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Le guide d’un initié sur l’Histoire la plus importante sur Terre : Israël sous le feu des critiques (2/3)


Le guide d’un initié sur l’Histoire la plus importante sur Terre : Israël sous le feu des critiques (2/3)

Un ancien correspondant d’Associated Press, explique comment et pourquoi les journalistes se trompent invariablement sur Israël, et pourquoi c’est une question importante. (1ère partie ICI // 3ème partie ICI)


Israël analysé et critiqué

Les actions israéliennes sont analysées et critiquées, et chaque carence de la société israélienne est agressivement signalée. Sur une période de sept semaines, du 8 novembre au 16 décembre 2011, j’ai décidé de compter les articles qui sortaient de notre bureau sur les diverses défaillances morales de la société israélienne – projet de loi pour supprimer les médias, l’influence croissante des Juifs orthodoxes, les colonies de peuplement non autorisées, la ségrégation des sexes, et ainsi de suite.

J’ai compté 27 articles distincts, soit en moyenne un sujet tous les deux jours. Avec une estimation très prudente, ce décompte sur sept semaines dépassait le nombre total d’articles significatifs et critiques publiés par notre bureau au cours des trois années précédentes, sur le gouvernement palestinien et sa société, y compris ceux sur les islamistes totalitaires du Hamas. 

La charte du Hamas, par exemple, appelle non seulement à la destruction d’Israël, mais au meurtre des juifs et accuse les juifs d’avoir fomenté les révolutions française et russe et les deux guerres mondiales; Le contenu de la charte n’a jamais été publié par la rédaction, quand j’étais à l’AP, bien que Hamas ait remporté une élection nationale palestinienne et soit devenu l’un des acteurs les plus importants de la région. Pour faire le lien avec les événements de cet été: un observateur aurait pu penser que la décision du Hamas de ces dernières années de construire une infrastructure militaire sous l’infrastructure civile de Gaza serait considérée comme digne d’intérêt, ne serait-ce qu’en raison de sa signification sur ​​la façon dont le prochain conflit serait mené et le coût en personnes innocentes. Mais ce ne fut pas le cas. Les édifications du Hamas n’étaient pas importantes en elles-mêmes, et ont donc été passées sous silence. L’important fut la décision israélienne de les attaquer.

Il a beaucoup été question récemment des tentatives d’intimidation de journalistes par Hamas. Tous les anciens du groupe de presse, ici, savent que  l’intimidation est réelle, et je l’ai vu en action moi-même en tant que rédacteur en chef du bureau de l’Associated Press. Pendant les combats de 2008-2009 à Gaza, en raison de menaces contre notre journaliste à Gaza, j’ai personnellement effacé un détail clé – que les combattants du Hamas étaient habillés en civils et étaient comptés comme civils au nombre des victimes – (La politique d’alors, et c’est encore la même, était de ne pas informer les lecteurs que l’article était censuré à moins que la censure soit israélienne.  Au début de ce mois-ci, le rédacteur en chef de l’AP de Jérusalem a soumis à sa direction son reportage sur les intimidations du Hamas; cette proposition a été écartée, l’affaire bien mise au frais et l’article n’a pas été publié.)

Mais si les critiques s’imaginent que les journalistes se bousculent pour couvrir Hamas et sont coincés par des voyous et des menaces, ce n’est généralement pas le cas. Il y a plusieurs façons de signaler à moindre risque les actions du Hamas, si la volonté est là : sous forme d’articles signés en provenance d’Israël, sans signature, ou en citant des sources israéliennes. Les reporters sont ingénieux quand ils le veulent.

Le fait est que l’intimidation du Hamas est largement hors de propos parce que les actions des palestiniens sont à côté de l’essentiel: La plupart des journalistes à Gaza estiment que leur travail est d’informer sur la violence dirigée par Israël contre les civils palestiniens.

Voilà l’essence même du narratif sur Israël. En outre, les journalistes sont soumis à des délais, prennent des risques, beaucoup ne parlent pas la langue et n’ont que peu de prise sur ce qui se passe. Ils dépendent de collègues palestiniens et de correspondants locaux qui soit craignent Hamas, soutiennent Hamas, ou les deux. Les reporters n’ont pas besoin que la police du Hamas les éloigne manu-militari de réalités qui gâchent l’histoire simple, qu’ils ont pour mission de raconter.

Ce n’est pas un hasard si les rares journalistes qui ont informé sur les combattants du Hamas et les lancements de roquettes dans des zones civiles, cet été, n’étaient généralement pas rattachés, comme on pouvait s’y attendre, à de grandes agences de presse opérant en permanence à Gaza. C’étaient pour la plupart des nouveaux venus, dispersés et périphériques, – un Finlandais, une équipe indienne et quelques autres. Ces pauvres âmes n’étaient pas tenues par une note de service.

Quoi d’autre est sans importance ?

Le fait que les israéliens tout récemment ont élu des gouvernements modérés qui en recherchant une conciliation avec les palestiniens, ont été sapés par les palestiniens, est considéré comme sans importance et rarement mentionné. Ces lacunes ne sont souvent pas des oublis, mais sont des questions politiques. Au début de 2009, par exemple, deux de mes collègues détenaient l’information que le Premier ministre israélien Ehud Olmert avait fait une offre de paix importante à l’Autorité palestinienne quelques mois plus tôt, et que les palestiniens l’avaient jugée insuffisante.

Cette information n’a toujours pas été divulguée, alors qu’elle était ou aurait dû être, l’une des plus importantes de l’année. Les journalistes ont obtenu confirmation des deux côtés et l’un d’eux a même vu une carte, mais les éditeurs en chef du bureau ont décidé de ne pas publier l’affaire.

Certains membres du personnel étaient furieux, rien n’y fit. Notre narratif était que les palestiniens étaient des modérés et que les israéliens étaient récalcitrants et de plus en plus extrêmes. Faire un reportage sur l’offre d’Olmert – ou une enquête fouillée sur Hamas – ferait que le récit ressemblerait  à un non-sens. Et ainsi, on nous passa l’instruction de ne pas en tenir compte, ce qui fut fait, pendant plus d’un an et demi.

Cette décision m’a appris une leçon qui doit être claire pour les observateurs de l’histoire d’Israël: La plupart des gens qui décident de ce que vous allez lire et voir à ce propos, ne voient pas leur rôle comme explicatif, mais comme politique. La couverture médiatique est une arme à mettre à disposition du camp qu’ils aiment.

Comment le narratif sur Israël est-il élaboré?

Le narratif sur Israël est construit dans les mêmes termes utilisés depuis le début des années 1990, la recherche d’une « solution à deux Etats. » Il est admis que le conflit est «israélo-palestinien», ce qui signifie que c’est un conflit qui a lieu sur une terre contrôlée par Israël – 0.2 pour cent du monde arabe – sur laquelle les Juifs sont majoritaires et les Arabes minoritaires. Le conflit est décrit plus précisément comme «israélo-arabe», ou «judéo-arabe», – c’est-à-dire un conflit entre les 6 millions de Juifs d’Israël et les 300 millions d’arabes des pays voisins. (Peut-être « Israélo-musulman» serait plus exact, pour tenir compte de l’hostilité des Etats non-arabes comme l’Iran et la Turquie, et, plus largement, 1 milliard de musulmans dans le monde.) C’est ce conflit qui se joue sous différentes formes depuis un siècle, avant l’existence d’Israël, avant la prise par Israël des territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, et avant que le terme «palestinien» ne soit en usage.

La formulation en un conflit « israélo-palestinien » permet à l’infime minorité juive du Moyen-Orient, d’être représentée comme la partie la plus forte. Elle inclut également l’hypothèse implicite que si le problème palestinien était en quelque sorte résolu le conflit serait terminé, même si personne d’informé, ne croit aujourd’hui que cela soit vrai. Cette formulation permet également au projet israélien d’implantation, qui je crois est une erreur morale et stratégique grave de la part d’Israël, d’être décrit non pas pour ce qu’il est : un autre symptôme destructeur du conflit, mais plutôt comme sa cause.

Un observateur averti du Moyen-Orient ne peut éviter l’impression que la région est un volcan et que la lave est l’Islam radical, une idéologie dont les incarnations diverses sont maintenant en train de façonner cette région du monde. Israël est un petit village sur les pentes du volcan. Hamas est le représentant local de l’Islam radical, ouvertement dédié à l’éradication de l’enclave de la minorité juive d’Israël, tout comme Hezbollah est le représentant dominant de l’Islam radical au Liban, l’Etat islamique en Syrie et en Irak, les talibans en Afghanistan et au Pakistan, et ainsi de suite.

Hamas n’est pas, comme il l’admet franchement, un partenaire à l’effort de création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël. Il a différents buts qu’ils ne cachent pas et qui sont semblables à ceux des groupes énumérés ci-dessus. Depuis le milieu des années 1990, plus que tout autre acteur, Hamas a détruit la gauche israélienne, a influencé les israéliens modérés contre les retraits territoriaux, et enterré les chances d’un compromis à deux Etats. C’est une façon précise de cerner le sujet.

Un observateur pourrait aussi légitimement formuler le narratif à travers le prisme des minorités du Moyen-Orient, qui sont toutes sous la pression intense de l’Islam: Quand les minorités sont impuissantes, leur sort est celui des Yézidis ou chrétiens du nord de l’Irak, comme nous venons de le voir, et quand elles sont armées et organisées, elles peuvent se battre et survivre, comme c’est le cas pour les Juifs et (il faut l’espérer) pour les Kurdes.

A suivre : troisième partie, les symboles 

Pour lire l’ article en anglais

Israel : An Insider’s Guide to the Most Important Story on Earth (1/3)

Israel – An Insider’s Guide to the Most Important Story on Earth (2/3)

Israel : An Insider’s Guide to the Most Important Story on Earth (3/3)

source   Tabletmag.com

Matti Friedman en tant que reporter est allé au Liban, au Maroc, en Egypte, à Moscou et Washington DC, et sur les scènes de conflits en Israël et au Caucase. Son premier livre, The Aleppo Codex, a obtenu le prix  Sami Rohr 2014 pour la Littérature juive, et son second, sur des fantassins Israéliens aux avant-postes de contrôle isolés au Liban, sera publié l’an prochain. Il vit à Jérusalem.

Traduction Nancy VERDIER pour Europe-Israël

© Copyright Europe Israël – reproduction autorisée avec mention de la source et lien actif

 

 







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  • 8 thoughts on “Le guide d’un initié sur l’Histoire la plus importante sur Terre : Israël sous le feu des critiques (2/3)

    1. Moshé_007

      Laurence, il faudrait viré les 9/10 des politiques fronçais !

      Quant à kirchner, nous savons à quelle communauté argentine elle appartient, trouvez un seul argentin avec un nom à consonnance allemande n’ayant pas fuis les armées de libérations en 1944-45 !!!

      De plus au commentaire de David Belhassen, ces minables qui ont perdus des milliers de soldats dans le conflit des Malouines et avec des zones de pèches rapportant net 140 millions de livres à l’Angleterre et maintenant grâce aux nouvelles techniques de forages, des milliards de m3 de pétrole de très haute qualité !

      D’autre part, les juifs n’ont vraiment plus rien à faire dans cet état envahi par les nazis et les nazislamistes, une libanisation de l’argentine est incontournable, il y a plus de libanais et de nazis dans ce pays que dans le reste du monde !

    2. Alain

      C’est gentil de dire que ses confrères se trompent, ce qui est vrai.
      Mais elle aussi : Cette formulation permet également au projet israélien d’implantation, qui je crois est une erreur morale et stratégique grave de la part d’Israël, Faux. Ce qui est moralement une faute d’Israël c’est de ne pas avoir annexé la Judée Samarie et Gaza en 67 et d’avoir laissé le Mont du Temple aux arabes.
      Israël contrevenait à toutes les lois de la guerre et affaiblissait ainsi son prestige. Il en paye les dividendes aujourd’hui.

    3. Laurence

      Moshé 007

      Ce que vous dites Moshé est vrai pour la politique Française, mais je me dis qu’il reste 1/10 qui peut se battre pour faire une mouvence
      En ce qui concerne les Argentins , c’est tout à fait juste , tous les nazis aprés la guerre sont partis là bas
      Il faut espérer que des Goasgen se reveil pour la France car il est un véritable ami des Juifs et d’Israel

    4. Nancy - Europe-Israel.org Post author

      Je suis d’accord avec vous. En traduisant le texte, j’ai failli mettre une note « du traducteur » à ce propos. J’étais un peu énervée avec son utilisation du mot « Palestine, palestinien ». La question des implantations, la manière dont il l’exprime, est une grande lacune de la part de ce journaliste (qui est un homme, assez jeune d’ailleurs), car la Judée-Samarie appartient bien à Israël qui a commis l’erreur – quand il l’a récupéré en 67,- de ne pas l’annexer. Mais il me semble que c’est Peres et les travaillistes qui ont joué les grands humanistes??? Je n’ai pas mis d’annotation pour finir, je me suis ravisée, parce que plus loin il dit des choses justes sur « le volcan » et sur Hamas, les Kurdes et toutes les minorités. En fait Israël va bientôt émerger comme le modèle des peuples opprimés par l’islam et l’arabisation. Et puis l’Occident a une énorme part de responsabilité dans tout cela et risque de le payer cher, car les islamistes ne feront pas de sentiments…Mais c’est quand même un bon article. Bientôt la 3ème partie. Bien à vous, Nancy VERDIER

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