La condamnation à cinq ans de prison, assortie d’une interdiction définitive du territoire français, d’un Marocain de 37 ans qui se répandait sur internet dans des diatribes jihadistes, a été confirmée mardi par la cour d’appel de Paris.
Accusé d’association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes, Fahd Jobrani, installé au moment des faits à Notre-Dame-de-Bliquetuit (Seine-Maritime), une petite commune près de Rouen, avait été condamné en février dernier.
Identifié en 2012 lors d’une enquête dans une autre affaire, Fahd Jobrani s’était vanté sur un forum sur internet de créer une «katiba», une brigade, pour Al-Qaïda au Maroc. Des heures durant, il se répandait en diatribes contre la France et l’Occident, écrivant : «On ne restera plus derrière nos claviers».
Jugé après l’attentat contre «Charlie» et après celui de l’Isère
Lors de son procès, Jobrani avait fait valoir qu’il n’est pas passé à l’action et qu’il ne l’aurait jamais fait. «Tout ça c’est fictif», avait-il déclaré devant la cour d’appel, cheveux noués en catogan et barbe fournie. Dans son réquisitoire à l’audience du 30 juin, l’avocat général s’en était pris aux «thèses extrémistes» défendues par le prévenu, son «goût démesuré pour les armes, les actions violentes, les actions morbides». Une réunion d’endoctrinement lui était également reprochée.
Le premier procès de Fahd Jobrani avait eu lieu peu après les attentats jihadistes de janvier à Paris. Le second s’était tenu quelques jours après l’attaque contre une usine en Isère. «A chaque fois, il pâtit d’un certain climat», avait plaidé son avocate. Me Laguens avait décrit son client comme «quelqu’un qui parle beaucoup», qui «joue un petit peu les caïds», «les émirs», mais n’avait aucune volonté de partir faire le jihad armé, n’avait ni réseau, ni infrastructures, ni matériel.
L’appel de Fahd Jobrani était principalement motivé par l’interdiction du territoire prononcée en première instance. Le prévenu et son épouse, française, ont «l’impression de ne pas avoir été entendus», a déploré son avocate, Me Anne-Sophie Laguens, pour qui la justice est en train de «briser deux vies en même temps».
vaut mieux briser deux vies que d avoir plusieur morts