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La dernière confrontation à Gaza s’inscrit dans la lutte contre le djihadisme mondial


La dernière confrontation à Gaza s’inscrit dans la lutte contre le djihadisme mondial

 

Un mois après le déclenchement de l’opération « Bordure protectrice », le Hamas a rejeté le cessez-le-feu à durée illimitée proposé par l’Egypte et Israël. Ce qui se joue désormais n’est pas tant la préservation du processus de paix israélo-palestinien, que la lutte contre l’extension du djihad mondial dans lequel la branche armée du Hamas et le djihad islamique palestinien ont été les porte-drapeaux de l’État Islamique (EI).

Quels enseignements peut-on en tirer pour l’avenir de cette région, voire au-delà?

Le Hamas a rejeté le cessez-le-feu à durée illimitée proposé par l’Egypte et Israël. Il se refuse à toute idée de désarmement, alors que l’Union Européenne et les USA en font un préalable à la reconstruction de l’étroite bande côtière.

On ne voit donc pas pour l’heure d’issue pacifique à court terme.

Les tirs de roquettes sur Israël ont recommencé, et l’on s’attend à une reprise de la confrontation armée si aucune solution n’est trouvée. Toute vie perdue est un drame, et en tout premier lieu lorsque cela touche les civils. Mais une narration au contenu trop souvent émotionnel et l’utilisation d’un logiciel d’analyse convenu des événements ont empêché jusqu’à présent de prendre la pleine mesure de ce qu’il s’est passé.

En effet, ce à quoi nous venons d’assister n’est pas une confrontation de plus dans la longue liste qui oppose Israéliens et Palestiniens depuis 1948, mais très probablement une étape dans un plan d’ensemble de déstabilisation régional dont l’épicentre se trouve aux confins de la Syrie et de l’Irak, dans le Califat instauré par l’Etat Islamique (EI), la branche dissidente d’Al Qaeda.

La guerre entre sunnites et chiites, un conflit vieux de plus de 13 siècles

Contrairement à l’idée communément répandue, le conflit israélo-palestinien n’est pas le plus ancien du Proche et Moyen-Orient. Une confrontation sanglante déchire le monde musulman depuis plus de 13 siècles entre ses deux branches principales, le Sunnisme majoritaire et le Chiisme. Se surajoute de nombreuses divisions au sein même des deux courants. Si aujourd’hui, l’Iran règne sans partage sur le monde chiite, son ennemi juré, l’Arabie Saoudite gardienne des lieux saints, voit sa suprématie de plus en plus contestée au sein du sunnisme par des groupes non étatiques, les mouvements djihadistes. Le conflit israélo-palestinien, seul élément fédérateur de façade, n’a servi jusqu’à présent que de cache misère à cette lutte existentielle sans merci à la fois politique et religieuse entre les deux courants.

Le paradoxe du Hamas

Le Hamas, avant l’opération « Bordure protectrice », était en perte de vitesse dans tous les domaines, économique, politique, avec une chute de popularité vertigineuse tant auprès des Palestiniens de Gaza qu’au sein des territoires contrôlés par l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Pour comprendre les déterminants du conflit, il faut mesurer les contraintes contradictoires externes et internes auxquelles il est soumis.

Le Hamas, acronyme du « mouvement de la résistance islamique », est d’obédience sunnite. Il représente la branche des Frères musulmans égyptiens à Gaza. Dont il faut rappeler qu’elle était sous occupation du Caire jusqu’en 1967. Cela n’a pas empêché le mouvement de bénéficier des largesses de l’Iran chiite qui l’a armé et entrainé dans le but d’étendre le combat hors de ses frontières pour imposer son hégémonie en déstabilisant cette zone géographique clé, entre l’Afrique et l’Orient. Et ce jusqu’à la crise syrienne. La milice islamiste a pris le parti des insurgés sunnites contre Bachar El Assad, le Raïs du régime alaouite, branche du chiisme, et allié de Téhéran. Les Mollahs iraniens en ont conçu un ressentiment important et lui ont coupé les vivres.

En parallèle, le Qatar, en compétition avec l’Arabie Saoudite pour le leadership du monde sunnite, a soutenu politiquement et financièrement le Hamas. Cependant, l’Emirat se trouve aujourd’hui très affaibli depuis la chute de Mohamed Morsi et l’arrivée au pouvoir en Egypte d’Abdel Fattah Al Sissi, ennemi juré du Hamas, signant la faillite de la politique de soutien de Doha aux Frères musulmans.

En interne, le Hamas est écartelé entre une « direction extérieure » qui a déménagé de Damas à Doha au Qatar, et où son responsable, Khaled Mashal, donne ses ordres depuis un hôtel cinq étoiles. Et sur place à Gaza, entre une branche politique qui est dirigée par Ismaël Haniyeh et la branche militaire, les Brigades Izzad Din al-Quassam, de Mohammed Deif.

Si la branche politique était pour la prolongation du statu quo avec Israël, sachant ce qu’il lui en coûterait si elle rééditait ses attaques de roquettes contre les villes israéliennes, ce n’était pas le cas de la branche armée ni du Djihad islamique, autre milice islamiste palestinienne. Ces derniers voyaient dans cette fuite en avant, l’occasion de regagner du crédit en infligeant le plus de pertes possibles à l’Etat Hébreu et en enlevant des soldats, et cela quel que soit le prix pour la population de Gaza.

L’Etat Islamique, le retour du Califat et le djihad mondial, l’élément qui change tout !

Dans ce paysage déjà fort complexe et à mille lieux des simplifications extrêmes présentées par les médias, un acteur majeur a fait son apparition. Il s’agit de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL), ou « Daesh » en arabe. Existant depuis 2006, il s’est rebaptisé le 29 juin 2014, Etat Islamique (EI) sur une partie des territoires conquis aux dépens de la Syrie et de l’Irak et a décrété le retour au Califat, c’est-à-dire l’abolition des frontières entre les pays musulmans.

Cette organisation sunnite, salafiste, émanation d’Al Qaeda, a pris son autonomie sous l’influence de son nouveau chef, Abou Bakr al-Baghdadi. Elle veut désormais imposer son leadership aux autres mouvements djihadistes et appelle tous les musulmans à la rejoindre pour imposer sa vision de l’islam. Son programme est simple, la disparition des pays musulmans créés suite à la chute de l’Empire Ottoman en 1916 pour unir tous les croyants et la conquête du monde ! Forts des succès remportés sur le terrain, les Brigades Izzad Din al-Quassam et le Djihad islamique palestinien se sont fait le porte flambeau de l’EI dans l’étroite bande côtière et ont imposé leur agenda à la branche politique du Hamas et la population civile de Gaza.

Contrairement à certaines analyses qui ne voient en l’EI qu’une bande de djihadistes sous-armés et incapables de tenir sur la durée, ses avancées sont bien réelles. Et l’on peut voir les difficultés que rencontre une armée conventionnelle dans une guerre asymétrique où les civils sont utilisés comme des armes et servent de boucliers humains. Il en a été ainsi de l’armée irakienne pourtant entraînée par les USA qui s’est désagrégée en peu de temps face à cet ennemi implacable dont la réputation le précède suite à ses terribles exactions filmées et diffusées très largement pour mieux terrifier ses opposants.

C’est avec cette volonté d’expansion et non pas comme un débordement du conflit syrien qu’il convient de considérer les récents combats entre l’armée libanaise et les djihadistes. En effet, l’armée du pays du cèdre, en cas de confrontation généralisée se disloquerait rapidement, entre sunnites d’un côté et chiites de l’autres. Les premiers pourraient trouver un appui tactique pour se débarrasser du Hezbollah chiite, véritable état dans l’Etat, bras armé de l’Iran et qui décrète les guerres comme bon lui semble, contre Israël ou en combattant auprès des forces syriennes. Ce faisant, il est certain que le pauvre Liban multiculturel n’y survivrait pas, et les chrétiens maronites comme les chrétiens d’Irak seraient obligés de fuir pour sauver leur vie.

Une large coalition autour d’Israël

C’est précisément à cause des visées hégémoniques de l’EI que la position de l’Etat Hébreu a changé. Et la conséquence directe des liens existant entre les milices djihadistes de Gaza et le Califat, est que l’on ne peut plus restreindre cette dernière confrontation à un énième avatar du conflit israélo-palestinien.

Il s’agit d’un conflit s’inscrivant désormais dans la lutte contre le djihad mondial.

Si les opinions publiques de la majorité des pays arabes semblent encore acquises à ce qu’elles considèrent comme la cause palestinienne, en soutenant le Hamas, ce n’est pas le cas des dirigeants. Aujourd’hui dans la région, il n’y a plus guère que le Qatar, l’Iran et la Turquie pour défendre la milice islamique et encore, du fait des nombreuses ruptures de cessez-le-feu dont il est à l’origine.

En face se constitue un vaste front comprenant entre autres, l’l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, l’Autorité palestinienne, les Etats du Golfe, unis par un double intérêt commun, lutter contre l’hégémonie perse et donner un coup d’arrêt à l’Etat Islamique qui rêve de faire disparaître tous les pays de la région et pas uniquement Israël.

L’Europe, bien consciente du risque d’importation du danger djihadiste n’est pas en reste. Alors que l’UE s’est souvent montrée prompte à condamner l’Etat Hébreu, les 28 ministres des Affaires Etrangères ont publié un communiqué commun condamnant le Hamas pour les tirs de roquettes sur les villes israéliennes et reconnaissant à Israël le droit de se défendre. La France, luttant contre le terrorisme islamiste en Afrique a même été en pointe sur le dossier.

Aussi la nouvelle ligne de partage qui se dessine désormais au Proche-Orient après l’opération « Bordure protectrice » n’est plus entre ceux qui soutiennent la cause palestinienne et les pays acceptant Israël, mais entre les modérés et les extrémistes.

 

Hagay Sobol

huffingtonpost.fr







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