Décidément, en dépit de progrès scientifiques considérables, ce XXIe siècle ressemble de plus en plus au moyen-âge avec ses épidémies et ses guerres de religion, telle celle qui ravage actuellement le Proche et le Moyen-Orient.
Après l’annonce très médiatisée de la constitution d’une coalition devant compter plus de 40 pays pour lutter contre le jihadisme dans cette région qu’en est-il réellement sur le terrain et dans les coulisses?
C’est la question que l’on peut légitimement se poser vu le rôle ambiguë de certains participants et surtout du flou dans lequel navigue l’administration américaine, alors qu’une tragédie d’une ampleur inédite se déroule sous nos yeux et que les djihadistes sont à nos portes.
L’administration américaine et le Moyen-Orient: Au Levant rien de nouveau?
Selon Léon Panéta, l’ex-Directeur de la CIA et ancien secrétaire de la Défense de Barak Obama, le manque de clairvoyance de son ancien patron va plonger la planète dans une guerre de 30 ans contre les djihadistes. En prenant le contre-pied systématique de l’interventionnisme de Georges Bush et en voulant coller au plus près à l’image du prix Nobel de la Paix qui lui a été décerné au début de son premier mandat, le Président de la plus grande puissance mondiale semble avoir fait des choix dont il n’a pas mesuré toutes les conséquences.
Le pivotement vers l’Asie-Pacifique de la politique étrangère des USA, le retrait des forces américaines des théâtres d’opération Moyen-orientaux et l’éloignement de ses alliés traditionnels, ont fragilisé la région et permis aux islamistes de tous bords d’occuper de vastes territoires, ce qui leur aurait été impossible dans d’autres circonstances. En effet, cette vision idéologique du monde déconnectée des réalités a mis les USA dans l’incapacité d’anticiper les évènements et notamment l’amplification du conflit sanglant entre sunnites et chiites qui hante le monde musulman depuis 13 siècles. Ainsi, ils n’ont pas su éviter la dégradation de la situation en Irak, à majorité chiite, qui est devenue une zone d’influence perse. De même qu’ils n’ont pas agi, alors qu’il était encore tant, dans la crise syrienne. En particulier, lors du franchissement de la ligne rouge que représentait l’utilisation d’armes non conventionnelles contre sa population par Bachar el-Assad, soutenu également par l’Iran, le Hezbollah chiite libanais et la Russie de Poutine. Une intervention adéquat aurait limité le conflit qui menace désormais de déstabiliser toute la région, voire au-delà. Cela aurait amoindri également son attractivité pour les djihadistes sunnites du monde entier qui veulent tout à la fois mettre à bas les Etats sunnites modérés et contrer l’influence occidentale, ainsi que la politique hégémonique des Mollahs de Téhéran.
La stratégie d’Obama prise au piège de ses contradictions?
Aux prises avec des contraintes contradictoires tant internationales, que domestiques, Barak Obama avoue ne « pas [avoir] de stratégie efficace » face au danger djihadiste. Et malgré les déconvenues successives, il croit toujours pouvoir régler la menace perse par des négociations ce qui rapprocherait selon lui l’Iran du camp occidental. Aussi, comme palliatif, a-t-il appelé à la constitution d’une vaste coalition de plus de 40 pays comprenant des occidentaux et des Etats de la région, pour laquelle il tente d’obtenir le soutien de Téhéran. Mais dans le même temps, il se refuse à ramener « les boys sur le terrain » ce qui ruinerait la politique de désengagement militaire menée depuis son élection. Ce faisant, il pense malgré tout pouvoir maintenir le découpage arbitraire opéré par les occidentaux sur de la dépouille de l’Empire Ottoman en 1916, alors que certaines de ces frontières ne sont plus que virtuelles avec l’apparition de l’Etat Islamique (EI) et l’autonomie Kurde. Enfin, il espère sauver son passage à la Maison Blanche en marquant l’opinion par une action emblématique. Raison pour laquelle il tient tant à conclure un accord, même incertain, avec les iraniens sur leur programme nucléaire controversé.
On prend ainsi la mesure de la difficulté de constituer une force opérationnelle « multilatérale » et dans le même temps d’intégrer les contraintes énoncées. Comment, en effet, faire cohabiter les régimes arabes sunnites modérés directement menacés par les avancées islamistes, avec le Qatar et la Turquie soutenant les Frères musulmans, le Hamas et certains groupes djihadistes que l’on est sensé combattre. Et de rajouter à cela, la République Islamique d’Iran, acteur important du terrorisme mondial qui fomente la révolte des populations chiites chez certains partenaires de la coalition et soutenant le régime alaouite syrien?
Dites-moi quelle coalition et je vous dirai qui est l’ennemi?
Pour unir cette coalition improbable, Barak Obama avait besoin d’un « minimum commun », ou supposé tel. Ce fut chose faite en désignant un ennemi commun parmi toutes les forces de nuisance en présence. Cet Ennemi, c’est l’Etat Islamique. Pourtant, il y a tout juste un an, le pensionnaire de la Maison Blanche considérait les djihadistes de DAESH (acronyme de l’EI en arabe) comme « des boyscouts ». Aujourd’hui, les voilà promus au rang d’ennemi numéro 1 de la « civilisation » et principale cause de déstabilisation de la région, loin devant Al-Qaeda et ses émanations telle le Front al-Nosra dont les exactions sont toutes aussi sanglantes, ou des ambitions hégémoniques iraniennes avec sa quête nucléaire.
L’Etat Islamique, à la fois groupe islamiste et Etat
Ce qui est radicalement nouveau avec DAESH, c’est sa double nature. Et bien que Barak Obama, invite à ne pas le considérer comme un Etat, mais uniquement comme un groupe terroriste, c’est bien cette double nature qui est le défis le plus difficile à relever. L’EI a réussi en peu de temps à conquérir de vastes territoires qu’il n’administre non pas pour le bien-être de ses habitants, mais uniquement pour s’en servir dans sa guerre sainte. C’est ainsi qu’il se finance outre, ses mécènes traditionnels, en commercialisant ses immenses ressources en hydrocarbure. Ce qui le rend beaucoup plus autonome et d’autant plus difficile à contrer.
Ensuite, il joue des divisions ethniques et religieuses en Irak, en Syrie mais également face aux autres pays de la région comme le Liban. L’armée du pays du cèdre, est tiraillée entre ceux qui soutiennent le Hezbollah dans son intervention en Syrie auprès du Régime Alaouite branche du chiisme-, et ceux qui verraient dans les djihadistes sunnites un moyen de se débarrasser définitivement de la milice de Hassan Nasrallah. Il n’est donc pas besoin de disposer d’une armée traditionnelle quand on joue avec la terreur médiatisée par internet et que les forces conventionnelles sont prêtes à imploser.
Aussi combattre l’EI uniquement par des frappes aériennes, sans troupes au sol aguerries, ne fera que le pousser à se retrancher dans les villes en se camouflant parmi les civils. Cela rendra sa traque encore plus complexe. Reprenant sa nature première, il pourra, alors par effet domino, poursuivre de transformer toute la région, à l’image de ce qui se passe actuellement en Syrie et en Irak.
DAESH, l’arbre qui cache la forêt islamiste sunnite?
Cependant, le danger ne vient pas uniquement de l’EI, aussi cruel et barbare soit-il. Se focaliser uniquement sur lui est une erreur grave. Ce qui différencie les mouvements islamistes sunnites entre eux n’est qu’affaire de détail. Pour preuve, la grande porosité entre ces groupes où les combattants passent souvent de l’un à l’autre. Et dès lors que les Occidentaux ont officialisé leur participation à la coalition, des rivaux de DAESH émanant d’Al-Qaeda, se sont dit prêts à combattre « les croisés » au côté de l’EI. Que ce soient les Frères musulmans d’Egypte, de Gaza -le Hamas-, le Front al-Nosra ou l’Etat Islamique, leurs objectifs sont d’imposer la Charia, l’établissement du Califat et le djihad contre les « mécréants ».
On peut en déduire, qu’opérer une distinction entre ces mouvements n’est que d’ordre tactique. Cela a pour but de faciliter la participation à la coalition de la Turquie islamo-conservatrice et du Qatar, soutiens de nombreux mouvements islamistes et pour le dernier partenaire économique important des USA. Cependant, la position américaine, n’a pas été payée en retour. Le Président Recep Tayyip Erdogan qui se verrait bien ressusciter l’Empire Ottoman, ne fait rien pour aider les Kurdes assiégés à Kobané, mais laisse traverser sa frontière aux djihadistes. De son côté, le Qatar semble avoir repris son influence sur Gaza, puisqu’il en sera plus gros bailleur de fonds lors de sa reconstruction. Cela explique probablement le regain de tension ayant pour origine le Hamas. Avec des attentats en Israël qui ont fait plusieurs victimes dont un bébé de 3 mois et une jeune touriste étrangère, ainsi que la série d’attaques contre des dirigeants du Fatah du Raïs palestinien Mahmoud Abbas dans l’étroite bande côtière. Sans oublier la récente attaque suicide dans le Sinaï contre des soldats égyptiens ayant fait plus de 30 morts, où l’on accuse le mouvement de la « résistance islamique » d’avoir agi en concertation avec des groupes salafiste. En retour, pour ne pas se laisser déborder, le Président de l’Autorité Palestinienne, fait de la surenchère en s’appropriant une partie du narratif de la milice islamiste gazaouïte, en particulier sur la guerre sainte à Jérusalem.
Y-a-t-il un pilote dans la coalition?
En annonçant d’emblée qu’ils n’enverront pas de troupes au sol, se contentant de frappes aériennes, les USA perdent un atout majeur de dissuasion et s’en remettent à d’autres pour agir. Ce faisant, l’Amérique augmente le ressentiment à son encontre parmi ses alliés traditionnels, tels l’Egypte ou l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe qui se voient contraints de monter seuls en première ligne. De plus, cela augmente sa dépendance par rapports aux autres acteurs régionaux tels la Turquie, le Qatar ou l’Iran qui ne manquent pas de faire monter les enchères, tout en affaiblissant ceux qui ont démontré une efficacité réelle à combattre les islamistes sur le terrain, tels les Kurdes dont la population est dispersée entre l’Irak, la Syrie, la Turquie et l’Iran. Enfin, cela envoie un message de faiblesse de la part des Etats Unis qui semblent combattre à reculons et par délégation. En face, les djihadistes sont plus déterminés que jamais. Ils avancent en semant la terreur, sans aucun respect ni pour leur propre vie, ni pour celle de leurs opposants, et menacent désormais directement d’attaquer les puissances occidentales chez elles.
Et pendant ce temps-là l’horloge nucléaire chiite ne cesse d’avancer?
Pour s’exonérer d’une opération terrestre et affaiblir par personne interposée l’EI, Obama a dû assouplir sa position vis-à-vis de l’Iran chiite. En effet, non contant de lui offrir sur un plateau l’Irak et d’être indirectement un soutien du régime de Bachar al-Assad en limitant les opérations en Syrie, le Président américain aurait envoyé une lettre au Guide Suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei. Le sujet central serait la coopération contre DAESH, et cela sans même en parler aux alliés de sa coalition. On imagine aisément que malgré ses dénégations, le pensionnaire de la Maison Blance préfère un mauvais accord sur le nucléaire avec Téhéran que devoir intervenir à la fois contre les islamistes sunnites et chiites. Cependant, si aujourd’hui l’EI sans armée moderne balaye tout sur son passage et pose des problèmes insurmontables à des forces conventionnelles dont certaines entrainées par les USA, on peut craindre le pire de ce qu’il adviendrait pour le monde entier avec un Iran nucléaire qui en terme de vision messianique n’a rien à envier aux djihadistes sunnites.
Défendre la civilisation contre la barbarie ou donner des gages aux pompiers pyromanes?
On attendait des USA qu’ils jouent le rôle de porteur du flambeau du monde libre et qu’ils constituent une « invincible armada » pour défendre les modérés contre les extrémistes de tous bords et la civilisation contre la barbarie. Mais en définitive, on ne sait pas aujourd’hui qui participe réellement à cette coalition et le rôle dévolu à chacun. Ce que l’on peut constater, c’est l’inadéquation des moyens employés face à la menace, et le peu de cas que l’on fait de la vie humaine.
Paradoxalement, ceux qui luttent efficacement contre l’islamisme qu’il soit sunnite ou chiite, ne semblent pas avoir la place qu’ils devraient occuper. Qu’il s’agisse de l’Egypte d’Abdel Fattah al-Sissi ayant déposé au grand dam de Barak Obama, Mohamed Morsi, chef de file des Frères musulman qui menait son pays à la catastrophe, ou des kurdes dont les peshmergas ne sont soutenus qu’à minima par crainte de leur possible indépendance. Ou encore d’Israël qui ne fait pas partie de la coalition, bien que sa contribution soit un secret de polichinelle. Pourtant, il avait été fondé beaucoup d’espoir, afin de faire avancer la cause de la paix, que soit officialisée l’alliance très étroite mais discrète existant entre les pays sunnites modérés et Israël en matière de sécurité notamment. Au lieu de cela Barak Obama, pour éviter de recourir à une opération terrestre, a donné des gages aux pompiers pyromanes, dont Téhéran. Ce qui a fait dire à Reza Pahlavi, le fils du Chah d’Iran en exil, que la Théocratie Chiite « fait partie du problème et non de la solution ».
Comme on le voit, l’approche développée actuellement par l’administration américaine comporte d’énormes risques tout en ne recelant que peu de garantie de succès, bien au contraire. Il faut espérer qu’avec le changement de majorité au Sénat, cela infléchira la politique de Barak Obama en la mettant plus en phase avec la réalité. Dans le cas contraire, le pire est serait à prévoir.
Hagay Sobol
Médecin et professeur des universités, conseiller PS dans le 11e et 12e arrondissements de Marseille
http://www.huffingtonpost.fr/hagay-sobol/lutte-contre-jihad_b_6126820.html
Ceci pourrait poser les bonnes questions, à défaut de réponses, au sujet des modes opératoires, intérêts et motivations, américaines et autres, sur la question:
http://www.tribunejuive.info/moyen-orient/de-quoi-daesh-est-il-veritablement-le-nom-par-kalman-schnur
L’Amérique se comporte donc comme elle l’entend et raconte ce qu’elle veut. Les exhortations d’ici et d’ailleurs ne modifieraient sa trajectoire en rien. Obama est Président des USA et non du Congrès Juif mondial ; sa femme n’est pas présidente de la Wizo. Inutile de lui faire la morale.
Si les populations importantes sur place, ainsi que les armées existantes, solidement financées, équipées et entraînées par qui de droit, n’arrivent pas à freiner Daesh, frappes aériennes ou pas, c’est qu’elles ne le veulent pas.
C’est que Daesh est représentatif ; et qu’il avancerait jusqu’au jour où les forces centrifuges puissantes du monde arabo-musulman décideraient autrement.
Inutile donc, et contre-productif, d’envoyer des armées extérieures pour faire leur bonheur malgré elles.
S’agissant des USA, il faut s’attendre, quelqu’en soit le Président, à leur éloignement. Car :
• L’évolution démographique US génère une majorité d’origine non-européenne (dont Obama est d’ailleurs issu ; il y’en aura d’autres) qui se désintéresse de l’Europe et du Proche Orient.
• L’autosuffisance énérgetique US, grâce au pétrole et gaz de schiste, les rendra à terme indifférents aux gisements pétroliers de la région.
• Le centre de gravité économique mondial étant désormais côté pacifique et non atlantique, ils regarderaient de plus en plus vers l’ouest.
Il faut s’apprêter donc à devoir couper le cordon ombilical avec l’Amérique, Daesh ou pas.
Que obama est un incapable et presque un fanatique musulman tout le monde le sait ou s’en doute,qu’il n’ ait pas beaucoup d’options en Irak, c’est presque certain mais sa grande erreur est son attitude envers Israel et l’iran car justement parce qu’il n’a pas la possibilité d’influer sur l’irak il devfrait FAIRE TOUT CE QUI EST EN SON POUVOIR POUR RENFORCER ISRAEL ET AFFAIBLIR L IRAN. Cela est non seulement faisable mais en plus facile! Il est plus facile de renforcer Israel que d’essayer heuresement en VAIN de l’acculer au suicide! Non seulement à ce petit jeu ,il finira en prison mais avec l’iran sa politique débouchera sur une guerre nucléaire et en affaiblissant Israel il affaibli « ses » troupes au sol des troupes qu’il ne PEUT PAS REMPLACER. Ce personnage est un crétin digne de sa religion. Quant aux européens on pourrait s’attendre à ce qu’ils défendent les positions de l’Occident,Israel compris au lieu de l’affaiblir! Là il s’agit de dégénérés,des gens qui n’ont plus de force physique!