Europe-Israel.org et les chroniqueurs de KISSRAEL vous proposent de découvrir plusieurs récits authentiques d’Alyah. Nous avons pensé utile de laisser parler les juifs de France qui ont décidé de venir s’installer en Israël. Ils sont tous de parfaits anonymes, des juifs du quotidien, ils ont pu être nos camarades de classe, un collègue de travail, un membre de notre famille. Ils ont tous décidé de mettre fin à 2000 ans d’exil. Voici le troisième récit d’Alyah, lequel j’espère. sera l’étincelle d’espoir qui manque à votre courage.
Ruben Wizmann pour KISSRAEL.
Je m’appelle Yaël Ben Ghozi, j’ai 35 ans et il y a 15 ans jour pour jour j’arrivais en Israël.
Je suis née à Rennes et y ai vécu jusqu’à l’âge de 19 ans dans une famille traditionnaliste.
Scolarité en milieu laïque uniquement, forcement en habitant à Rennes, on ne pouvait pas demander mieux !
Donc 12 ans d’études en France en cursus des plus banals dans un environnement hostile et peu propice à l’intégration d’une petite fille puis adolescente au prénom et nom juif qui ne pouvait en aucun cas tromper mes origines.
Alors quand les insultes telle que « sale juive » et les rejets des enfants à être ami avec moi prennent le dessus, une seule solution s’offrait à moi : se tourner vers les enfants qui comme moi étaient « différents ». Et si incongrue que cela fut-il, mais meilleurs amis en primaire, au collège et même au lycée furent pour la plus part des musulmans !
« les rejetés » , « les exclus », et j’en passe, des surnoms, nous n’en manquions pas et par force nous finissions même par en rire.
Mes dernières années de lycée furent déterminantes pour la suite de ma vie : j’avais enfin trouvé la filière qui me correspondait (communication, comptabilité et gestion d’entreprise) pour finir mes études et obtenir le bac.
Mais contre toute attente et surement une énorme surprise pour tous, l’été 1998 fut le déclencheur d’une prise de conscience que ma vie ne continuerait surement pas en France.
Eté 1998 : (que de souvenirs !!) Même si ce n’étaient pas mes premières vacances en Israël, celles-ci auront surement été les plus belles et les plus significatives qui déclenchèrent en moi un amour inconditionnel pour ce pays magnifique dont je ne connaissais ni la langue ni la véritable vie !
Deux mois de « sionisme intense » débutant par un mois de volontariat dans l’armée de l’air, suivi de deux semaines de farniente sur les plages de Tel Aviv entourée d’amis et de ma famille m’ont permis de conclure par LE déclic enchanteur et surprenant : « l’année prochaine à Jérusalem ! Mais cette fois pour de vrai ! ». C’était décidé, je faisais mon alyah l’été d’après en souvenirs de ces vacances inoubliables qui avaient laissées en moi un gout de trop peu, un gout d’encore qui se devait d’être assouvi !!!
Et c’est ainsi que ma dernière année de lycée, l’année du bac, fut sans doute la meilleure puisqu’il me fallait a tout pris le bac en poche à la fin de l’année pour pouvoir réaliser ce rêve fou : faire mon alyah ! Et l’option « retarder d’encore une année » n’était vraiment pas à prendre en considération.
Ce que j’allais faire en Israël, je n’en avais aucune idée (…)
Mon entourage n’en était plus que ravi, j’avais enfin décidé quoi faire de ma vie !
Ce que j’allais faire en Israël, je n’en avais aucune idée mais l’essentiel était que j’allais enfin me sentir chez moi, vivre là où je serais heureuse et nulle part ailleurs en étant « juive et fière de l’être » !
Ma préparation à l’alyah, pour autant que je m’en souvienne fut courte et rapide : un rendez-vous à l’agence juive de Paris au mois de décembre, quelques questions de routines pour la suite des études, demande de visa puis une autre entrevue pour finaliser le départ, récupérer mon passeport et mon billet d’avion et le tour était presque joué. Il ne me restait plus qu’à attendre les épreuves du bac puis leurs résultats et enfin m’envoler vers la destination de mes rêves mais cette fois pour un aller simple !
Le 27 juillet 1999, l’aventure pour moi débuta.
Tout reprendre à zéro sans parler un mot d’hébreu et commencer une nouvelle vie en laissant derrière moi famille et amis, voilà qui n’allait pas être de tout repos. Un vol de nuit pendant lequel je n’ai évidemment pas fermé l’œil, tellement excitée par la nouvelle vie qui m’attendait.
Ma vraie vie venait de commencer et ce n’était que le début d’une véritable aventure !
Et la course commença ! Arrivée à Tel Aviv où j’avais décidé de poursuivre mes études en commençant par un oulpan intensif de 5 heures par jour (Et oui ! quand on ne parle pas un mot d’hébreu, c’est le minimum exige !) à l’université de Tel Aviv dans le programme « Mechina » (traduction : préparation), programme d’un an cumulant oulpan intensif et quelques matières indispensables comme l’histoire, les maths et l’anglais afin d’être au top niveau pour commencer ma première année d’université.
Une anecdote me revient sur mon premier jour d’oulpan, dans la classe assise a cote d’une autre française, la prof arrive et fait l’appel puis soudain :
ססון ?ססון ? איפה ססון ?
(traduction phonetique pour que vous comprendriez ! : « Sasson ? Sasson ?Eifo Sasson ?)
Ma camarade et moi nous regardons, cherchons avec mais tout de même en se posant la même question :
« Ça sonne ??? Ou est-ce que ca sonne ??? Moi j’entends rien …. »
Et la prof qui réitère sa question et nous qui n’entendons toujours rien ….
Jusqu’au moment ou un autre français assis dans le fond de la classe (et qui sans aucun doute avait compris la prof) se mit a rire de nous voir chercher comme ça; c’est alors que la prof demanda la cause de cette agitation et quand enfin le français lui expliqua la raison, nous ne pûmes nous empêcher a notre tour d’éclater de rire ! Sasson était en réalité le prénom d’un élève.
Alors oui le fait d’entendre des mots en hébreu qui sonnent comme du français, ça vous arrivera et vous en rirez sans aucun doute.
Au cours de cette année, j’ai vécu sur le campus et ce fut, sans aucun doute, une année forte en émotions et en rencontres inoubliables à la fin de laquelle, je parlerai enfin l’hébreu, pourrai tenir une conversation et surtout comprendre ce qui se raconterai autour de moi. Ma vraie vie venait de commencer et ce n’était que le début d’une véritable aventure !
Se sentir enfin chez soi, accepter de tous, je crois que ça n’a pas de prix !
Le moment où je me suis sentie véritablement israélienne est lors d’une visite à ma famille en France, 6 mois après mon alyah, pour les fêtes de Pessah, où après avoir fait le tour des visites familiales et amicales, je n’avais qu’une hâte : rentrer vite à la « maison » parce qu’il n’y a vraiment qu’en Eretz qu’on ne se sent chez soi. Une sensation étrange tout de même après 20 ans vécu en France, dure à expliquer mais tellement indiscutable !
Après 15 années en Israël
Même si après 15 ans avec notre accent qui nous colle à la peau, on sera toujours considérer comme « olé hadash » (nouvel immigrant) mais la plus part du temps c’est un compliment !
Etudes, travail, mariage, maison, 3 merveilleux enfants « tsabarim » (nés en Israël), divorce, des hauts et des bas et malgré tout, que du bonheur !
Et puis 10 ans après, j’ai enfin réussi à convaincre mes parents que j’avais laissé en France de faire aussi leur alyah, et les amis aussi ont suivis, ils s’éclatent tous comme moi et ils comprennent enfin ce qu’est la sensation unique de se sentir « chez soi ».
je me dis parfois que dans 4 ans, je pourrais être encore plus fière car j’aurais vécu plus longtemps en Israël qu’en France. Cela prend une signification encore plus grande en période de guerre.
Au départ, vivre en Israel n’était pas un idéal de vie mais quand le déclic s’est produit alors il n’y avait plus aucun doute.
Aujourd’hui je suis fière et heureuse d’être israélienne et de faire partie du peuple d’Israël.
Alors oui, il y a vraiment des choix qu’on ne regrettera jamais !
Yael Ben Ghozi pour KISSRAEL