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Le logiciel est innocent
Cette année est doublement bissextile. Des deux calendriers que nous connaissons bien, l’un lui ajoute un jour, l’autre un mois. Il y a quelques jours, c’était le 29 février. Drôle de date que le 29 février. Comme chacun sait, elle sert à réajuster le calendrier avec le cycle solaire, et lui faire rattraper son retard.
Comment fonctionnent les années bissextiles, 2016 ou 5776
Pour qu’une même date corresponde exactement à la même durée d’ensoleillement de la phase croissante ou décroissante du jour d’année en année, il faut récupérer l’avantage de ce quart de journée que prend chaque année le soleil sur le cycle des douze mois imposés arbitrairement, mois qui ont quant à eux perdu leur sens d’origine. Tous les quatre ans, donc, nous avons un 29 février, et ce 366ème jour réactualise la perte annuelle des 6 heures.
Si cette problématique se résout selon le système européen avec une seule journée, le réajustement du calendrier hébraïque dure quant à lui tout un mois. Il détient l’avantage sur le précédent système d’avoir su préserver la véritable valeur du mois. En effet, contrairement à ce qui a été adopté par le système européen, le système biblique n’a pas cherché à simplifier les calculs en renonçant à un paramètre clé : l’ajustement précis de la durée du mois sur le cycle lunaire, qui fera que le premier du mois équivaudra toujours à la nouvelle lune ; et le quinze à la pleine lune (à quelque paramètre près : Rosh Hashana ne peut tomber un dimanche, un mercredi ou un vendredi, tandis que Pessah répondra à la même exigence excepté pour le dimanche, remplacé par le lundi).
Il semble que le double respect des cycles solaires et lunaires ne soit vérifiable que sur le calendrier hébreu. (Soit dit en passant, une «année» qui ne se fondrait que sur une suite de douze mois provoquerait un désordre inextinguible sens dessus dessous quant à la position saisonnière des principaux événements de l’année). Il se trouve que le décalage annuel entre les douze mois (29,5 jours) et l’année solaire (365,25 jours), s’élève à onze jours. Donc, pour remettre toutes les pendules et horloges du temps à l’heure, il y aura tous les 19 ans 7 années embolismiques (n° 3, 6, 8, 11, 14, 17. Et pourquoi pas les n° 1, 4, 8, 9, 12, 15? Pour respecter la moyenne arrondie par excès à 3 années). En d’autres termes, votre date d’anniversaire selon les calendriers hébreu et européen tombera un seul et même jour tous les 19 ans.
Effet imaginaire ou réel du temps supplémentaire
Revenons au jour de plus précité. Cette différence frappe l’imagination. Qui, enfant, n’a pas spéculé sur l’âge d’un individu né un 29 février? Ne fêtant son anniversaire qu’une fois tous les quatre ans, il serait gratifié, pour l’entendement enfantin, d’une espérance de vie quatre fois supérieure à la moyenne. Ou alors, il mourrait quatre fois plus jeune… D’autres, à tout âge, ne peuvent réprimer l’impression qu’il s’agirait d’un jour en dehors du temps, d’un cadeau de la vie.
Que l’on y prête foi ou non, il semble que c’est bien ce qui est arrivé aux deux réservistes de Tsahal qui, s’étant trompés de chemin, se sont retrouvés plongés dans l’une des forteresses de la colonisation arabo-musulmane des environs de Jérusalem. La langue de bois interdit de désigner ces lieux tels qu’ils sont : strictement interdits aux Juifs, pas même pour qui ne ferait que passer. La condamnation à mort sans appel de tout contrevenant – comment? Un Juif ose s’aventurer en une partie de sa terre occupée – est acceptée par tous et partout. Qui, en effet, y entrerait de son plein gré?
Or, ce 29 février au soir, et bien que l’alerte eût été rapidement donnée, on ne peut exclure l’aspect miraculeux du sauvetage des deux hommes, dont la vie semble leur avoir été rendue en cadeau malgré leur fatale et suicidaire erreur. Certes, l’armée est intervenue sans tarder, mais elle aurait fort pu ne ramasser dans le meilleur des cas que des restes.
Il faut voir que le roi est nu, mais seulement feindre de ne pas le voir
Les dirigeants politiques et militaires s’interrogent. Il faut à tout prix comprendre ce qui a amené les deux soldats à se fourvoyer, afin d’éviter à l’avenir que de telles erreurs ne se répètent. Après une rapide enquête, le coupable est désigné, c’est le logiciel employé par les miraculés. Le navigateur, Waze, en l’occurrence, présente la configuration des parcours qui relient un point à un autre, à la demande. A priori, on peut se dire que Waze refuse de marcher et de se faire victime du syndrome collectif des habits de l’empereur (établi par Franck Gross en 1971, en référence au célèbre compte d’Andersen[1]). Waze ne fait pas semblant de ne pas voir que le roi est nu. Et il fait tellement peu semblant qu’il lui semble qu’il est habillé. Le logiciel voit des routes et signale des routes. Il ne prend pas en considération que certaines sont mortellement dangereuses, et il ne feint puisqu’il n’indique aucune déviation.
Parce que, a priori, chacun sait qu’Israël est en paix avec ses envahisseurs, puisque les accords d’Oslo ont non seulement été accompagnés d’un triple Nobel avant et arrière de la paix, mais personne n’a jamais appris qu’ils auraient été annulés par la suite, notamment en raison des effets décuplés de l’animosité de la partie qui a plébiscité l’Olp.
Le bijou fantaisie reste inoffensif tant qu’il est pris pour ce qu’il est
Les accords d’Oslo et tout ce qui s’est ensuivi dans la menace antisémite tapie à notre porte, fonctionnent comme le bijou fantaisie. Tant que le bijou fantaisie est reconnu largement comme tel, personne n’en dira rien pour ne pas froisser la personne qui le porte, et surtout personne n’ira en gratter la dorure, ce qui aurait pour effet immédiat de révéler la nature du matériau. Le problème, c’est lorsque des gens prennent ce bijou pour une véritable masse d’or et de joyaux inégalables, et sont prêts à le payer à prix fort pour ce qu’il n’est pas.
Tant que l’on reste conscient que la paix, qui devait selon la myopie de ses visionnaires reconfigurer le Moyen-Orient, n’est rien de plus qu’une grotesque mascarade, tout va bien. Mais que personne ne s’avise à faire comme s’il s’agissait d’autre chose qu’une gigantesque supercherie. Ya’alon, Netanyahou et Eisenkot sont les premiers à avoir reconnu haut et fort que la conception qui motive lesdits accords repose sur le mensonge, sans quoi, au lieu d’avoir eu la réaction qu’ils ont eue, ils nous auraient tenu en gros le langage suivant : «Mais que signifie cette animosité? Ne sommes-nous pas en paix avec nos anciens ennemis? N’avons-nous pas mis fin à une guerre de cent ans depuis un bon quart de siècle? Nous exigeons de l’autorité repentie de faire toute la lumière sur cet événement désastreux, et de punir sévèrement les responsables de cette agression inqualifiable!»
Le logiciel savait… c’est l’utilisateur qui a montré de l’amateurisme
Or, selon la réaction de Waze aux accusations, cette société aurait au contraire effectivement joué le jeu de l’escroquerie validée par Nobel. Ses responsables eux aussi, selon son communiqué, ont apprécié le fil invisible des atours royaux, eux aussi ont flatté le bijou fantaisie comme un pur joyau, mais comme tout le monde, elle faisait comme si. Trois jours après l’incident, la société s’est défendue en ces termes : «Il relève de la responsabilité de tout chauffeur de suivre avec attention les panneaux indicateurs et de se conformer aux indications routières et de la circulation, et d’obéir aux lois locales. Concernant les routes qui représentent des accès aux territoires soumis à l’Autorité palestinienne (sic), des panneaux rouges et bien visibles sont placés près de la route, qui interdisent la conduite dans lesdits territoires, aux habitants d’Israël (resic). En l’occurrence, la fonction « choix par défaut » était éteinte.»[2]
Ya’alon a donc rectifié le tir, et a mis en cause une méconnaissance de l’utilisateur des logiciels de navigations, GPS entre autres, qui se doit de prendre scrupuleusement toutes les données en compte.
Un roi nu de l’engagement aux accords de paix ?
Quoi qu’il en soit, si on se fie à une autre réaction, celle du célèbre analyste Calman Liebeskind, pigiste notamment à Ma’ariv[3], on pourrait pour un peu en déduire que ce seraient plutôt certains responsables du pays qui auraient été nommés ministres ou chef d’état major par erreur : «Ce n’est pas Waze, affirme-t-il, qui a mis nos soldats en danger, mais la soif de sang de nos voisins».
Il semblerait à première vue que Liebeskind désignerait le «roi nu» dans le pouvoir du Fatah, dont l’habit fictif des accords de paix continue aujourd’hui encore de le laisser jouir de prérogatives indues, mais il n’est pas dupe et n’a pas l’intention de faire semblant de voir en l’ennemi une quelconque autorité non réellement souveraine. N’oublions pas dans ce contexte que l’opération Rempart, lancée par Sharon à Pessah 2002, avait considérablement réduit l’arsenal de guerre illégalement détenu par les terroristes, en dépit de la couverture du crime conférée par les accords supervisés par Clinton.
Un pouvoir qui excuse l’inexcusable sur le court terme
«Nous avons une sorte de tradition, qui veut que chaque fois qu’ils tentent de nous assassiner, nous cherchons à détourner la conversation. Comme si parler de leur mal serait pour nous avilissant. Nous passons à un débat sur les aspects techniques, nous tournons autour du pot (…), nous évitons surtout de parler d’eux (…) comme si, au cas où nous nous pencherions sur l’analyse de leur comportement, quelqu’un pourrait se dire qu’il se pourrait bien que l’idée selon laquelle il y a à qui parler ne serait pas une si bonne idée.
Lorsque les trois adolescents ont été kidnappés, nous avons tenté d’accuser l’autostop. Lorsque la présente vague de terrorisme à commencé, l’une des principales chaînes de télévision a essayé de la faire découler de la responsabilité d’une jeune femme juive ayant déclaré en visitant l’esplanade du Temple : « Mahomet est mort », et qu’elle aurait touché la sensibilité des Arabes pourtant si délicats, les ayant ainsi poussés à déroger à leur comportement traditionnel et à réagir avec violence. Après le massacre de la famille Vogel, on a rapporté les paroles du vice-colonel (son grade à l’époque), Nitzan Alon, qui a dit qu’il s’agissait d’une réaction aux actes du « prix à payer ». Après le meurtre des époux Henkin, certains ont expliqué qu’il se serait agi d’une réaction au meurtre à Douma.
Après l’entrée par erreur des deux soldats de Tsahal à Kalendya, qui ne s’en sont sortis vivants que par miracle, il s’est avéré que la responsabilité en incombait pas moins qu’à l’application Waze, qui n’a pas prévenu les voyageurs qu’ils s’aventuraient en terrain dangereux. Les émissions d’actualité ont toutes traité pendant des heures des logiciels de navigation et de leurs limites, le tout pour surtout ne pas aller au fond du problème en soi ; pour ne pas dire que ce ne sont ni les voyages en autostop ni les logiciels qui assassinent, mais les assassins arabes. Certes, ça ne convient pas précisément au « politiquement correct » (sic), mais il serait bon de temps en temps de quand même dire la vérité.
Et la vérité est que la culture de nos voisins diffère foncièrement de la nôtre… »
Un pouvoir qui excuse l’inexcusable sur le long terme
La démarche de cette analyse sur le court terme peut s’étendre au plus long terme de la dialectique politique qui domine le pays depuis maintes décennies. Pour cette nouvelle école sophiste, ce n’était pas les accords d’Oslo qui avaient introduits les massacres des attentats suicides alors inconnus sur le sol israélien. Quand les effets de ces accords ont commencé à être imposés dans le pays d’Israël, et quand les attentats se sont faits de plus en plus violents, on a commencé à nous dire à la veille de leur signature, quand un malheureux Israéliens a été assassiné dans sa serre, que les accords n’étaient pas encore effectifs. Quand ils l’ont été, on nous a dit que les terroristes provenaient de lieux non encore sous la mainmise de l’Olp. Quand ils en provenaient, c’étaient les ennemis de la paix, affiliés à d’autres milices cherchant à discréditer la milice «amie». Ou alors, les victimes pouvaient l’avoir bien cherché. Haïm Mizrahi avait été kidnappé puis brûlé dans le coffre d’une voiture retrouvée deux jours plus tard. Que lui avait-il pris de chercher à acheter des œufs bon marché, avait dit le Premier ministre, quand cet Israélien de bonne foi entretenait des relations commerciales avec un éleveur arabe. Puis, quand il s’avéra que les tueurs étaient directement issus de l’Olp, Pérès nous dit sur le ton de l’évidence : «Le processus de paix est une affaire de longue haleine, et il ne se fera véritablement sentir qu’à la génération suivante, celle des enfants nés pendant la paix».
Et voilà, M. Pérès, la génération s’est amplement écoulée, et vous pouvez constater en personne que le seul résultat de vos accords, c’est que les assassins antisémites peuvent aussi bien aujourd’hui n’être âgés que de douze ou treize ans.
Mais qu’importe, le responsable n’est à chercher ni au sommet du gouvernement, ni de l’armée, ni même dans la haine viscérale cultivée en permanence par un ennemi qui déjà s’identifiait à la haine du mufti Husseini dès les années 1920, puis à Rommel au début des années 1940, jubilant à l’idée de son invasion de la Palestine juive. Il y aura toujours un prétexte qui permettra de ne pas regarder la vérité en face, pour nous mentir et nous dire que la paix avec les pires antijuifs que la terre ait portés est possible.
Et pourtant… à la signature des accords d’Oslo, la presse mondiale, comme par exemple les journaux télévisés de France, titrait : «Signature historique, fin d’une guerre de cent ans». Ce titre a eu au moins l’honnêteté de reconnaître que la haine qui poussait les Arabes à attenter à la paix des Juifs, à leurs biens et à leur vie, n’était pas à imputer à l’indépendance de ces derniers, puisqu’ils ne l’avaient pas encore, ni à leur victoire en 1967. Le prolongement logique de cette honnêteté exige à présent que la cessation de cette guerre ne soit plus imputée, preuve en est faite par les accords signés par Rabin et Pérès, à toute concession pouvant émaner de l’Etat juif, de ses dirigeants ou de ses simples citoyens.
Mais cette prise de conscience doit commencer de l’intérieur, en innocentant Waze ou ses mauvais utilisateurs, mais pas pour les motifs invoqués maladroitement en mettant en cause l’absence ou le manque de visibilité des panneaux rouges «interdit aux Juifs». Waze ou les autres navigateurs sont aussi peu coupables que tous les prétextes techniques ou circonstanciels invoqués. N’est responsable que cette présence hostile et sa liberté de s’armer en toute impunité, et bien entendu le pouvoir qui permet à ces nids de haine de se maintenir impunément en plein cœur de la terre d’Israël.
© Yéochoua Sultan pour Europe Israël News
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Habits_neufs_de_l%27empereur
[2] Réaction de Waze, mardi : http://news.walla.co.il/item/2939707, deux soldats entrent « par erreur » à Kalandia : http://news.walla.co.il/item/2939413
[3] http://www.maariv.co.il/journalists/journalists/Article-529094