OPINION
J’ai eu l’occasion d’entendre à de nombreuses reprises Eric Zemmour émettre des jugements sur le judaïsme et les Juifs à l’appui de la thèse qu’il défend. Ils interviennent toujours comme une sorte d’accusation de sa propre appartenance juive, destinée à l’exonérer de toute apologie du judaïsme qu’on pourrait supposer motiver sa critique de l’islam. En somme, face à des agressions mues par des causes en rapport avec l’islam, il faudrait, pour critiquer celles-ci « légitimement », pratiquer l’amalgame envers le judaïsme, en l’occurence, pour les actes antisémites, la confusion des victimes et des coupables. Eric Zemmour soutient notamment l’idée que, sur le plan du rapport de la religion et de la politique, le judaïsme est très proche de l’islam et que, sans Napoléon, il n’aurait pas été « assimilable » par la République.
Si je néglige ici le débat sur cette question, je discuterai le jugement qu’il comporte sur l’héritage politique du judaïsme. Il ne repose sur aucun élément de son histoire et de sa doctrine. Il y a tout de même un fait evident : le judaïsme est une religion fondée sur une alliance qui se concrétise dans une loi et qui nécessite le consentement collectif. Dans le récit biblique, le peuple d’Israël assemblé accepte expressément la proposition divine d’une loi. C’est la première occurence dans la littérature mondiale où toute une collectivité (politique) donne son assentiment (Ex, 24,7). Surtout qu’elle se produit après que les Hébreux aient repoussé maintes tentatives de l’acteur divin par l’intermédiaire de Moïse (Ex 6,9). Cet acte fondateur ne se retrouve dans aucune autre religion. Cette loi n’est pas mystérieuse : elle est écrite, claire et lisible, promulguée en public de façon pleinement responsable et rationnelle. L’alliance n’est certes pas le « contrat social », mais elle n’en est pas loin. La démocratie ne commence pas uniquement à Athènes.
Le judaïsme est par ailleurs une doctrine qui distingue (Talmud, Pirke avoth) entre trois sources d’autorité : constitutionnelle, civile-politique et sacerdotale (les « couronnes de la Torah, de la royauté, du sacerdoce »), interdisant expressément toute confusion entre elles. Le Talmud rationalise ainsi la scène biblique où trois pouvoirs étaient en lice : le prophète, le roi, le grand prêtre. La distinction chrétienne entre le pape et l’empereur ne fût qu’une déclinaison ultérieure et tronquée de cette doctrine (en confondant le prophète et le grand-prêtre qu’est supposé être le pape). Le judaïsme rabbinique, lui même, pour se conformer à cette règle, est né d’un abandon de la Cité juive après que la dynastie hasmonéenne d’extraction sacerdotale se soit attribuée le pouvoir politique. Le droit rabbinique, lui même, a forgé le concept de « droit du roi », à savoir la possibilité pour le pouvoir exécutif, juif et non juif (au Moyen âge), de prendre, en cas d’urgence, des dispositions qui ne sont pas dans la loi. C’est sur cette base juridique judaïque que le Sanhédrin a pris les décisions que l’on sait.
Mais, là encore, Zemmour ignore les circonstances, car ce que Napoléon réforma dans les Juifs pour qu’ils entrent dans l’Etat, c’est le fait qu’ils étaient tenus pour un peuple étranger, exclu, enfermé dans ses ghettos et qui s’administrait pour ses affaires intérieures en vertu de la loi juive. Il dépouilla les Juifs de leurs attributs de peuple (le droit) après que la Révolution en ait fait des individus. Pour compléter l’ensemble, il faut aussi rappeler à Eric Zemmour que la morale du judaïsme, depuis le prophète Jérémie (29,7), appelle les Juifs à cultiver l’idée qu’il fallait rechercher le bien du pays dans lequel l’exil les avait conduit et que « le droit du royaume/Etat était le droit ». Faisons donc des comparaisons, mais sans amalgames!
Sur le fond du débat et des modèles du passé, Zemmour privilégie tout de même une mémoire sélective de l’histoire. Car au lendemain du Sanhédrin, Napoléon édictait le « décret infâme » qui revenait à exclure les Juifs de leurs pleins droits de citoyens pour 10 ans. Il obligeait aussi les Juifs à adhérer au Consistoire conçu comme une super-préfecture pour les surveiller. En somme, tout en défaisant le statut de peuple des Juifs, il le reconduisait en contrebande sous la forme d’une communauté confessionnelle. Les Juifs restaient toujours un peuple. 40 ans après apparaissait l’antisémitisme. C’est comme peuple qu’ils furent détruits dans la Shoah, comme peuple qu’ils reviennent aujourd’hui sur la scène de l’histoire, avec l’Etat d’Israël.
Shmuel Trigano
*Actualité juive, 3 mars 2016
Shmuel Trigano devrait défendre ses droits dans la communauté juive en tant que sépharade écarté d’un certain milieu plutôt que de faire de la philosophie gratuite sur le dos d’un autre sépharade qui lui a très bien réussi tout seul.
Il y a certainement quelques points communs avec l’islam et le judaisme. Mais la différence du judaïsme, il ne fait pas de prosélytisme, la haine de l’autre est contraire à la loi de Moïse, les juifs ne vont pas trancher la tête , ils ne font pas de razzias, comme aujourd’hui, ils ne font pas d’attentat pour imprimer la peur, finalement, le judaïsme est paisible, il ne revendique RIEN, à notre démocratie contrairement aux musulmans,(foulard, horaire pour les femmes musulmanes dans certaines piscines, cantines allal, constructions de mosquées qui sont des nids à vipères etc…) et qui de surcroit sont un danger pour la démocratie laique.
Il y a des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord avec Zemmour sur Vichy par exemple, mais dans l’ensemble je suis totalement d’accord avec Zemmour : l’Islam est incompatible avec la République, le rôle des médias, qui sont devenus des offices de propagande, ou comment la gauche et une certaine droite ont procédé à une véritable politique de destruction de la France avec le regroupement familial avec maintenant des quartiers qui sont devenus des territoires occupés, le rôle des juges laxistes…. D’ailleurs si ce n’était pas le cas pourquoi 23 000 juifs ont quitté la France ces 2 dernières années (15000 en Israël et 8000 dans d’autres pays). D’après un sondage IFOP 20% des juifs ont décidé de manière définitive de quitter la France (13% en Israël et 7% dans d’autres pays)
Notes de bas de page à partir de http://judaisme.sdv.fr/histoire/historiq/consisto/berman.htm
1. Mémoire sélective. « L’empereur d’Autriche mit tout en œuvre pour empêcher ses sujets israélites de s’associer aux travaux du Sanhédrin. » (III, 2)
2. IV. Le décret « infâme » : (17 mars 1808) « Ce décret vis[ait] uniquement les juifs de l’Est », précisément les juifs d’Alsace.
L’héritage politique de Napoléon concernant l’émancipation :
« Cette liberté « dirigée », si nous osons dire, qui favorisa incontestablement l’accession des juifs à toutes les carrières, fit oublier les mesures brutales de l’empereur […] grâce à lui. le mouvement d’émancipation se propagea à travers d’autres pays : la Hollande, une partie de l’Italie, la Suisse, la Confédération Rhénane (avec Mayence et Francfort), la ville libre de Hambourg. Malheureusement à la chute de Napoléon, presque tous ces pays, (à l’exception de la Hollande), retirèrent aux juifs les avantages que leur avait concédés l’empereur des Français. »
L’émancipation s’est affirmée et concrétisée à la Révolution française, fille de l’Aufklärung. « La LETTRE de M. BERR-ISAAC-BERR, à ses frères, en 1791, à l’occasion du droit de Citoyen actif accordé aux Juifs » est significative de l’effervescence des Lumières qui militaient pour une meilleure éducation et visaient une meilleure compréhension entre les communautés. http://judaisme.sdv.fr/histoire/document/ecoles/beer/beer.htm
Zemour peut penser à bon droit que Napoléon a réussi son objectif d’assimiler le judaïsme à la République, même si ses méthodes ont été brutales. D’ailleurs, le retour des Bourbons n’a pas remis en cause les bases napoléoniennes et les a affermies même : « Le 21 août 1829, le Ministre de l’Intérieur autorise l’établissement, à Metz, de la première École Centrale rabbinique de France. Cette création aurait dû se faire plus tôt. Mais elle fut retardée par l’hostilité des ultra-orthodoxes. »
http://judaisme.sdv.fr/histoire/historiq/consisto/berman2.htm
Très bonne analyse factuelle.
BRAVO !
J’aime la logique de Zemmour, mais incomplète en ce qui concerne les juifs et l’histoire de France.
M Trigano, vient combler cette lacune.
Effectivement Éric Zemmour ne connaît pas grand-chose en matière de judaïsme mais il se conduit comme la majorité des journalistes qui faute de temps, et parce qu’on attend d’eux un papier pour le lendemain, se permettent souvent de dire n’importe quoi sur une multitude de sujets. De plus il est d’un grand anachronisme avec ses formules répétitives lassantes. Ainsi à l’entendre on a la nette impression qu’il a côtoyé De Gaulle et autres personnages de la Vème République, alors même qu’il est né en 1958. Pendant tout le règne de De Gaulle, on parlait de « De Gaulle » et non du » général De Gaulle » comme il le fait abusivement. Une des rares fois où j’entendis dire « le général de Gaulle » ce fût le 4 Juin 1958, par la voix du Général Salan, sur l’esplanade du Forum à Alger lors de la venue de la « Grande Zohra », comme le qualifiera plus tard l’OAS. Cela peut paraître anecdotique à certains mais cela est significatif, comme d’autres faits, de la superficialité de ce Zemmour. Il faut toujours que pour justifier sa critique de certains musulmans islamistes il en rajoute dans la critique du Judaïsme. Hector, manifestement vous ignorez complètement l’envergure d’une personne comme Shmouel Trigano. Sa connaissance et du Judaïsme et d’Israël, sans omettre sa maîtrise de l’analyse philosophique, et plus particulièrement de sa branche sociologique, en font un intellectuel hors pair, nettement supérieur à ceux qui sont invités habituellement sur les plateaux de télévision. Mais comme sa défense d’Israël ne souffre aucune réplique, tant elle est imparable, ceci explique le fait , manifestement, qu’il soit complètement BOYCOTTE par les merdias. BHL et Finkielkraut ne se focalisant pas sur Israël, et acceptant de nuancer leurs jugements sur ceux désormais surnommés les » palestiniens, » ne subissent pas cette terreur de la télé collabo française. Les collabos ont décidé que face au brio de Shmouel Trigano il leur était impossible de s’aligner, EUX QUI PASSENT LEUR TEMPS A DIABOLISER L’ETAT JUIF.
Moi, je porte toujours intérêt, admiration et considération à Eric ZEMOUR tout comme à Finkelkraut… La beauté du Judaisme – je ne suis pas juif – c’est sa grand liberté de pensée. Zemour exprime une des multiples formes de la pensée Juive… Quant on pense qu’il y a des Juifs antisémites, antisionistes, anti Israeliens … pourquoi critiquer Zemour… Et puis si sur le fond l’auteur pinailleur de cet article qui le met en cause, a sans doute ou peut être raison, qu’importe …. je retiens l’essentiel, le meilleur de de ce qu’est le courageux Eric.
Leitraot
Signé : Un goy qui vous aime parce qu’il aime tant ce qui est humain que l’intelligence.
Certains commentaires montrent que Zemour est devenu une sorte de monstre sacré. Est-ce que la liberté d’expression de Zemour priverait d’autres personnes de leur liberté de s’exprimer et de critiquer ses idées? Le fait qu’il analyse avec beaucoup de discernement la société française ne veut pas dire qu’il n’y ait pas une partie d’inepties dans sons discours.
Et puis, s’attaquer aux Juifs qui sont comme d’autres commentaires le relèvent, paisibles, ne coûte rien.
La dialectique de Zemour consiste souvent à trouver un point commun entre deux systèmes complètement opposés (point commun réel ou supposé), pour se permettre ensuite d’affirmer que les deux systèmes seraient identiques.
Si on pose que l’impérialisme juif se contente de n’aspirer qu’à la reprise de sa simple Palestine, et que l’impérialisme musulman revendique la planète entière, tous les points communs que l’on peut trouver à partir de là ne vaudront pas plus que la différence de poids entre deux plateaux d’une même balance provoquée par la corrosion.
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@Yéochoua,
Qu’est-ce qui peut vous faire penser dans les commentaires que Zemour soit « devenu une sorte de monstre sacré » ? Je ne le connais pas suffisamment pour avoir le début d’une idée de ce qu’il dit sur le judaïsme, qui ne m’est pas familier non plus. En revanche, j’ai lu avec attention ses pages tirées du « Suicide français » : « N’est pas Bonaparte qui veut » (28 mai 2003, p. 475 et suivantes).
Il y critique une décision de Sarkozy concernant les rapports entre l’islam et la République. A en croire Zemour, l’ancien président n’a pas tenu compte des mises en garde de Chevènement, pas plus que de celles de ses conseillers, pour poser des garde-fous à la Oumma sur le territoire français.
« Il devait franciser l’islam, écrit-il, comme Napoléon avait francisé le judaïsme, pour éloigner le spectre de l’islamisation de la France ».
Sachant que le judaïsme ne s’est jamais montré prosélyte, je prends cette comparaison zémourienne pour ce qu’elle est : comme une tentative d’expliquer le risque qui a été pris de donner plus de latitude aux Français musulmans qu’il n’en a été donnée aux Français juifs deux siècles avant, alors que c’est sur le modèle napoléonien que la réflexion de l’intégration de l’islam à la République s’était fondée.
beaucoup trop de blabla pour rien dire .NA TOUCHEZ PAS A ZEMOUR . il represente la France et les francais dans toute sa beauté ,oui il compare l’islam au Judaisme , il a raison a 100% , dans le passé ma proper soeur etait mariee avec un juif , un tres brave homme , je l’aimais mieux qu’un frère , helas il est mor ten laissant une veuve avec deux fillettes adorables, ses parents ont quittes le cimetiere sans un regard pour ma soeur , seule avec 2 orphelines, tout ça parcequ’elle n’etait pas juive . j’ai eu d’autres experiences malheureuses avec des juifs encore orthodoxies , fanatiques . mais j’ai de l’admiration pour ce people que Dieu considere comme etant la lumiere du monde . Oui je soutiens les juifs ou qu’ils soient , mais je deteste le fanatisme religieux, quelqu’il soit . DIEU a fait des lois pour l’homme , mais l’homme les a sculpte selon leur penchants et leur fanatisme.
Je ne comprends pas que l’on ait censuré mon point de vue que j’ai explicité e alors qu’il n’est ni:
* Antisémites
* Racistes
* Homophobes
* Injurieux
* Grossiers
* Diffamatoires envers une personne physique ou morale.
J’ai eu l’impression d’avoir affaire à l’AFP.
Je n’ai fait que dire que certaines traditions nous ont isolé des autres et que certaines interprétations que je pense erronées,nous ont obligé à demeurer minoritaires( Explications à l’appui). Ce qui me paraît ridicule pour une religion à la moralité élevée.
Quand je vois la diversité des commentaires avec leurs contradictions et leurs affirmations je suis rassuré .
Le Peuple Juif n’a pas changé , il est bien vivant ..
C’est ce qu’il fait sa force .
Même à la synagogue quand certains disent » Baroukh » et d’autres » Boroukh » on se comprend, et on parle la même langue . Ah ah ah .
Quand on est Juifs on ne s’ennuie jamais , il y aura toujours un sujet de discussion et de dispute .
Rien qu’à voir le CRIF il illustre bien mon commentaire .