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Le Canada contre le boycott ?


Le Canada contre le boycott ?

« Je vous le dis ici de la manière la plus claire: nous condamnons toutes les campagnes de boycott à l’égard des produits israéliens » (Manuel Valls à l’Assemblée nationale)

Nombreux sont les médias qui titraient le 22 février : Le Canada contre le boycott. Qu’en est-il réellement ?

Il y a quelques jours, les conservateurs qui forment l’opposition ont déposé une motion pour demander que  « la Chambre rejette la campagne du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui encourage la diabolisation et la délégitimation de l’État d’Israël, et prie le gouvernement de condamner toute tentative de la part d’organismes, de groupes ou de particuliers du Canada de promouvoir le mouvement BDS, ici et à l’étranger ».  

Immédiatement, 74 organisations dont Les voix juives indépendantes et le PAJU (Palestiniens et Juifs unis) – toujours disposés à hurler avec les loups-  ont adressé une lettre aux députés fédéraux pour leur demander de rejeter cette motion sous prétexte qu’elle brime la liberté d’expression, donc qu’elle viole la Charte des droits et libertés, et donc qu’elle est antidémocratique.

En vérité, nous ne sommes pas dupes et pensons, avec le PM français Manuel Valls, qu’avec le mouvement BDS « On est passé de la critique d’Israël à l’antisionisme et de l’antisionisme à l’antisémitisme », et que ces mouvements de boycott sont surtout et presque toujours, en particulier quand l’antisémitisme est puni par la loi, « le paravent d’un  antisionisme qui bascule dans l’antisémitisme ».

Mais le lundi 22 février, les signataires de cette lettre furent déçus. Contrairement à ce qu’ils souhaitaient,  le Parlement canadien, considérant que le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) « promeut la diabolisation et la délégitimation de l’Etat d’Israël », a alors approuvé la motion par 229 voix pour et 51 contre.

Faut-il en conclure que le Canada est prêt à soutenir Israël contre vents et marées, un peu comme ce fut le cas au temps de Stephen Harper ? Plusieurs raisons me permettent d’en douter.

-Premièrement, on nous affirme qu’aucune pression n’a été exercée sur les députés. Certes, il est fort possible que ce soit vrai, le PM sachant très bien que ses députés se rangeront derrière lui.

Mais ce qu’on ne dit pas ou qu’on laisse à peine entendre, c’est que cette motion a créé une division chez les libéraux. Difficile d’ailleurs de le dissimuler.

 En effet, Radio-Canada n’a pu passer sous silence un tel fait et rapporte que « une quinzaine d’élus libéraux ont refusé, lundi, d’appuyer une motion qui condamne la campagne BDS – Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël ».

On apprend également que plus d’une douzaine de députés libéraux ont préféré rester assis au moment du vote à la Chambre des communes. Quelques-uns auraient même brillé par leur absence. Seuls trois d’entre eux se sont levés pour voter contre la motion : René Arsenault, du Nouveau-Brunswick, Larry Bagnell, du Yukon, et Nick Whalen, de Terre-Neuve.

Et dans le Huffington Post, on pouvait lire que « Plusieurs ont aussi quitté juste avant le vote » au point qu’un député conservateur de la Saskatchewan, David Anderson, s’est demandé sur Twitter « pourquoi ils s’éclipsaient juste avant la motion pour rejeter le mouvement « Boycott, désinvestissement et sanctions »

Ce sont là des faits qui confirment une profonde division chez les libéraux.

-Deuxièmement, il aurait été difficile au PM de rejeter cette motion et, par voie de conséquence, de condamner Israël alors que (1) les associations  juives canadiennes s’étaient réjouies de cette motion et que (2) le tollé suscité par sa déclaration le Jour de l’holocauste est encore dans toutes les mémoires. Il craignait donc  dans une certaine mesure de s’attirer de nouveau les foudres de la communauté juive dont le soutien lui est indispensable.

Bien sûr, ce faisant, il a déplu à ses amis musulmans et le Conseil national des relations arabo-canadiennes s’est empressé de déclarer que la motion anti-BDS allait « contre l’esprit de la liberté d’expression, un droit garanti par la Charte des droits et des libertés du Canada. » Mais Justin était assuré qu’ils lui pardonneraient son geste trois jours plus tard puisque, grâce à lui, le 25 février on célèbrerait la « Journée du hijab », une journée placée sous le signe de la solidarité avec les femmes musulmanes et sous celui de la lutte à l’islamophobie. À cette occasion, les femmes musulmanes et non-musulmanes, coiffées du hijab ou du niqab, selon leur choix, ont été invitées à une réception dans le Salon des conseillers, à l’Hôtel de ville de la capitale fédérale.

Mais il faut aussi signaler que le PM  a pu constater que le mouvement de boycott commence à s’essouffler et que de nombreux pays l’interdisent.

Bien sûr, il y a la France qui, depuis 2003, a adopté des lois pour condamner le mouvement de boycott d’Israël.

Mais il semble bien que d’autres soient prêts à lui emboiter le pas quand ce n’est déjà fait. Ainsi, le gouvernement britannique a d’ores et déjà annoncé qu’il ferait voter une loi qui rendrait illégale toute participation à un boycott d’Israël.

Aux États-Unis, de nombreux États interdisent le boycott : les États de New-York, de la Floride, de la Pennsylvanie, de l’Indiana, du Tennessee, de l’ Alabama et bientôt, l’État de Californie se joindra à eux.

En effet, pour lutter contre le mouvement BDS, un projet de loi est à l’étude. S’il est adopté, il interdira au gouvernement de l’État de Californie de signer des contrats avec des entreprises  « engagées dans des boycotts basés sur la race, la couleur, la religion, le genre ou la nationalité ».

Ajoutons que le mentor de notre PM, le Président Obama,  est lui-même opposé au boycott, sauf en ce qui concerne la Judée-Samarie. En effet, depuis  juillet 2015, une loi américaine stipule que les pays commerçant avec les États-Unis ne devront pas boycotter Israël.

Donc, comme on le voit, Justin Trudeau devait se sentir rassuré : le gouvernement du Canada, en s’opposant au mouvement BDS, serait loin de faire figure d’exception.

-Troisièmement, je reste persuadée que ce n’est pas de gaîté de cœur que le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion,  a déclaré être en faveur de cette motion.

Je rappellerai ici pour mémoire qu’en novembre 2015, si Justin Trudeau déclarait s’opposer au mouvement BDS (« boycott, de désinvestissement et de sanctions ») en ces termes : « Je continue d’être inquiété par les initiatives qui semblent cibler Israël plutôt que d’autres pays. Je pense que c’est important que les consommateurs aient de l’information sur la provenance de leurs produits, mais dans un contexte global, pas dans un contexte qui cible précisément un pays ou un autre »,  le nouveau ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, y allait d’une déclaration contre les colonies juives. En entrevue au Ottawa Citizen, il a affirmé que « la politique officielle du Canada est que les colonies n’aident pas le processus de paix, et je n’ai pas de problème à le dire ».

De même, après les élections, Stéphane Dion a bien laissé entendre que le ton de la relation entre le Canada et Israël changerait. « Prendre uniquement le parti d’Israël, comme les gouvernements précédents sous le Premier ministre Stephen Harper l’ont fait, n’est en fin de compte dans l’intérêt de personne », avait-il dit.  

Bien sûr, les défenseurs du parti libéral nous diront que Justin Trudeau privilégie une approche équilibrée du conflit. Moi, ce que je comprends, c’est que l’État juif ne pourra plus compter sur le vote du Canada pour le soutenir quand seront prises des résolutions contre Israël. Inutile de rappeler qu’Israël pourrait figurer dans le Livre des Records pour le nombre de résolutions prises à son encontre, à l’ONU.

Et le 26 janvier 2016, le Canada, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, s’est empressé de nous prouver une fois de plus qu’il ne souffre aucune comparaison avec le gouvernement Harper. Ainsi, il a déclaré que «  tout geste unilatéral, comme les initiatives pour obtenir de manière unilatérale le statut d’État pour la Palestine ou la construction de colonies israéliennes, n’aident en rien le processus de paix.»,

Autrement dit, il assimile le terrorisme du Hamas et du Fatah pour obtenir que la Palestine obtienne le statut d’État à la construction dans ce qu’il appelle « les colonies »,  laissant entendre par le fait même que la Judée-Samarie a été volée aux Palestiniens. Par conséquent, pour le gouvernement libéral, construire des maisons équivaut à tuer des innocents ! Il serait sans doute bon que M. Dion révise son échelle de valeurs et qu’il se réfère à l’histoire de la Judée et de la Samarie  ou, mieux encore, qu’il se plonge dans l’histoire du peuple juif. Peut-être sera-t-il alors en mesure de tenir des propos acceptables.

Avec de pareilles déclarations, peut-on sérieusement prétendre qu’on est l’ami d’Israël ? Dans ce cas, j’ai presque envie de crier : « Mon D.ieu, protégez Israël de ses amis, quant à ses ennemis il sera capable de s’en charger ! ».

De toute façon, si l’on en juge par le soutien sans faille accordé aux musulmans quand ce n’est pas aux islamistes, tout porte à croire que la relation avec Israël sera pour le moins très ambiguë.

Trudeau va tout mettre en œuvre pour éviter de laisser transparaitre le moindre signe d’empathie à l’égard des Juifs. Et il est fort à parier que ce sera la voie qu’il empruntera pendant toute la durée de son mandat.

La solution au boycott?  En existe-t-il une?

Bien sûr, Israël pourrait boycotter les produits des pays qui soutiennent le boycott des produits israéliens.

Ou encore frapper d’interdiction à l’exportation vers ces pays tous les médicaments israéliens dont le dernier en date, celui qui permet de traiter la leucémie.

Une autre mesure avait été envisagée. En octobre 2015, à l’initiative du député Ynon Magal, le gouvernement avait pensé à faire voter une loi qui interdirait l’accès au pays à toute personne qui « appelle au boycott d’Israël ou l’encourage, ou qui appartient à une organisation qui appelle à ce boycott, ne pourra obtenir un visa ou un permis de résidence ». Mais aucune suite n’a été donnée à cette proposition.

Le mouvement BDS n’est certainement pas la solution au conflit israélo-palestinien. Quand donc la gauche québécoise comprendra-t-elle qu’Israël a été partant pour toutes les solutions pour régler le conflit qui l’oppose aux Palestiniens? Avant de crier haro sur le baudet, il serait souhaitable que  nos gauchistes s’informent sur les Accords d’Oslo. Ils comprendront alors peut-être que la balle était du côté des Palestiniens mais que, comme ces derniers voulaient la totalité d’Israël et la disparition du peuple juif (voir la Charte de l’OLP), ils ont rejeté cet accord.

Bien sûr, le statu quo n’est pas la solution. Pas plus que le retour à la ligne verte. Gaza a prouvé aux Israéliens que les territoires que le gouvernement consent à donner aux Palestiniens en échange de la paix ne leur apportent que la mort.

Quand donc la communauté internationale ouvrira-t-elle les yeux et comprendra-t-elle que la solution n’est pas entre les mains des Israéliens,  mais qu’elle dépend de la bonne foi et de la bonne volonté de leurs adversaires?

© Dora Marrache pour Europe-Israël

Chroniqueuse, Radio-Shalom, Montréal







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