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Film: « Young et moi » Sur les traces du boxeur d’Auschwitz


Film: « Young et moi » Sur les traces du boxeur d’Auschwitz

FILM

A l’occasion de la projection du film « Young et moi » à la Maison de la Culture Juive à Nogent sur Marne, lundi 11 avril à 20h30, Sophie Nahum réalisatrice du film nous relate l’histoire folle du plus jeune champion du monde de boxe qui fût déporté à Auschwitz et boxa pour survivre.

Au milieu des années 80, mon grand-père André Nahum, alors médecin à Sarcelles, reçoit une femme dans son cabinet. Elle lui dit: « docteur, vous qui œuvrez pour la mémoire des juifs tunisiens -il avait écrit plusieurs livres sur le sujet- ne voudriez-vous pas raconter la vie de mon frère, il a été injustement oublié par l’Histoire? »

Son nom était Victor Perez, son pseudonyme de boxeur: Young.

Bien sûr, mon grand-père se souvenait très bien de cette gloire nationale de la Tunisie de son enfance, ce jeune homme issu du quartier très pauvre de La Hara, parti à Paris pour boxer, et qui était devenu le plus jeune champion du monde de l’histoire de la boxe en 31, il n’avait pas 21 ans. Quelques années plus tard, il était revenu en héros à Tunis, un stade avait même été nommé en son honneur.

Ce que mon grand-père ignorait, c’est ce qu’il était devenu par la suite.

Arrêté à Paris, déporté à Drancy puis à Monowitz-Buna, le camp de travail d’Auschwitz, puis exécuté après la libération du camp pendant la grande marche.

Il ne connaissait pas non plus cet aspect incroyable de l’histoire de la Shoah:

Le directeur d’Auschwitz 3, Monowitz-Buna, passionné de boxe, avait été tellement heureux de voir arriver dans son camp un « champion du monde », qu’il avait eu l’incroyable idée de monter une écurie de boxeurs au sein du camp et d’organiser des combats le dimanche, des combats de chiens, pour distraire les SS. Young et quelques autres déportés y boxèrent pour sauver leur peau.

De cette histoire tragique, il ne restait pas grand chose, à part la mémoire de sa famille. Alors mon grand-père fit un livre, Quatre boules de cuir (réédité sous le titreYoung Perez, champion de Tunis à Auschwitz).

Crédit: Hello Prod

Crédit: Hello Prod

Des années plus tard, alors que je suis devenue réalisatrice de documentaire, je rencontre Tomer Sisley qui, par le plus grand des hasards, me parle de ce héros qui le fascine. Lorsqu’il avait entendu parler de Victor Young Perez pour la première fois, lui aussi avait tout de suite été bouleversé par son histoire, par le destin tragique de ce juif tunisien adulé, martyrisé puis oublié. Il rêvait d’en faire un film de cinéma, avait commencé à écrire un scénario et à apprendre la boxe pour l’incarner à l’écran. Il avait aussi décidé de marcher sur les traces de cet homme et de rencontrer les derniers témoins de sa vie. Les rendez-vous étaient pris avec des hommes qui l’avaient connu, tous avaient plus de 80 ans.

Dans l’instant, j’ai entrevu la possibilité de pouvoir enfin raconter cette histoire dans un documentaire. Pas un documentaire historique classique non, un documentaire enlevé, accessible à tous, guidé par Tomer, un acteur connu et aimé, qui, c’est sûr, saura attirer l’attention des plus jeunes, les intéresser un peu à la Shoah. Cette période de l’histoire devenue souvent très compliquée à enseigner dans les lycées.

Avec Tomer, Laurent Preece, qui co-réalise et co-produit, et Arnaud Mansir, un chef opérateur exceptionnel, nous commençons donc immédiatement à tourner sur nos fonds propres, puis mon oncle et des amis à lui nous donnent de l’argent, nous mettons tout sur l’image et les voyages. Nous y croyons et nous aimons ce que nous tournons: ces rencontres magnifiques entre cet acteur et ces anciens déportés, ces hommes trop souvent approchés avec déférence qui s’amusent de la fraîcheur de Tomer, du tutoiement qu’il utilise avec eux, de ses vannes mais aussi de sa profonde humanité.

Crédit: Hello Prod

Crédit: Hello Prod

Ensemble, nous filmons en France, en Pologne et à Tel Aviv, à la rencontre d’hommes qui l’ont connu à Paris où il a vécu et enseigné son sport, à Drancy ou à Auschwitz. Des rencontres extrêmement fortes avec des compagnons d’infortune qui, eux aussi, ont traversé l’enfer. Un voyage quasi-initiatique qui nous a mené bien au-delà de ce que nous pensions trouver. D’autant que dans notre petite équipe, la moitié des personnes sont des descendants de déportés.

Tomer travaillera pendant plusieurs années sur son projet de fiction, avant d’y renoncer faute de financement. Son film ne verra jamais le jour*, mais notre documentaire Young et moi est tourné, lui.

Pour moi, ce film est mon plus beau projet.

Je fais le tour des chaînes, les gens me répondent, aiment la bande-annonce mais trouvent le projet trop hybride, pourquoi un acteur? Et puis des films sur la Seconde Guerre mondiale, ils n’en ont que trop. Nous nous démenons mais nous n’y arrivons pas, nous ne sommes pas dans les clous.

Le 27 janvier 2015, jour de la commémoration de la Shoah et des 70 ans de la libération d’Auschwitz, il est officiellement établi que l’enseignement de la Shoah est un grave problème dans les écoles de la République.

Je suis bouleversée d’entendre Marceline Loridan-Ivens, ancienne déportée, raconter sur Inter que les élèves sont dubitatifs quand elle leur livre son témoignage.

Plus que jamais, je dois finir mon documentaire.

Alors sans attendre un seul instant de plus, je me décide à me servir d’une méthode qui marche déjà très fort aux Etats-Unis et qu’utilisent quelques pionniers en France, et pas des moindres: Mélanie Laurent pour son film documentaire Demain ou Keren Ann pour son prochain album en prévente sur PledgeMusic: créer une collecte sur un site de crowdfunding, les gens mettent selon leurs envies et leurs moyens et ont en échange des DVD, des invitations à des soirées spéciales… Une nouvelle manière de produire, en contact direct avec le public et sans avoir à être adoubé par la télévision.

Si ce film n’est pas celui des chaînes, peut-être qu’il sera celui des internautes, nous pourrons l’envoyer dans des festivals et pourquoi pas dans des collèges.

La collecte a été lancée il y a quelques jours, j’espère vraiment qu’elle ira au bout, mais déjà l’interactivité avec le public est un plaisir incommensurable. Une aventure que l’on ne vit jamais lorsque l’on produit de manière classique. Chaque jour apporte son lot de messages d’encouragement ou de félicitations, des gens sensibles à ce que vous faites qui vous offrent leur aide. La preuve, surprise ultime, la merveilleuse Keren Ann nous a proposé de mettre à notre disposition pour la bande son, son somptueux catalogue de musique.

Si vous voulez apporter votre aide au documentaire, vous pouvez participer à la collecte en cliquant ICI.

__________________
* Parmi les nombreux projets de fictions en concurrence un seul a abouti: « Victor Young Perez » de Jacques Ouaniche, sorti en 2013 avec Brahim Asloum dans le rôle titre, très librement inspiré de la vie de Perez.





Avocate en droit international - Entre New York, Genève, Paris et Tel Aviv



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  • 3 thoughts on “Film: « Young et moi » Sur les traces du boxeur d’Auschwitz

    1. misterClairvoyant

      Touchante histoire que celle de ce boxeur Victor Young Pérez. Je voudrais bien participer à la réalisation de ce documentaire, mais je ne peux pas envoyer de l’argent je ne le ferais sur Internet, il doit avoir un autre moyen.
      Puis j’irais voir le film, car ce sera faire honneur à un champion français « inconnu » un champion qui fait honte à la France et à l’Allemagne d’hier et d’aujourd’hui, où l’antisémitisme survit avec des crachats sur les tombes des innocents (si est qu’une tombe ils ont eu) tous ces juifs assassinés dans le monde depuis des siècles, et pas que dans la Shoah. Assassinées avec la complicité des présidents, rois, princes, dictateurs et de toutes les doctrines politiques et religieuses aussi. Victor Young Pérez est mort assassiné, comme des millions d’autres juifs. Amen

    2. Armand Maruani

      Un grand champion né dans la Hara de Tunis , ébloui par Paris où il avait découvert l’amour et les lumières de la ville a été déporté en pleine gloire , en pleine jeunesse .

      J’avais connu à Tunis fin des années 50 début 60 , rue de la Loire à deux pas du lycée Carnot son entraineur Joe Guez qui avait formé par la suite de grands champions comme Félix Brami et Simon Bellaïche issus du même milieu que Young Pérez : la Hara de Tunis .

      Un film était sorti en 2013 sur Young Pérez et j’étais intervenu sur JForum à la suite d’un article sur le sujet .

      Le fils de Joe Guez et l’épouse de Simon Bellaiche étaient intervenus en direct .
      Si ça intéresse certains :

      forum.fr/Young-Perez-la-polemique-autour-du-film.html

    3. Xavier Pinto

      Excellent film à prescrire a tout ceux qui auraient la mémoire courte !!!
      Ne pas oublier …..

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