La ville du Var a décidé de baptiser une rue du nom de Yasser Arafat. Les esprits s’enflamment et l’opposition porte l’affaire devant la justice.
Quelle mouche a piqué le maire (PS) de La Seyne-sur-Mer, Marc Vuillemot ? Le 2 juin, l’édile a fait voter à la fin du conseil municipal une délibération baptisant six nouvelles artères du quartier Berthe, zone sensible bâtie au début des années 1960 pour faire face à l’afflux de rapatriés d’Algérie et en cours d’une vaste réhabilitation sous l’égide de l’ANRU. On a trouvé de jolis noms pour définir « l’esplanade des mosaïques » et « l’allée des colombes ». Rien à dire non plus sur les rues Le Corbusier et Mère Teresa. Mais un autre choix de patronyme, lui, ne passe carrément pas : une artère, en effet, doit porter le nom de… Yasser Arafat !
Le chef de file de la droite locale, l’UDI Jean-Pierre Colin, demande l’annulation pure et simple de la délibération devant le tribunal administratif de Toulon. « Une conjonction de la gauche et du Front national aboutit au vote d’une rue Yasser-Arafat, nationaliste palestinien, terroriste et antisémite notoire, s’étrangle le centriste. Ce n’est vraiment pas un bon exemple à donner dans le contexte actuel ! Quelle agression ! »
« Il y a aussi une rue Yitzhak-Rabin »
La polémique enfle, mais le maire, lui, que Le Point .fr n’a pu joindre, ne voit pas ce qui fâche et avalise le choix, soulignant qu’il est le fait d’un collectif d’habitants. « Il y a aussi une rue Yitzhak-Rabin dans le quartier, s’est curieusement justifié Marc Vuillemot dans Var matin. Que je sache, les deux hommes ont reçu le prix Nobel de la paix ensemble ! Après, je ne suis pas allé mesurer les deux voies pour savoir laquelle était la plus grande… »
Argument fallacieux que rejette, non sans humour, son opposant.« Quitte à prendre un Prix Nobel, lâche Jean-Pierre Colin, il aurait été bien plus judicieux de choisir le grand écrivain égyptien Naguib Mahfouz, qui a reçu celui de littérature en 1988 ! »
L’élu, candidat aux prochaines régionales, a vraiment du mal à comprendre une telle décision. D’autant que le candidat FN Damien Guttierez a gagné les départementales – avec 53 % des voix au second tour (41 % au premier tour) – et que Marion Maréchal-Le Pen guigne la présidence de la région, Paca. « On excite les gens pour rien », déplore Jean-Pierre Colin qui regrette que le choix ne se soit pas porté sur l’autre nom en lice pour baptiser cette artère. Il s’agissait, en effet, de celui bien plus pacifique de… Zinédine Zidane.
Jérôme Cordelier
Encore un âne qui porte les reliques d’une fortune dilapidée pour rien.