« Ce n’est pas un terroriste, c’est un imbécile ! » Une semaine après les attentats de Bruxelles, l’annonce ce mardi matin du détournement du vol EgyptAir MS181 ne laissait présager rien de bon.
Il apparaît cependant, selon les déclarations des gouvernements égyptien et chypriote, que le pirate de l’air a agi pour des motivations encore obscures mais « personnelles ».
Larnaca airport closed as negotiations on hijacked #EgyptAir flight continue https://t.co/DfNXz2uKl7 https://t.co/WjOsAamT0h
— BBC Breaking News (@BBCBreaking) March 29, 2016
Il est 6h36 à l’aéroport de Borg al-Arab, en banlieue d’Alexandrie, lorsque l’Airbus A320 de la compagnie nationale EgyptAir décolle à direction du Caire, pour un vol censé durer 28 minutes. Selon l’Aviation civile égyptienne, 55 passagers et 7 membres d’équipage sont à bord. 21 sont des étrangers : huit Américains, quatre Britanniques, quatre Néerlandais, deux Belges et un Français.
Sauf que 54 minutes plus tard, l’avion est toujours en l’air. Et c’est la tour de contrôle de l’aéroport de Larnaca, dans le sud-est de Chypre, qui reçoit un appel qu’elle n’attendait pas : l’Airbus A320, détourné par un pirate de l’air, est au-dessus de la Méditerranée et fait route vers le pays de l’UE.
BREAKING Airbus A320-20 flight #MS181 from Cairo has been hijacked https://t.co/tqFPgUKUbI pic.twitter.com/1vcw3qpSMX
— AIRLIVE (@airlivenet) March 29, 2016
A 7h50 (8h50 heure de Chypre), l’avion est autorisé à se poser à Larnaca. Une cellule de crise est mise en place. La télévision publique chypriote révèle l’information, qui tombe vers 8h20 sur tous les fils d’actualité du monde. A 8h36, c’est la compagnie EgyptAir qui confirme sur Twitter : « Notre vol MS181 a été officiellement détourné ».
90% des passagers libérés immédiatement
Une communication avec les autorités chypriotes et égyptiennes est mise en place. Le pilote de l’appareil raconte qu’un passager « assurait avoir une ceinture d’explosifs et l’a obligé à atterrir à Larnaca », indique un communiqué du gouvernement égyptien. On apprendra plus tard qu’il n’y avait aucun explosif à bord de l’avion.
Le premier aéroport de Chypre, qui avait déjà été le théâtre de plusieurs détournements d’avions dans les années 1980 et 1990, ferme en urgence. Tous les vols sont détournés vers l’ouest de l’île. L’appareil est désormais isolé sur le tarmac à l’écart du terminal, et le pirate n’a encore émis aucune revendication.
Au terme de premières négociations, l’individu, un Égyptien nommé Seif Eldin Mustafa selon le ministère des Affaires étrangères chypriote, libère la grande majorité des passagers sans heurt. Des dizaines de personnes descendent dans le calme et embarquent dans un bus.
Le pirate demande l’asile – et son ex
L’homme sollicite alors un traducteur : il souhaite déposer une demande d’asile politique auprès de Chypre. Il va formuler une deuxième revendication plus inattendue encore. Son ex-épouse habite dans le village d’Oroklini, à une quinzaine de kilomètres de l’aéroport : il veut la voir à tout prix.
Scène surréaliste rapportée par la télévision chypriote Sigma : celle-ci arrive à l’aéroport, accompagnée d’un enfant. Une liasse de papiers est tendue à une femme en uniforme tandis que celle-ci s’apprête à redescendre de la passerelle : une lettre de plusieurs pages que le pirate de l’air adresserait à son ex-épouse. Le document, écrit en arabe, a été remis à la police et est en cours de traduction.
Dès lors, si les circonstances du détournement ne sont pas encore élucidées, « dans tous les cas ça n’est pas lié au terrorisme », comme l’affirme le président chypriote Nicos Anastasiades en conférence de presse. Interrogé sur la demande du pirate de l’air de voir son ex-épouse, il ajoute sans broncher :
« Il y a toujours une femme ».
« Ce n’est pas un terroriste, c’est un imbécile », renchérit le ministre des Affaires étrangères égyptien. « Les terroristes sont fous mais ils ne sont pas stupides. Ce gars-là l’est. »
Un exemple de demandeur de carte de séjour qui a le mal de mer et qui souhaitait éviter de payer des passeurs criminels .
» On n’est jamais aussi bien servi que par soi même . «