Ce procès était le premier en matière de terrorisme depuis les attentats de la semaine dernière à Paris et à Montrouge. Trois jeunes Français accusés d’avoir voulu se rendre au Yémen ou en Somalie en 2012 pour y faire le djihad ont été condamnés, vendredi 16 janvier, à des peines de quatre à dix ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris.
Les trois prévenus, originaires du Havre, faisaient partie d’un groupe de six personnes arrêtés à Djibouti en 2012. Expulsés par les autorités djiboutiennes, deux des prévenus avaient été placés en garde à vue à leur retour en France, le troisième est toujours recherché et a été jugé en son absence. D’après le procureur, Djibouti devait servir de « tremplin » pour rejoindre le Yémen et Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) ou les islamistes Chabab, en Somalie.
UN PRÉVENU TOUJOURS RECHERCHÉ
Jugé par défaut puisqu’il n’était ni présent ni représenté, Abdoul M’Bodji, 32 ans, est condamné à la peine la plus importante : dix ans de prison, avec une période de sûreté des deux tiers. L’homme était connu de la Direction générale du renseignement intérieur (DCRI, devenue depuis DGSI) pour son radicalisme religieux. Bien qu’on ignore s’il est ou non en vie, il fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt.
Abdoul M’Bodji avait également été en contact avec la cellule niçoise du groupe djihadiste Forsane Alizza. Il a été vu au sein de la « police islamique » de Tombouctou, au Mali. Son frère Sileymanie, 27 ans, décrit comme « plus suiveur dans le processus de radicalisation » par le procureur, a été condamné à six ans de prison. Il avait été interpellé à l’aéroport d’Orly.
Le troisième prévenu, âgé de 30 ans, a été condamné à quatre ans de prison, dont un avec sursis. Il n’a pas fait l’objet d’un mandat de dépôt à l’audience et a donc pu repartir libre.
370 FRANÇAIS DANS LES RANGS DE L’EI EN IRAK ET EN SYRIE
Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), que les prévenus envisageaient de rejoindre, a revendiqué mercredi l’attentat contre le siège du journal Charlie Hebdo. Les Chabab somaliens ont également rendu hommage à leurs auteurs présumés, Chérif et Saïd Kouachi, saluant des « héros ». Chérif Kouachi avait lui séjourné au Yémen en 2011.
Selon le ministère de l’intérieur, environ 1 130 ressortissants français repérés par les services de renseignement étaient impliqués à des degrés divers dans les filières djihadistes au début de novembre. Parmi eux, 53 seraient mineurs.
A cette date, 268 Français avaient clairement exprimé leur désir de partir gonfler les rangs de l’organisation Etat islamique, selon le procureur de la République de Paris, François Molins, et 370 d’entre eux seraient actuellement en Syrie et en Irak. Parmi eux, il y avait 88 femmes et 10 mineurs.
Depuis 2012, 51 Français seraient morts en Irak et en Syrie, dont six originaires de la ville de Lunel (Hérault).
Elle est terrible d’efficacité la justice française !!!!