La « dissidence » se vante de s’être expurgée de ses « faux dissidents ». Mais la vérité est ailleurs : ils ont tous fui les folies d’Alain Soral.
Alain Soral connait son public. Il y a le noyau dur, les fidèles, et il y a les pièces rapportées. En ces temps difficiles pour le penseur hard discount, il a vu son intimité,ses obsessions anti-juives et son mépris des noirs, dévoilés au grand public,il est temps de se recentrer sur les fondamentaux : complot,anti-judaïsme, et racisme ordinaire.
Les pièces rapportées sont ceux qui, porteurs d’un combat particulier, ont rejoint ce qu’ils pensaient être le vaisseau amiral de la flotte qui partirait à l’abordage de tous les failles de la République. Il y a eu Kemi Seba, le suprématiste noir, compagnon d’un temps, qui rigole aujourd’hui de ceux qui découvrent« les préjugés négrophobes violents » d’Alain Soral. Plus récemment il y a Jo Dalton, militant associatif de quartier et de la cause noire qui dirigea en son temps une petite équipe de garde du corps autour de la Main d’Or,avec d’anciens chasseurs de skins, les Blacks Dragons. Mais après un problème de salaires retenus par Dieudonné, et devant l’alliance de Dieudonné avec Soral, puis l’affaire « Binti » il décide d’entrer en guerre contre le chef d’Egalité et Réconciliation sur le terrain du clash via vidéos postées sur sa chaîne Youtube Les Vrais savent.
La liste des déçus est longue : il faudrait y ajouter Farida Belghoul, Etienne Chouard, Patrick Dhondt, autant d’activistes piqués au vif par les sorties de Soral, ses dérives autocratiques, et son mépris à leur endroit (voir à ce sujet l’enquête publiée dans Libération).
« Règlements de compte à Ok Soral »
En conséquence, tout le public qu’il rêvait de fédérer, maghrébins et noirs de banlieues, skinheads, anti-loi du genre et cathos, est en train de lui glisser entre les doigts. Tous s’aperçoivent petit à petit que parmi la dissidence se trouvent aussi leurs adversaires les plus viscéraux.Même l’antisionisme, ou l’antijudaïsme, qui était l’un des ciments du collectif,ne prend plus réellement. C’est l’heure des « règlements de compte à Ok Soral » selon une une expression en vogue sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui il reste autour du« roi » les plus durs, les plus désespérés, ceux qui restent aveugles au mépris du chef pour ses subordonnés (« je décide et vous m’aidez à devenir le roi » a-t-il lâché en marge d’une de ces conférences). Ceux qui voient en Soral un maître. Et ne souriez pas, ils existent. Alors Soral leur tend des perches. En témoignent ces tweets clairement antisémite et raciste, qui sonne le glas de la grande Réconciliation tant voulue par Soral.
Le lendemain de la divulgation de l’affaire « Binti », un flirt sur internet qui se conclut en menaces et insultes négrophobes et anti-juives, il postait sur Facebook, comme un aveu : « retour aux fondamentaux ». Suivait une vidéo sur le 11septembre prouvant l’implication de la CIA et des services secrets israéliens dans le drame des tours jumelles. Un des thèmes favoris du petit monde du complot, où l’on trouve également des militants anti-chemtrails, ces fumées d’avions « contenant en réalité des produits chimiques répandus par l’armée », ou des partisans de toutes les théories allant du culte d’Ibis à l’influence des Illuminatis sur la société.
Inégalité et dissension
Aujourd’hui, il se flatte que ces affaires ont permis de faire le tri entre les bons et les mauvais dissidents.C’est le propre de l’histoire des mouvements autoritaires que d’éliminer en priorité les faux dissidents présents dans la dissidence. Mais Soral n’aura pas eu besoin de créer une police politique, ses propres travers auront fait s’éloigner de lui les plus raisonnables de ses adeptes. L’avenir nous dira quel succès rencontrera son mouvement qui navigue désormais à voilure réduite.
La plupart du temps, les querelles internes à son mouvement dit « dissidence » passaient sous silence et ses incohérences de doctrine étaient connues des seuls observateurs attentifs, prêts à visionner les vidéos du « maître » ou de «Monsieur le président » comme il aime à se faire appeler. Exercice assez désagréable, et un rien masochiste.
Aujourd’hui le bateau prend l’eau de toute part. Et même son investissement principal, sa grande prise, Dieudonné, son pass vers un plus large public, connaît les revers de l’exercice de la propagation de la haine gratuite. Les Noirs qui avaient pu voir en lui une sorte de Martin Luther King à la française se font de plus en plus rares.
Alors qu’il jouissait d’un succès d’audace, d’une surestimation intellectuelle, puisque ses discours abscons restaient à déconstruire, puisqu’il savait pécher dans les eaux oubliées de la politique(patriotisme, immigration, morale…) Soral a profité depuis quelques années de la chance du débutant. Rien, ni personne ne semblait contrecarrer la progression de son influence dans certains esprits français épuisés. Mais le beau temps a fait place à la tempête.
Dieudo reste copain avec lui ou non ?