Depuis le début de l’opération en janvier, le commandement a recensé 371 incidents contre la troupe. Cette « posture » va changer. Les militaires la jugent dangereuse pour les soldats.
Parmi eux, « des reconnaissances, prises de vue ou films » et « 14 agressions graves, que ce soit au couteau, par laser, voire coup de crosse », dont l’attaque au couteau du 3 février à Nice. Autre cas, début février à Etampes (Essonne), au sud-est de Paris : un jeune homme a été repéré à plusieurs reprises par les militaires, avant d’être identifié comme membre d’une fratrie de trois récemment revenue du Yémen. A Savigny-sur-Orge, une voiture a délibérément foncé sur les barrières qui protégeaient un lieu communautaire juif. Plus récemment, un homme a tenté d’arracher son fusil à un militaire en patrouille au Trocadéro à Paris avant d’être maîtrisé.
L’effectif a atteint 10 412 hommes le 15 janvier dans l’opération rebaptisée Sentinelle, selon les tableaux de l’état-major opérationnel de l’armée de terre. Hors cas de force majeure, cet effort, décuplé par rapport au régime de croisière de Vigipirate, est prévu dans les plans gouvernementaux comme un maximum, et sur une « courte durée ».
Les armées étaient déjà déployées sur les opérations extérieures au maximum de leurs capacités (pour l’armée de l’air) ou même au-delà du contrat prévu dans le Livre blanc de la défense de 2013, avec 9 500 soldats au total. Depuis les attentats, pour la première fois, elles ont engagé simultanément autant de soldats sur le territoire national et à l’étranger, du Sahel à l’Irak. Les responsables militaires plaident pour une adaptation de Vigipirate.
L’objectif qui est à l’étude est de faire diminuer l’effectif militaire par paliers, pour le porter à 7 500 prochainement, puis 3 000. Tout en changeant la façon d’agir.
Au total, 154 unités ont été déployées sur 722 sites classés « sensibles » par les préfets. Une partie d’entre eux (120) formaient la couverture classique du plan Vigipirate. Y ont été ajoutés pour l’opération Sentinelle 592 sites confessionnels, dont la plupart ont jusqu’ici fait l’objet d’une garde statique et près de 200 étaient surveillés 24 heures sur 24, même si les locaux étaient vides.
Cette « posture » va changer. Les militaires la jugent dangereuse pour les soldats, régulièrement pris pour cible, et usante à terme pour tout l’édifice.
Trop dangereux pour les soldats mais pas assez pour les Juifs ?