au gouvernement pour prendre des mesures qui se traduiront rapidement par une baisse des prix pour le consommateur. Pour Moshé Kahlon, le ministre des Finances, la principale mesure consisterait à accroître les importations de produits alimentaires pour faire jouer la concurrence avec les produits locaux et faire baisser les prix.
DAVANTAGE DE CONCURRENCE
En fait, le gouvernement israélien s’appuie sur le dernier rapport de l’OCDE sur l’économie israélienne qui rappelle que « le montant élevé des prix alimentaires a été l’un des déclencheurs des mouvements sociaux de 2011 ». À titre de comparaison, l’OCDE a trouvé que « le coût de la vie [en Israël] est supérieur de 20% à celui de l’Espagne et de 30% à celui de la Corée, deux pays dont le PIB par habitant est comparable à celui d’Israël ; les écarts de prix sont marqués par rapport à la moyenne de l’OCDE dans certains domaines, notamment l’alimentation ».
Le diagnostic étant établi, reste à en trouver les remèdes. Le ministre israélien des Finances n’a eu qu’à lire les 148 pages du rapport de l’OCDE pour y trouver le remède-miracle : « une intensification de la concurrence ferait baisse les coûts dans l’ensemble de la chaîne agroalimentaire ». Les chiffres de l’OCDE sont sans appel : En Israël, le lait coûte 37% plus cher qu’en Europe alors que la viande bovine en Israël coûte 73% de plus qu’en Europe.
MOINS DE QUOTAS D’IMPORTATION
Comment intensifier la concurrence dans un secteur qui est soumis aux dictats d’un petit nombre de chaînes d’approvisionnement et de commerce de détail ? Réponse de l’OCDE : autoriser l’importation parallèle de produits alimentaires et relevant les quotas d’importation en franchise de droits de douane.
Le ministère des Finances lance donc un vaste plan visant à alléger les quotas et droits de douane sur les produits agricoles. Par exemple : jusqu’à la fin 2016, 2.800 tonnes d’huile d’olives, 40.000 tonnes de légumes frais et 5.000 tonnes de légumes surgelés pourront être importées sans droit de douane.
De même, l’importation de viande de mouton sera allégée : 1.000 tonnes de viande seront importées en franchise douanière à la condition que le pays d’origine soit membre de l’OMC (organisation mondiale du commerce). Par ailleurs, les céréales de petit déjeuner importés verront leurs droits de douane diminuer de 50% durant l’année 2016.
DAVANTAGE D’AIDES DIRECTES AUX AGRICULTEURS
Les mesures proposées par le gouvernement pour accroître les importations ont provoqué la colère des agriculteurs israéliens. Ceux-ci redoutent que la concurrence étrangère n’entame leur marge bénéficiaire déjà très réduite et ne les conduise à la faillite.
De même, le lobby agricole s’oppose à toute réforme structurelle qui viserait à la suppression des obstacles non tarifaires : or, la chaîne agroalimentaire doit être raccourcie et les procédures simplifiées pour faire baisser les prix.
Pourtant, Israël ne fait que suivre les recommandations de l’OCDE : il faut remplacer les quotas et les droits de douane par des aides directes aux agriculteurs. La réforme des aides aux agriculteurs devrait démarrer dans le secteur de la production de lait puis s’étendre à l’ensemble du secteur agricole, même si cela devrait avoir des conséquences budgétaires.
Jacques Bendelac (Jérusalem)