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Jérusalem: la guerre du foulard islamique qui attise la haine entre Chrétiens et Musulmans


Jérusalem: la guerre du foulard islamique qui attise la haine entre Chrétiens et Musulmans

 

Durant le mois d’août, alors que la guerre faisait rage dans le sud d’Israël, se déroulaient des manifestations et de violentes émeutes à Beit Hanina, un quartier du nord-est de Jérusalem sur la route menant à Ramallah, qui n’avaient aucun rapport avec le conflit à Gaza.

Quelques dizaines de Palestiniens ont manifesté devant l’école pour filles du couvent des sœurs du Rosaire (en arabe Rehabat Al Vardia) pour protester contre le refus de la direction de l’école de laisser les jeunes filles musulmanes portant le « hijab » (foulard islamique) pénétrer dans l’établissement.

Il s’avère que l’affaire de l’interdiction de la Burqa, qui a secoué la France et d’autres pays européens et provoqué tensions et scandales en Turquie et en Iran ainsi que dans tout le monde arabe, a atteint la société palestinienne à Jérusalem.

La question qui se pose est la suivante: dans quelle mesure le foulard islamique est-il l’expression d’une protestation qui remet en cause l’égalité ou bien d’une légitime appartenance à une communauté ou à une foi ?

Il ne fait aucun doute que les exactions de l’État islamique et du Front al-Nosra aux frontières de l’Irak et la Syrie, qui touchent également le Liban et le plateau du Golan, ont contribué en partie aux émeutes dans l’affaire de l’école des sœurs du Rosaire à Beit Hanina.

Que s’ est-il passé en fait à Beit Hanina? Il s’agit d’une école prestigieuse dans laquelle étudient des centaines de jeunes filles, le plus souvent issues des classes moyennes établies dans les quartiers Est de Jérusalem.

Ces jeunes filles sont en grande majorité musulmanes, et ce en raison du départ des dernières générations des Arabes chrétiens de Jérusalem et de ses environs.

De nombreuses élèves viennent d’un milieu arabe traditionnel, originaire de Hébron qui représente aujourd’hui environ 70% des habitants de Jérusalem-Est.

Pendant de nombreuses années, l’usage qui prédominait dans cette école était que les filles qui portaient le hijab pouvaient le garder jusqu’à ce qu’elles arrivent à l’école, mais devaient l’enlever et le ranger, une fois à l’intérieur de l’établissement. Cette pratique a été instaurée pour préserver une uniformité, afin qu’il n’y ait pas de distinction entre les chrétiennes et les musulmanes. Cette pratique n’a jamais posé de problème au sein de l’école, car il n’y a que des filles, et la plupart des enseignantes sont des religieuses arabes palestiniennes.

Le problème s’était déjà posé dans le passé dans cette école, ainsi que dans d’autres établissements, lors de certains événements, notamment les cérémonies de fin d’année et de remise de diplôme. A cette occasion, de nombreuses personnes étaient invitées, parmi lesquelles les membres des familles dont des garçons et des hommes étrangers pénétrant dans la cour et, peut-être même dans les classes. Or la présence d’un homme impose pour les femmes le port d’un voile qui doit également cacher une partie du visage, ce qui est reconnu comme étant le symbole accepté de pudeur (ce qui est la signification exacte du mot « hijab » en arabe).

Vers la fin de l’année scolaire, certaines familles ont demandé cette année que la commission scolaire permette à leurs filles de porter le hijab à l’occasion de ces événements publics. S’en sont suivis des débats, mais en fin de compte la direction a refusé, et sur ces entrefaites la tempête s’est déclenchée.

J’ai noté quelques-unes des demandes formulées par les orateurs lors de la grande manifestation qui s’est tenue devant les portes de l’école et qui ont été publiées dans le communiqué des manifestants:

• La décision de ne pas laisser les élèves qui portent le hijab entrer dans l’école est une décision discriminatoire et raciste, tout le monde a le droit de porter le hijab.

• Le hijab fait partie de notre identité musulmane et de notre tradition arabo-palestinienne dans ce pays.

• L’interdiction du hijab est un appel au sectarisme et sème la discorde qui apportera le malheur dans le monde arabe.

• Nous appelons à la révocation de la nonne principale Hortense Nahla. De quel droit peut-elle porter un couvre-chef et nier ce droit à nos filles ?

• Le hijab est un symbole de pudeur dans toutes les religions divines (une allusion à la tenue des femmes juives ultra-orthodoxes en Israël)

• Nous respectons les Chrétiens qui vivent avec nous ici depuis 1400 ans, et ils doivent aussi nous respecter.

 

Le danger avec l’affaire du hijab à l’école de Beit Hanina réside dans l’exacerbation des tensions entre la grande majorité musulmane de Jérusalem-Est (qui représente 90% de la population locale) et la minorité chrétienne. L’affaire a obligé des représentants du Patriarcat latin (catholique), ainsi que le mufti et des représentants de l’Autorité palestinienne à intervenir.

 

Finalement, l’Ordre des religieuses et l’école ont publié fin août un rapport condamnant fermement les manifestants. Ces-derniers sont accusés de mener « une campagne tous azimuts de diffamation et d’incitation à la haine contre l’école, en diffusant des rumeurs malveillantes, des messages racistes et haineux, et des menaces contre l’école et en exigeant l’expulsion de la directrice des religieuses qui ont prêté le serment de servir les filles dans la patrie arabe. »

Dans le communiqué, les nonnes expliquent que « les incitations dirigées à leur encontre sont emplies de haine aveugle, à l’instar des paroles de l’organisation terroriste de l’État islamique »… et ajoutent qu’il s’agit d’ « une tentative musulmane de prendre le contrôle de l’école et des institutions chrétiennes dans la Ville sainte de Jérusalem « .

Après un commentaire aussi brutal, il s’avère que la direction de l’école a finalement cédé aux principales exigences des manifestants musulmans. Les musulmanes continueront cependant d’enlever leur hijab avant d’entrer dans l’établissement, afin qu’il n’y ait pas de discrimination entre les élèves. Mais le dialogue sera maintenu et le débat se poursuivra avec les familles. Et lors de la cérémonie de remise de diplôme à la fin de l’année prochaine, les jeunes filles qui le souhaiteront pourront pénétrer dans l’école avec leur voile.

L’école chrétienne a cédé et le public de Jérusalem-Est a compris qu’il doit se méfier:

les valeurs de tolérance relative qui ont prévalu par le passé entre Musulmans et Chrétiens dans la ville pourraient être compromises en raison des conflits meurtriers et de la violence à l’encontre des minorités chrétiennes de la région.

Danny Rubinstein est conférencier sur les questions arabes à l’Université Ben Gourion de Beersheva ainsi qu’à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il est également spécialiste des questions économiques palestiniennes et tient une chronique dans le journal israélien “Calcalist”

 

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