Plusieurs documents retrouvés dans la villa où il a été tué montrent que l’ancien chef d’Al-Qaïda préparait une campagne médiatique d’importance pour les dix ans du 11 septembre et voulait s’en prendre à des intérêts français.
Depuis la déclassification d’une précédente série de documents , en mai dernier, on savait qu’Oussama Ben Laden était obsédé par l’Amérique jusqu’à sa mort le 2 mai 2011. Ces documents avaient été saisis par les soldats américains lors de l’assaut de la résidence où était retranché l’ancien chef d’al-Qaïda, à Abbottabad (Pakistan).
Tuer des otages français
Dans une lettre adressée à son « frère Shaykh Mahmud » , Ben Laden menace directement la France de s’en prendre à des otages, vraisemblablement les cinq Français enlevés à Arlit en septembre 2011. « Si Sarkozy continue de refuser à négocier, alors, une semaine avant l’élection présidentielle, nous tuerons un des hommes, celui au rang le moins élevé dans sa compagnie », écrit-il.
Selon lui, un tel acte pourrait « faire pression » sur le Président français, qui pourrait alors décider de rapatrier plus rapidement les troupes françaises d’Afghanistan. D’après la chaîne américaine ABC , le destinataire de cette correspondance serait un leader du groupe djihadiste somalien des Shebab mais les instructions étaient également adressées à Al-Qaïda au Magresh islamique (Aqmi), qui détenait les otages. Ces derniers seront finalement tous libérés en octobre 2013.
Une campagne médiatique pour les 10 ans du 11 septembre
Un autre document, non daté, montre que l’ancien chef d-Al-Qaïda semblait préparer quelques mois ou années avant le 11 septembre 2011 une importante campagne médiatique. « Le dixième anniversaire des deux attaques de Manhattan doit être préparé avec soin », écrit-il, avant de recommander d’avertir la chaîne de télévision Al-Jazeera que son organisation est « prête à coopérer pour la couverture médiatique ».
Plus loin, Ben Laden explique chercher « une chaîne américaine neutre et professionnelle » pour diffuser ses messages « au peuple américain » car « c’est une opportunité pour nous d’expliquer nos motivations pour continuer cette guerre ». Dans une autre note intitulée « Le discours à l’Amérique » , il menace d’ailleurs de commettre de nouveaux attentats et prévient qu’ils seront « impossibles à découvrir par les agences de sécurité ».
Une paranoïa très forte
Oussama Ben Laden, qui était retranché dans une villa à Abbottabad, au Pakistan, vivait dans la crainte d’être découvert, au point de nourrir une certaine paranoïa. Dans une « lettre à sa femme » adressée à l’une de ses épouses qui vient de se faire soigner les dents en Iran, il dit craindre qu’un mouchard, « de la longueur d’un grain de blé et de la largueur d’un vermicelle », ait été introduit dans le plombage dentaire. « Notre situation sécuritaire ici ne nous permet pas d’aller à l’hôpital sauf si c’est pour une urgence », écrit-il, avant de recommander à son épouse de « prendre garde à [son] matériel médical et de garder [ses] ordonnances après avoir reçu [ses] médicaments ».
Les valises qui transportent les rançons en échange de la libération d’oatges suscitent également la suspicion dans l’esprit de Ben Laden. Dans une autre lettre adressée à des membres d’al-Qaïda qui s’apprêtent à libérer un otage afghan, il leur demande de « se débarrasser » de la valise, par crainte également qu’un mouchard pour le localiser ait été caché à l’intérieur.
Sa fortune léguée pour le djihad
Un document présenté comme son testament et signé, contrairement aux autres, « Usama bin Muhammad », décrit la fortune de l’ancien chef djihadiste placée au Soudan qu’il évalue lui-même à « environ 29 millions de dollars ». Selon ses souhaits, cet argent devra être consacré en grande majorité « au djihad, pour l’amour d’Allah ». Il précise également qu’une partie de sa fortune devra être reversée à différents membres de sa famille ou de l’organisation djihadiste qu’il dirigeait. Impossible de savoir, près de cinq ans après sa mort, ce qu’il est advenu de cette fortune…