Contre le terrorisme, le refus du silence : Charb l’ouvre encore
« L’urgence et l’émotion », ça vient évidemment des attentas de Charlie il y a 3 mois. La plus grande arme contre le terrorisme reste le refus du silence. D’ailleurs, Charb l’ouvre encore. C’est dans l’Obs, en exclusif, « le dernier livre choc du directeur de Charlie Hebdo » paraît là, maintenant.
On la capte en couv’« Le testament de Charb ». Son visage pleine page. Fond bleu. Rien d’angoissant. Rien de misérabiliste. Juste yeux dans les yeux. Visage dessiné. Regard présent. Apaisé. « Deux jours avant sa mort, le 5 janvier 2015, Charb avait mis la dernière main à ce livre qui lui tenait comme aucun autre à cœur ».
Un livre adressé aux collectif de rappeurs qui avait réclamé « un autodafé pour ces « chiens de Charlie Hebdo », aux politiques qui les avaient traités d’irresponsables, aux « intellectuels terrorisés », aux « vieux clowns moralistes ».
Aujourd’hui, recadre-t-on dans l’Obs, « le plaidoyer pro domo de Charb est évidemment porteur d’une charge émotive unique en son genre », d’autant qu’en « en lisant cette lettre ouverte, on s’en rend compte surtout, tous les éléments étaient réunis pour que la tragédie advienne, pour que deux logiques, l’une et l’autre implacables se percutent un jour violemment ».
- Et l’hebdo de nous en offrir déjà quelques passages. Lisez plutôt Charb : « ceux qui accusent les dessinateurs de Charlie Hebdo d’islamophobie chaque fois qu’un personnage porte une barbe ne sont pas seulement malhonnêtes ou de mauvaise fois gratuitement, ils montrent leur soutien à l’égard de l’islam radical. Lorsqu’on dessine un vieux qui commet un acte pédophile, on ne jette pas l’opprobre sur tous les vieux, on ne laisse pas entendre que tous les vieux sont pédophiles (ni l’inverse)… ».
- « Les militants communautaristes qui essaient d’imposer aux autorités judiciaires et politiques la notion d »islamophobie’ n’ont pas d’autre but que de pousser les victimes de racisme à s’affirmer musulmanes (…)
L’islamophobie, nouvel antisémitisme ?
« En 1931, existait-il un terrorisme international qui se réclamait du judaïsme orthodoxe ? Des djihadistes juifs menaçaient-ils d’instaurer l’équivalent de la charia en Libye, en Tunisie, en Syrie, en Irak ? Un rabbin Ben Laden avait-il envoyé un biplan s’écraser contre l’Empire State Building ? (…) Non, l’islamophobie n’est pas le nouvel antisémitisme. Il n’y a pas de nouvel antisémitisme, il y a ce vieux, hideux et immortel racisme. Un racisme dont sont victimes des populations d’origine musulmane. »
Une logique radicale, « ultra courageuse et parfois très butée ». Une « Lettre ouverte aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes » pour ne pas céder aux intimidations. Il l’ouvre donc grandement. Encore.