Paradoxe, alors que 3000 enfants juifs ont été envoyés à la mort à la suite de la rafle criminelle du Vel d’hiv, comment peut-on affirmer que la France a été exemplaire dans le sauvetage des enfants juifs ?
La France laisse les autres pays très loin derrière elle
La France, « un pays exemplaire dans le sauvetage des enfants juifs », n’est-ce pas une affirmation paradoxale et provocante ? La rafle du Vél d’Hiv à Paris, les 16 et 17 juillet 1942, au cours de laquelle 4 000 enfants sont arrêtés par la police de Vichy et plus de 3 000 sont partis vers les camps d’extermination, nous rappelle les errements inexcusables du pays. Peut-on passer sous silence le crime du gouvernement français qui, pendant l’été 1942, déporte d’un territoire non occupé par les Allemands 500 enfants juifs vers la mort ? Certes non, mais les statistiques sont là et elles classent l’infamie. Malgré ses comportements odieux, la France se place de loin au premier rang des sauveteurs. Qu’on en juge !
En Europe continentale (hors URSS) environ 10% à 15% seulement des enfants juifs ont survécu à la Shoah. Ce pourcentage s’établit à 12,5% aux Pays-Bas et atteint 65% en Belgique et 86% en France. Si la « catastrophe » hollandaise s’était produite en France, ce ne sont pas 11 600 enfants juifs de France qui seraient partis pour toujours mais 73 500, près de sept fois plus ! Les arguments ne manquent pas, mais en aucun cas ils ne peuvent expliquer une différence aussi considérable. Citons-en deux qui ont été souvent mentionnés.
Le régime d’occupation allemand en Hollande ne fut-il pas infiniment plus sévère qu’en France où un gouvernement national est resté en place ? En même temps, l’on blâme, à juste titre, ce gouvernement d’avoir aidé, sans la moindre retenue, les nazis à déporter les Juifs. Ce qui est décrit comme un avantage pour la France devient un handicap. L’argument d’un pays plat en Hollande, où il est difficile de se cacher, alors que la France offre les refuges de ses montagnes et de ses campagnes, est faible. Pendant la guerre, 80% des Juifs en France vivent dans les grandes villes.
Une seconde série de chiffres montre que les résultats comparés entre la France et la Hollande sont très largement indépendants des contraintes nationales de chaque pays. Ils confirment l’exemplarité des Français dans le sauvetage des enfants. En Hollande, en pourcentage de leur population initiale respective, presque deux fois moins d’enfants que d’adultes ont survécu, ce qui semble logique étant donné la plus grande vulnérabilité des enfants. En France, c’est le contraire : le pourcentage d’enfants déportés est près de deux fois inférieur à celui des adultes.
Des chiffres remarquables, car, partout où Hitler possède le pouvoir, sa politique est la même. Il sait que la jeunesse est l’avenir d’un pays, d’un groupe social. Il déclare : « Dès l’instant où j’ai la jeunesse avec moi, les vieux peuvent aller moisir au confessionnal. Mais la jeunesse, c’est autre chose, c’est moi que cela regarde ». Et Adolf Eichmann, le chef de la section juive de la Gestapo, transpose cette politique en demandant que tous les enfants juifs soient liquidés, car « ils constituent sans exception un matériau biologique précieux ». Ailleurs en Europe, ces enfants ont été de loin les victimes innocentes les plus nombreuses. Persécuter, torturer, puis massacrer un peuple, c’est un crime inqualifiable. Mais s’attaquer en priorité aux enfants dépasse l’horreur. Les nazis l’avaient décidé.
Qu’en France le pourcentage d’enfants envoyés vers les camps de la mort ait été deux fois plus faible que celui des adultes a eu une conséquence capitale que l’on ne retrouve nulle part ailleurs en Europe. Environ 10 000 enfants sont restés seuls en France sans leurs parents déportés et presque tous assassinés.
Dix mille enfants sans parents, abandonnés, qui ont besoin pour échapper à la Gestapo d’être cachés, logés, nourris et aimés par des dizaines de milliers de gens de bonne volonté. Le problème des enfants prend alors une autre dimension et nécessite la mise en place en France d’une importante logistique pour les prendre en charge. Elle a été assurée avec courage et persistance par des œuvres juives clandestines dont un nombre important travaillait avec le soutien de l’Union générale des Israélites de France (UGIF) et de groupes caritatifs chrétiens. Ce sont ensuite de nombreuses organisations et familles chrétiennes ou laïques, parfois juives, qui ont accueilli ces enfants dans la durée.
Cette tâche est rendue particulièrement difficile en France où près de 75% des Juifs sont « classés » par les autorités allemandes d’occupation comme étrangers, ou apatrides. Il y a ceux qui viennent d’arriver, ceux qui sont naturalisés de fraîche date et même leurs enfants, qui, nés en France, sont bien Français, mais sont classés par les nazis dans la catégorie des étrangers. Les adultes sont trahis par leur accent, les enfants suivent le sort des parents. La plupart parlent encore yiddish en famille. Une fausse carte d’identité ne suffit plus à protéger l’enfant esseulé dont le regard s’anime au moindre propos en yiddish. Aux Pays-Bas, les Juifs étrangers ne sont que 16%, ce qui simplifie largement le problème qui vient d’être décrit.
Georges Garel, figure emblématique du réseau clandestin de l’Oeuvre de secours aux Enfants (OSE), décrit le vif sentiment de solidarité qui anime des Français pour le sauvetage des enfants : « L’enthousiasme et la foi des uns, l’expérience et la clairvoyance des autres, alliés à la générosité constante de l’Amérique n’auraient pas suffi à la tâche, si de toute part sur le sol français épuisé par la guerre n’avait jailli vers nous un élan spontané de la population française ».
Cet « élan spontané », ce sont des institutions souvent religieuses, parfois laïques et surtout de très nombreuses familles qui l’accomplissent. C’est là que ces milliers d’orphelins ont vécu des mois, parfois des années. Ces institutions, ces familles, c’est le dernier maillon du sauvetage, le maillon permanent. Héberger un enfant, c’est un acte généreux en ces temps de disette. S’il est juif, c’est aussi une décision courageuse qui met volontairement l’institution ou la famille hors de la légalité avec toutes les conséquences graves que cela implique à l’époque.
Pour un enfant caché, ce sont au moins deux, mais plus souvent quatre, cinq ou six personnes qui sont impliquées. Les orphelins juifs entrés en clandestinité avoisinent les 10 000, c’est donner l’importance du nombre de sauveteurs. Aux 2 693 Français ayant reçu du Yad Vashem le titre de Justes parmi les nations pour avoir sauvé un ou plusieurs Juifs, il faudrait d’après l’historien Lucien Lazare ajouter de 5 000 à 10 000 Justes supplémentaires.
L’historien israélien Asher Cohen a montré que « l’histoire du sauvetage est plus composée de faits individuels que de l’action des institutions. C’est l’addition de milliers d’histoires particulières qui n’ont pas été enregistrées et ne laissent le plus souvent de traces que dans la mémoire individuelle. Ce serait manquer à la vérité historique de ne pas en faire état parce qu’elles n’ont pas laissé de traces dans les archives ».
Le devoir de reconnaissance s’impose. Avec les années qui passent et l’information qui disparaît, ce devoir ne peut plus être individuel, il doit être global, pour les dizaines de milliers de personnes qui ont œuvré pour sauver les enfants.
André Charguéraud © Copyright Europe Israël – reproduction autorisée avec mention de la source et lien actif
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Je ne suis absolument pas d’accord. Si les trois-quarts de juifs qui ont été compfabilisés en France ont survécu, c’est qu’il y avait la frontière espagnole et la frontière suisse par lesquelles les juifs ont pû fuir. La Belgique, la Hollande, etc. n’avaient aucune frontière pour fuir. Une bonne partie des juifs a pû quittter le pays avec des visas. Pas mal de pays d’Amérique latine et autres vendaient des visas, beaucoup ont été conduits aux Etats-Unis pas Varian Frey. Il y a eu aussi des Justes qui en ont caché. La France a essayé au maximum d »attrapper et de déporter tous les juifs qu’elle pouvait, mais il y a eu des dizaines de milliers de réfugiés en Suisse et en Espagne.
NE PAS MELANGER
Certes, Marc-André Charguerand est un homme de lettre de 90 ans, réputé pour ses nombreuses enquêtes sur la shoah, mais volontairement ou pas, il commet une grave erreur dans son classement sur l’infamie. Les enfants juifs français ont été sauvés, essentiellement, grâce à des actes de courage individuels de la société, qu’on ne peut, sûrement pas, mettre dans le panier honorable d’une politique nationale estimable, comme celle pratiquée par Petain et sa clique !
Marc Guedj
Je suis d’accord avec Marc Guedj car j’ai été un enfant caché avec mon frère
jusqu’à la libération et ceci grâce à ma tante et ses amis .
Merci André Charguéraud pour ce livre
Je suis particulièrement concerné car j’ai été un enfant juif sauvé en France alors que ma famille, nombreuse, restée à Amsterdam à été exterminée à l’exception d’un seul couple.
Je viens d’obtenir l’attribution de la Médaille des Juste pour la personne qui m’a prise sous sa garde.
Lors de la constitution du dossier, les enquêteurs de Yad Va Shem m’ont demandé de préciser les facteurs qui ont contribués à mon sauvetage.
Voici un extrait de ma réponse :
Concernant mon placement au Préventorium dans la région de Pau et les dangers encourus par Madame la Directrice :
J’y ai été placé grâce au Comité des Femmes Juives de Toulouse, affilié à l’UJRE.
En témoignent les comptes-rendus après la Libération où je lis dans celui rédigé en Yiddish phonétique de ma mère :
« Nous avons placé de nombreux enfants dans des couvents, chez des personnes privées, dans des préventoriums, partout où cela était possible. »
Le danger encouru par Madame la Directrice était de subir le même sort que le mien en cas de dénonciation ou de contrôle par la Milice française ou par les Allemands découvrant qu’un enfant juif se trouvait caché parmi les pensionnaires réguliers. Arrestation suivi de déportation. ( les déportations de résistants se sont poursuivies jusqu’à la dernière minute comme en témoigne l’épisode du ‘Train Fantôme’ où mon oncle Jacob Insel a trouvé la mort le19 août 1944 à Montélimar)
Cela ne s’est pas produit en premier lieu par le facteur chance auquel il faut ajouter les bonnes relations que ma mère entretenait avec tout un chacun, l’obéissance à l’appel de la plus hautes autorité de l’Eglise par le personnel qui certainement a remarqué que j’y était caché, la crainte de la Résistance très active dans la région, et de la part de l’ennemi, la crainte des maladies contagieuses telle la tuberculose.
J’entend citer lors de la cérémonie notre voisine d’en face où nous passions la nuit en cas de danger ( averti par la Résistance, ou par le gendarme lui-même, la veille de sa mission) et toute une famille de résistants qui veillait sur moi et dont une fille assurait la liaison avec la Résistance à Toulouse.
Un autre facteur contribuant à expliquer, selon moi, la différence entre les Pays-Bas et la France est la libération tardive du pays : Mai 1945 au lieu de Août 1944 pour Toulouse. Ont joué aussi à mon avis , pour la France, l’éducation par l’Ecole Républicaine, le souvenir de la Première Guerre mondiale et pour( ou contre) les Pays Bas ; le culte de l’obéissance à l’Autorité, et la proximité avec l’Allemagne ( un Parti Nazi, NSB y sévissait déjà avant l’occupation le 10 mai 1940)
Merci pour vos témoignages, en effet comme il est écrit dans le texte les actions individuelles ont permis de sauver de nombreux enfants juifs : « L’historien israélien Asher Cohen a montré que « l’histoire du sauvetage est plus composée de faits individuels que de l’action des institutions. C’est l’addition de milliers d’histoires particulières qui n’ont pas été enregistrées et ne laissent le plus souvent de traces que dans la mémoire individuelle. Ce serait manquer à la vérité historique de ne pas en faire état parce qu’elles n’ont pas laissé de traces dans les archives ». »
Bonjour .Oui effectivement , il faudrait arrêter de tirer a boulet rouge en permanence sur » le goy » , je dis cela avec plutôt un coté humour pour ne gêner personne , et arrêter de culpabiliser le chrétien de France qui ne fut pas si collabo que l’on veut bien le dire.
En 1938 la première épouse de mon père était juive allemande , elle fuyait le nazisme avec ses parents .C’était des gens extrêmement riche et lorsque mon père se maria avec cette personne , il demanda un contrat de mariage n’ étant intéressé que par une chose , qui était de donner son nom a son épouse pour qu’elle puisse vivre tranquillement en zone libre , ce qui fut fait , et elle vécu tranquille jusqu’à la fin de la guerre….Évidement je possède les documents officiels de ce mariage .
1939 arriva ensuite , mon père mobilisé partit se battre dans le nord de la France ou il fut fait prisonnier par la faute des ordures socialistes qui collaborèrent avec les nazis et qui a partir de 35/36 étant au pouvoir désarmèrent la France .Ce que refait la voyou-crasse socialiste aujourd’hui en 2014 en faisant ami-ami avec l’islam au détriment féroce et destructeur du monde greco-judéo-chrétien français…..
Mon père était un farfelu caractériel et rêveur qui a la libération , divorça en 1946 après avoir été interné dans un stalag du Nord de la France pendant presque 5 ans……….mais cela fut sa vie privée et ne me concerne pas , IL FIT UN ACTE POSITIF ET BON……
Cet homme qui épousa ensuite ma mère mourut seul en 1974 dans le sud de la France .
Donc vous voyez que tous les français ne furent pas mauvais , ce qui me permis en 2007 d’aller visiter ce beau pays qu’est Israël …..
Claude Germain V
Bien sùr qu’il y a eu des gens Biens , et heureusement sinon le monde s’écroulerait , mais combien ont regardé avant d’agir ?
et comme vous le dites ,votre papa a été arrété par dles socialistes qui collaborerent avec les nazis
Et combien dans le meme cas dans toute l’Europe ?
Suite com
Et c’est comme aujourd’hui le pire porrait etre évité si la communauté internationale ne voulait pas ce qqui est en train de se produire