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Charlie Hebdo : Désolée, je ne pardonne pas !


Charlie Hebdo : Désolée, je ne pardonne pas !

Le camp du déni réinvente le langage de l’excuse. Si j’ai bien compris, dans la nouvelle France réconciliée, on a le droit de s’engueuler sans se fâcher ni s’insulter. Après tout, le pire hommage qu’on pourrait rendre à Charb, Cabu et les autres serait de les ensevelir dans la guimauve du consensus mou. Alors, que les survivants ne m’en veuillent pas, mais leur nouvelle « une » m’a passablement déconfite. Le mot « pardon », désolée, mais ça ne passe pas.

Dommage, car pour l’essentiel, Luz avait réussi l’exploit d’être vachard sans gâcher la fête: avec sa larme à l’œil et sa pancarte « Je suis Charlie », son Mahomet est à l’unisson de la belle humeur fraternelle du moment, prêt à souffrir avec nous, ce qui, après tout, est le boulot d’un prophète. Ce dessin s’amuse sans méchanceté, et même avec tendresse. Miraculé et en première ligne, Luz est en mode aimant: le prophète des dessinateurs, dit-il en substance, est un petit bonhomme très sympathique, bien plus que celui des islamistes. Il aurait eu toute sa place dans la manif républicaine de dimanche. Mahomet avec nous ! Peut-on imaginer message plus apaisant ?

L’ennui, c’est qu’il n’apaise pas tout le monde. En réalité, et Luz le sait, le simple fait de représenter le Prophète est un pied de nez aux assassins, c’est-à-dire un acte de courage, inouï dans les circonstances actuelles. Peu importe aux brutes que le prophète soit ou non à son avantage, le dessiner, c’est l’offenser, point barre. Bon, ça passera pour cette fois mais après, tolérance zéro, on vous aura prévenus : Avec un spectaculaire sens du symbole, Amar Lasfar, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), a averti qu’il saisirait la justice si Charlie publiait une nouvelle représentation du prophète. Les douze morts de Charlie n’ont pas non plus ébranlé les certitudes d’Abdallah Zekri, membre du CFCM et président de l’Observatoire contre l’islamophobie : « Ça va mettre de l’huile sur le feu, déclare-t-il au Figaro.

Je ne veux pas être désobligeant avec ces journalistes, mais ils continuent la provocation (…) Mahomet, Mahomet, toujours Mahomet… Il est mort il y a 15 siècles! ». Après l’incendie qui avait détruit les locaux de l’hebdo en 2011, Charb avait croqué en « une » un homme des cavernes, tenant de l’huile dans une main et le feu dans l’autre, avec cette légende : L’invention de l’humour.

charb-charlie-humour

Apparemment, la bonne nouvelle n’est pas parvenue à monsieur Zekri, ni à la presse américaine qui, d’après Richard Malka, l’avocat de Charlie (et de Causeur !) a décidé de ne pas publier cette « une ».

Quant à la direction de Canal +, elle doit ignorer que l’islam est une religion de paix et de tolérance : Elle a prudemment refusé de diffuser une chronique illustrée par un dessin de Charb. Notre copain et confrère n’a pas encore été enterré, et Canal se soucie de ne pas froisser ceux qui ont contribué, par leurs attaques et dénonciations répétées, à affermir la haine des tueurs.

Dans une tribune hésitant entre sottise et abjection parue dans Libération, Laurent Chalumeau, écrivain de son état, s’interroge faussement. « Que ‘’nous’’ reprochaient ces gens ? Quelques crobards de Mahomet cul nu ? Allons ! Un peu de sérieux. Personne ne tue pour ça. Pourquoi, alors ? Pourquoi tant de haine ? » Bien entendu, l’expert en haine a la réponse : Ce n’est pas sur la liberté d’expression qu’on a tiré, mais sur « nous », « nous qui, depuis des années, faisons tout, jour après jour, pour pousser des Français arabes à la faute » – parle pour toi mon vieux. Et au bout de son viseur, Chalumeau finit par trouver Zemmour, quelle surprise. En somme, si d’aimables jeunes gens sont devenus des meurtriers fanatiques, c’est parce que Zemmour les a énervés. Il fallait oser.

Si je m’attarde sur ces élucubrations, c’est qu’elles montrent que certains cerveaux sont  décidément imperméables au « réveil des consciences » dont chacun se félicite.

Déjà le camp du déni, droit dans ses bottes, invente le nouveau langage de l’excuse. Ici, Benoît Apparu dénonce le « totalitarisme laïcard » – saviez-vous que le laïcardisme a tué à Paris ? –, là des professeurs se flagellent parce que « nos enfants ont tué nos frères », ailleurs des responsables associatifs et autres défenseurs de la « laïcité ouverte » appellent au respect des religions – et pendant ce temps Edwy Plenel lutte contre le Front national. Tous parviennent peu ou prou à la même conclusion : C’est « nous » qui avons fabriqué les frères Kouachi et Coulibaly. Enfin, nous, c’est une façon de parler. Parce que quand Chalumeau, Zekri et les autres disent « nous », ils veulent dire « vous », vous les salauds, les réacs les beaufs racistes.  Nous, quoi.

On l’aura compris, ce qui nous plombe, si on ose dire, ce n’est pas le refus de la critique, ce n’est pas la haine du pluralisme, c’est la critique, c’est le pluralisme lui-même. Face à un aveuglement aussi stupéfiant, le message presqu’évangélique du Charlie des survivants met encore plus mal à l’aise.

Tout est pardonné ? Qui est pardonné ? Qui pardonne ?

Interrogé sur France Info, le rédacteur en chef Gérard Biard a balayé toute ambigüité. « C’est nous qui pardonnons », a-t-il affirmé.

Pardon ? Pardonner ? Aux assassins ?

Non, pas aux assassins, dit-il.

Mais alors à qui ? À ceux qu’il a offensés ? – ça va faire un paquet de monde.

À ceux qui, depuis 2006, dénoncent, accusent, font des procès ? Aux  confrères aujourd’hui extatiques qui, toutes ces années, faisaient la moue : « La liberté, d’accord, mais tout de même ils exagèrent » ?

À tous ceux qui, depuis des années, prônent l’apaisement face aux islamistes ? À ceux qui n’étaient pas place de l’Hôtel de Ville après l’incendie de novembre 2011 ?

Et puis, pour être pardonné, il faut demander pardon, y compris, me semble-t-il, chez les catholiques qui l’ont plus facile que les autres.

Mais au contraire, tous ceux qui, depuis des années, ne veulent rien voir, rien entendre et rien savoir se félicitent de n’avoir rien vu et nous enjoignent encore de nous bander nous-mêmes les yeux.

La France est en guerre, on nous l’a assez répété.

Alors l’heure n’est pas au pardon, mais au combat.

Non, décidément, je ne pardonne pas. Ni aux assassins, ni aux aveugles.

*Photo : PALACIO DOMINIQUE/SIPA. 00701762_000019.

Source : Causeur, Elisabeth Levy





Psychosociologue, consultant sur les questions de conflits, crises, violences et débriefing dans tous les secteurs où ces problèmes se posent.



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  • 9 thoughts on “Charlie Hebdo : Désolée, je ne pardonne pas !

    1. patricia

      des musulmans qui se trucident entre eux au nom de qui au nom de quoi, ca choque pas le zekri, c est bizarre ca !
      Commencer a chanter le chant des partisans
      entends tu le vol noir des corbeaux

    2. Le Pog

      Chrétien je suis et j’avoue humblement, j’ai bien du mal à pardonner.
      De pardonner à tous nos politiciens Français qui depuis 50 ans trahissent la culture, l’identité de notre belle France Chrétienne. D’avoir permis et fait de notre société, une société de communautarisme, bientôt une société Libanisé.
      Oui j’ai bien du mal à pardonner et je le regrette. Honte à cette engeance de malheur. Français réveillez-vous !!

    3. capucine

      je ne pardonne pas non plus !! il y a eu 17 victimes qui eu une mort violente ?
      c’est impardonnable !!
      il y a encore 1200 mérah dans la nature , comment le gouvernement va t ‘il gérer la situation ?

    4. robert haim

      merci elysabeth levy,je pense de meme ,et cette premiere page de CHARLIE
      est encore et toujours le meme discours mieleux et collant aux neuronnes
      pas besoin de politiquement correct,et je n’acheterais pas,on ne defile pas
      avec des terroristes abbas,jordanie et tous les invites enturbannes d’hollande
      UNE HONTE

    5. bataille de Tourtour

      Non,moi non plus, je ne pardonne pas:je suis chrétienne et je ne pardonne pas.Je ne pardonne rien:ni les assassinats judéophobes, ni les assassinats « Charlie ». Ni les chrétiens d’Orient, ni les yézidis, ni les nigérianes violées.Ni les enfants de Peshawar,ni les tours de Manhattan.Rien .
      Je suis chrétienne, et alors ? Il y a un christianisme de combat, ne l’oublions pas.Sinon, ni Charles Martel ni Jeanne d’Arc n’auraient tiré l’épée contre l’envahisseur.Avant eux , saint Augustin a esquissé la théorie de la « guerre juste » et est mort l’épée à la main sur les remparts d’Hippone attaquée par les Vandales.Non, rien de rien, non, je ne pardonne rien. Et pas davantage nos politicards et leurs laquais (médias et autres chiens galeux) qui depuis plus de quarante ans, ont dévasté, saccagé, ruiné la France.
      Que Dieu leur pardonne.
      Moi, je ne suis qu’un être humain.

    6. Joelle B

      j’ ai aussi été choquée par cette couverture.
      1 qui pardonne quoi à qui ?
      est-ce à la nouvelle équipe de pardonner à la place des familles en plein chagrin ? à la place des blessés qui ont peut-être des mois de souffrance dans les hôpitaux et peut-être des séquelles à vie en perspective ?
      doit-on pardonner à qui ne regrette rien ?
      à toutes ces questions je réponds non. et pourtant je suis chrétienne.

      2 mahomet la larme à l’ oeil :
      c’ est fou le nombre de gens qui jugent de choses qu’ ils ne connaissent pas. c’ est comme Fourest qui a dit à la télé que mahomet aurait surement eu plus d’ humour que ces djihadistes ! on croit tomber sur la tête.
      en réalité il n’ avait pas d’ humour, détestait les poètes, et avait un égo et un orgueil surdimensionné. en réalité il a fait tuer tous ceux qui se moquaient de lui, et s’ est donné en exemple à suivre. en réalité c’ est ce que ces djihadistes ont fait, l’ imiter.
      je crains que cette une irrite les musulmans 2 fois, 1 fois parce que mahomet est représenté, et 1 seconde fois parce qu’ ils vont le voir représenté en femelette !

    7. Pat

      Je ne l’ai pas saisi comme cela .

      J’ai compris que sur le dessin c’est Momo qui dit ‘ tout est pardonné « par rapport aux dessins et ajoute  » Je suis Charlie  »

      Je ne pense pas que les rescapés de Charlie Hebdo aurait pu s’aplatir devant une telle ignominie et une telle horreur .

      NE BAISSONS PAS LA GARDE . NOUS SOMMES EN FRANCE ET FRANCAIS AVANT TOUTE RELIGION .

    8. Pat

      Je ne l’ai pas saisi comme cela .

      J’ai compris que sur le dessin c’est Momo qui dit ‘ tout est pardonné « par rapport aux dessins et ajoute » Je suis Charlie »

      Je ne pense pas que les rescapés de Charlie Hebdo auraient pu s’aplatir devant une telle ignominie et une telle horreur .

      NE BAISSONS PAS LA GARDE . NOUS SOMMES EN FRANCE ET FRANÇAIS AVANT TOUTE RELIGION .

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