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La Russie en difficulté économique se bat sur les cours du pétrole


La Russie en difficulté économique se bat sur les cours du pétrole

Qui aurait pu prédire, il y a trois ans que la Russie allait connaître une importante crise économique ? Crise d’origine interne, externe ? Quelle politique le Kremlin va-t-il pouvoir mettre en place pour combattre cette situation? Par Gérard Vespierre, associé fondateur de Strategic Conseils, Chercheur Associé à la FEMO Fondation d’Etudes pour le Moyen-Orient.

Qui aurait pu annoncer que Moscou après des taux de croissance de respectivement 4,3 et 3,4% en 2011 et 2012 allait connaître une récession de -4% en 2015 ? Personne.
Quelles en sont les causes ? Des déficiences structurelles dans l’économie russe ? Les sanctions américaines et européennes après le conflit ukrainien ? La baisse spectaculaire du prix du pétrole ?

Les premiers frémissements contre le Rouble

Que s’est-il passé en 2013 ? Les premiers frémissements de baisse du Rouble, très stable par rapport à l’Euro depuis plusieurs années, autour de 40 Roubles pour un Euro, se sont produits à partir du mois de mai (zone coloré dans le graphique ci-dessous). Pour quelle raison ? Les premières déclarations du président russe, menaçant l’Ukraine de sanctions si une signature d’accord économique intervenait avec l’Union Européenne…. Les marchés, les investisseurs, nous le savons, ont horreur des déclarations politiques fortes, des menaces, car elles créent des zones de risques, et ces mêmes intervenants ont une aversion pour les risques, ou tout du moins ils le font payer par une prime… négative.

L’objectif impératif: faire remonter les cours

A partir du moment où le diagnostic est clairement posé, à savoir que les causes sont principalement extérieures, et qu’aucun plan de relance ne pourra modifier sensiblement la situation économique, il ne reste plus rationnellement qu’une seule issue, attaquer le mal à la racine : tout entreprendre pour faire remonter les cours.

C’est donc cette stratégie que le Kremlin a décidé de mettre en œuvre. Deux questions alors se posent : quel est l’interlocuteur privilégié, et deuxièmement comment s’y prendre?

Le tableau ci-dessous dépeint la situation. Issu des statistiques de « l’Energy Information Administration » américain, il prend en compte le cumul de la production de pétrole brut et des distillats légers issus de la production de gaz.

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Il met clairement en évidence que les deux intervenants principaux exportateurs de pétrole dans le marché mondial sont effectivement la Russie et L’Arabie Saoudite.

Qu’il soit permis de reconfirmer à cette occasion que, quels que soient les développements du pétrole de schiste aux Etats-Unis, et les textes réglementaires autorisant l’exportation de pétrole américain, ce pays est et restera un importateur net de produits pétroliers.

Les arbitrages nécessaires à une remontée des cours devront se faire en priorité entre les pays exportateurs leaders, la Russie et l’Arabie Saoudite.

Surtout, ne pas apparaître demandeur

Dans ce grand jeu mondial, les occasions d’échanges entre Russes et Saoudiens ne manquent pas, comme évoqué dans un précédent article publié par Latribune.fr « La Russie, défiée par le prix du baril »
On peut naturellement mentionner les discussions autour du dossier syrien qui fournissent des opportunités d’élargir le débat, comme le disent joliment les diplomates, « à un échange de vues sur la situation mondiale… »

Mais il existe aussi un autre type de dispositif qui consiste à faire intervenir une autre partie prenante… en l’occurrence un pays ami… également mis à mal par cette situation de prix ….le Venezuela.
Il n’aura pas échappé aux observateurs que le ministre vénézuélien de l’Energie et de Minerais Eulogio del Pino vient d’entreprendre une tournée internationale dans plusieurs pays membres de l’OPEP, dont le Venezuela est un des membres fondateurs….
Il n’aura pas échappé également que ce voyage a d’abord débuté par une escale à Moscou, avant de se rendre au Qatar, en Iran, et finalement en Arabie Saoudite, créant ainsi une passerelle supplémentaire de négociation entre pays membres de l’OPEP et hors OPEP, la Russie…..
Il devenait extrêmement urgent d’agir, le baril de Brent étant descendu à… 27 dollars le 20 janvier…

L’importance de l’effet d’annonce

Enfin, toute mission importante se doit d’être judicieusement préparée par une campagne de communication…. Le président du Venezuela, lui-même, Nicolas Maduro, s’est donc empressé d’informer les médias et le monde « qu’un accord était proche pour stabiliser les cours du pétrole »….
A défaut d’accord, il a créé au moins un effet d’annonce….
Dans l’actuelle volatilité boursière et financière, les intervenants du marché pétrolier, dont 90% des mouvements sont purement financiers et donc sans mouvement physique, ont pris pour argent comptant cette annonce, ce qui a permis au cours de rebondir de plus de… 25%… en une semaine…
Il convient d’ajouter que ces 25% ne représentent en réalité qu’une hausse de 7 dollars seulement par baril, le faible niveau des cours en valeur absolue créant arithmétiquement une envolée des pourcentages…
Suite à ces entretiens à Moscou, le ministre russe de l’énergie est même allé jusqu’à indiquer que le cartel pétrolier voulait convoquer une réunion en février non limitée à ses membres et que Moscou était prête à y participer. Il a précisé que l’Arabie saoudite avait évoqué dans le passé la possibilité d’une baisse générale de production de 5%…
Annonce, effet d’annonce… Les très grandes manœuvres ont donc commencé.

A toute manœuvre, contre-manœuvre, l’Arabie Saoudite a donc fini par indiqué qu’aucun accord n’est en vue….
Le président de « Saudi Aramco » a jugé irrationnelle la baisse de prix du baril sous les 30 dollars.

« Le marché est allé trop loin à la baisse, et il est inévitable qu’il se redresse. Si les prix demeurent bas, nous pourrons résister pendant une période prolongée. Evidemment, nous n’espérons pas un tel scenario »,

soulignant que l’Arabie saoudite ne réduirait pas ses exportations pétrolières ni ne donnerait le pas aux producteurs compétitifs.

Pour Moscou, il devient urgent de trouver une issue à cette très difficile situation, les très grandes manœuvres vont continuer.

Source: la tribune

 





Journaliste pigiste Franco-israelien, titulaire d'un master d'histoire du Moyen-Orient à l'université de Jérusalem



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  • One thought on “La Russie en difficulté économique se bat sur les cours du pétrole

    1. el Cid

      à ce jour, selon l’adage « l’espoir à changé de camp »… il nous faut bien admettre que la « morale » a indéniablement changé de camp, les ex infréquentables Russes font, et sans se forcer, la démonstration que la moralité et le courage, tant politique que pratique, sont de leur coté ! Malgré les efforts de propagande occidentale pour les diaboliser. Surfer sur l’image quarantenaire de l’URSS, ne convainc plus que les naïfs… Poutine qui n’est pas ni pire ni meilleur qu’un autre a tout au moins une aura de président « honnête » et défenseur de son peuple, mais aussi des chrétiens et des juifs, en comparaison des « autres ».

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