Selon la chercheuse Marion van San, la tentation de partir en Syrie est plus grande chez des jeunes qui ont fait des études et embrassé pleinement le style de vie européen. Dérangeant. Vu de Flandre
Dans le débat mené en Flandre sur les mesures à adopter à l’encontre des Belges qui voudraient partir comme combattants en Syrie, une chercheuse néerlandaise émet une opinion pour le moins dissonante.
Marion van San, sociologue à l’université Erasme (Rotterdam), analyse depuis plusieurs décennies les comportements de jeunes issus de l’immigration. Ces cinq dernières années, elle s’est penchée sur le radicalisme islamique parmi ces jeunes. Sur la base de ses recherches, la sociologue néerlandaise écarte l’idée préconçue que la problématique d’intégration à notre société occidentale soit liée à la tentation de se rendre en Syrie.
La majorité des combattants européens en Syrie n’appartiennent pas à des familles vivant aux crochets de la société. Ce sont en général des jeunes très bien acclimatés à notre culture. Selon la chercheuse, qui a suivi une centaine de familles de combattants, la théorie selon laquelle leur décision est le fruit d’une frustration causée par le manque d’opportunités, conséquence du chômage ou de la situation précaire de leur famille, est tout à fait fausse. Le radicalisme des combattants n’est pas lié à la pauvreté, dit-elle.
Ce n’est pas la première fois que Mme van San se fait remarquer en Flandre en rejetant une opinion politiquement correcte. Déjà en 2001, son étude sur le comportement des jeunes maghrébins avait suscité une polémique. Le débat parlementaire sur son rapport, commandé par le gouvernement flamand et démontrant noir sur blanc que le taux de délinquance juvénile au sein de la communauté maghrébine est nettement plus élevé que la moyenne flamande, n’a jamais eu lieu.
Ses récentes prises de position sur le phénomène des jeunes jihadistes risquent de subir le même sort. Entre 3 000 et 5 000 Européens sont déjà partis faire le jihad et on n’a aucune idée du nombre de jeunes Belges qui seraient tentés de suivre l’exemple. Nos hommes politiques s’empressent à chaque occasion de prétendre qu’il s’agit d’un phénomène marginal, une affirmation quelque peu gratuite.
A Anderlecht, une pétition demandant la démission d’un professeur d’histoire, ayant fait valoir que des caricatures ne justifient pas des assassinats, n’avait pas l’air d’être un phénomène proprement marginal. A Alost, l’Institut technique libre a dénoncé deux de ses élèves à la police parce qu’ils encensaient l’EI sur leur profil Facebook. Bientôt, n’importe quel comportement déviant risque de mener à des perquisitions. En l’absence d’un antidote à ce fanatisme, on se limite souvent aux stéréotypes sur la pauvreté comme source de frustration. En même temps, une sorte de paranoïa semble s’installer.
A en croire Marion van San, espionner les jeunes qui se font remarquer par un comportement bizarre ne servira pourtant à rien. La tentation de partir en Syrie serait même plus grande chez des jeunes qui ont fait des études et qui ont embrassé pleinement le style de vie européen. Marion van San a constaté que beaucoup de combattants belges ou néerlandais en Syrie se sont livrés à une immersion totale dans notre culture. Avant de quitter le cocon familial, ils ont souvent cherché leur bonheur dans les boîtes de nuit, la consommation d’alcool et de drogues légères.
Bien que les différences avec la situation actuelle soient évidentes, on ne peut s’empêcher de penser aux années soixante. Les membres de la Fraction armée rouge, tout comme d’autres révolutionnaires européens, étaient souvent issus de familles respectées aux convictions religieuses nobles. Aujourd’hui, les combattants en Syrie semblent être plus nombreux et s’ils ont vécu une jeunesse assez banale, la question n’en est que plus difficile : quelles sont les raisons d’un tel rejet de nos valeurs ?
l’Assassin de la Tuerie de Toulouse venait d’une cité de Toulouse
L’Assassin de la Tuerie de Bruxelles venait de cité
L’Assassin de l’Hypercasher venait d’un milieu défavorisé
etc, etc , etc,
Fabrice Hadjadj apporte des éléments de réponse à cette question