Probablement pas seulement pour les protéger des terroristes. Une émigration européenne stable et de longue durée permettrait de répondre aux défis démographiques du pays.
Le Premier ministre israélien ouvre grand les portes d’Israël à 1,1 million de Juifs d’Europe, après une série d’attaques meurtrières contre des cibles juives sur le continent. « Nous nous préparons et appelons à l’absorption d’une immigration de masse venue d’Europe», a déclaré Benjamin Netanyahu après les meurtres les plus récents, dans une synagogue de Copenhague le 15 février.
Fournir un refuge sûr pour les Juifs a toujours été au cœur de l’identité d’Israël. Aliyah, le terme hébreu pour l’immigration juive vers la Terre promise, est un principe fondamental du sionisme. Mais Israël a d’autres raisons de vouloir attirer plus d’immigrants juifs d’Europe.
L’immigration en Israël est tombée brusquement après l’énorme afflux consécutif à l’éclatement de l’Union soviétique. Au cours de la dernière décennie, moins de 20 000 immigrés sont arrivés chaque année, pour l’essentiel en provenance des anciennes républiques soviétiques et d’Ethiopie. Ian Lustick, politologue à l’Université de Pennsylvanie, qui a étudié l’immigration israélienne, décrit un grand nombre de ces immigrants récents comme venant principalement pour des raisons économiques. Certains ont des liens relativement ténus avec le judaïsme, par exemple, un grand-parent juif. Environ 75 pour cent de la population d’Israël est maintenant juive, en recul par rapport aux années 1960 où elle était juive à près de 90 pour cent.
Les juifs d’Europe occidentale, en revanche, ont généralement des liens plus forts avec le judaïsme et ils manifestent un intérêt pour Israël. Les arrivées d’immigrants ont fortement augmenté l’an dernier, ceux de France étant de 7000 sur un total de 26 500, plus que tout autre pays. La France possède la plus grande population juive d’Europe et a également subi plusieurs attaques terroristes contre des sites juifs, y compris une fusillade qui a tué quatre personnes dans un supermarché casher à Paris le 30 janvier.
En essayant d’attirer plus d’immigrants juifs d’Europe, Israël pourrait aussi compenser l’augmentation du nombre de citoyens qui quittent le pays. Le nombre des départs à l’étranger est faible: environ 7100 personnes émigrent chaque année, moins d’un dixième des 1 pour cent d’une population de 8 millions, selon les données les plus récentes du Bureau Central de Statistiques d’Israël. Ce chiffre est basé sur le nombre de citoyens israéliens, autres que les étudiants, qui quittent le pays et ne sont pas revenus après une année; le nombre comprend de nombreux jeunes en début de carrière. Alors que le nombre total reste faible, le décompte des émigrés a suivi une hausse constante au cours des dernières années. Dans une enquête de 2013, environ un tiers des Israéliens ont dit qu’ils avaient envisagé d’émigrer.
Berlin est devenu l’une des destinations les plus populaires pour les jeunes expatriés israéliens, qui apprécient la scène culturelle dynamique de la ville et le coût relativement faible de la vie. Quelques 17 000 Israéliens vivent maintenant dans la capitale allemande, selon l’ambassade d’Allemagne à Tel Aviv. Les autorités de Berlin disent que le nombre a augmenté de 40 pour cent depuis 2006. « Beaucoup d’Israéliens déménagent à Berlin et en Europe en général, en raison à la fois de bonnes opportunités d’emplois et parce que les Israéliens aiment à explorer, » dit Elad Jacob, 32 ans, musicien israélien qui vit aujourd’hui à Munich. »En tant que musicien chantant en anglais, j’ai trouvé un public plus large ici en Europe. » Un autre immigrant d’Israël en Allemagne, Naor Narkis, a suscité un tollé l’année dernière quand il a créé une page Facebook pour encourager les Israéliens à s’installer à Berlin.
Est-ce que les Juifs européens qui acceptent l’invitation de Netanyahu finiront par rester en Israël? Le gouvernement israélien ne publie pas de chiffres sur cette question, et les estimations non officielles sur la rétention des immigrants sont très variables. L’Institut Myers-JDC-Brookdale basé à Jérusalem, un groupe de recherche de pointe, estime que 12 pour cent des 1,5 millions d’immigrants de l’ancienne Union soviétique ont finalement quitté, la plupart ayant opté pour d’autres pays plutôt que de retourner dans leurs anciens foyers.
L’intégration globale des immigrés russes a été «très réussie», dit Jack Habib, directeur de l’institut. Mais de nombreux immigrants soviétiques ont souffert de « mobilité descendante » parce qu’ils ne pouvaient pas trouver un emploi correspondant à leurs qualifications professionnelles. Environ 25 pour cent des immigrants soviétiques ont «d’importants problèmes financiers,» dit-il, y compris beaucoup de ceux qui sont maintenant âgés et dépendants de l’aide du gouvernement parce qu’ils sont arrivés sans épargne ni retraite.
Les nouveaux venus en provenance d’Europe occidentale sont susceptibles d’avoir plus de ressources financières, mais la question est de savoir si Israël sera en mesure de les retenir. Lustick de l’Université de Pennsylvanie estime que 40 à 50 pour cent des personnes qui émigrent en Israël en provenance des pays occidentaux finalement repartent. «Beaucoup de gens viennent en Israël avec des idées brillantes dans leur tête, et ils trouvent que le pays n’est pas comme ça. Il est cher, et Israël est un environnement assez rude, très concurrentiel. » Cela est particulièrement vrai pour les Européens occidentaux habitués à des protections sociales généreuses.
Quant à l’aliyah, Lustick voit seulement un groupe qui remplit partiellement l’idée: Certains riches Européens et Américains achètent des appartements de luxe à Jérusalem et Tel Aviv, mais y restent seulement une partie du temps. «C’est la flex-aliyah,» dit-il.
Carol Matlack – 20 février 2015
Traduction Europe Israël
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J ENCOURAGE LE PEUPLE JUIF A RETOURNER EN ISRAEL CAR CEST LEUR TERRE PROMISE ET SURTOUT EMPËCHER QU IL Y A UN ETAT PALESTINIEN