Pour dénoncer le harcèlement sexuel, une artiste afghane s’est promenée vêtue d’une armure en acier dans les rues de Kaboul. Une performance courageuse qui a bien failli tourner au lynchage. Témoignage…
« Je vis désormais cachée chez des amis dans la banlieue de Kaboul »
Je me disais qu’il fallait que je réagisse, que je me batte, que je réponde aux insultes que me lancent les hommes dans la rue. Et puis j’ai réalisé que ce n’était finalement pas tenable, car c’était usant. J’ai donc décidé de faire cette performance pour montrer aux hommes que leur comportement est indécent, pour leur faire comprendre le calvaire que vivent les femmes au quotidien.
J’ai l’habitude de traverser ce quartier tous les jours et toutes les femmes s’y font harceler.
Avant de commencer, je m’attendais à ce que je sois poursuivie par une foule hostile et j’ai prié pour ne pas me faire assassiner. Je ne me suis malheureusement pas trompée, des hommes ont vite commencé à me suivre et à m’insulter. Certains se sont même mis à me lancer des pierres.
Personne n’avait l’air de saisir le sens de cette action de protestation. En voyant la scène, un petit garçon s’est mis à crier, déçu : « Elle s’est couverte de fer pour que personne ne puisse la toucher ! »
Seuls quelques amis et journalistes qui suivaient ma performance ont tenté de s’interposer quand la foule m’a prise à partie. Certains nous donnaient des coups de poing et des coups de pieds. Certaines amies qui m’accompagnaient m’ont dit qu’elles ont subi des attouchements.

L’une des pratiques dont raffolent certains hommes, c’est de pincer les femmes dans la rues. Ils nous pincent tellement fort qu’ils laissent des bleus. Ces individus sont issus de toutes les couches sociales : des illettrés, des étudiants, des riches, des pauvres.
Je pense que le règne des Taliban puis les 13 ans de guerre qui ont suivi ont détruit nos valeurs et notre culture. La montée de l’extrémisme et la violence ont généré des frustrations qui expliquent aujourd’hui ces comportements déviants.