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La Bande de Gaza, éléments d’histoire. Par Richard Rossin


La Bande de Gaza, éléments d’histoire. Par Richard Rossin

Image à la Une : La plage à Gaza, 18 juin 2013 (photo Middle East Monitor – Memo – Mohammed Asad)

Texte paru dans Gaza, la guerre de cent ans? Revue Outre-Terre n° 22, 2009; Publié ici,  avec l’aimable autorisation de l’auteur Richard Rossin, ancien vice-président de l’Académie Européenne de Géopolitique

Si la ville de Gaza a une histoire longue, la bande de Gaza est une création récente.

La ville de Gaza a vraisemblablement été fondée vers 1500 avant J.C. ; c’est une ville de passage qui fut successivement égyptienne, philistine (d’où le nom de Palestine donné à la région par l’empereur romain Hadrien en 137 après JC), hébreue, assyrienne, chaldéenne, perse achéménide, grecque, romaine, byzantine, arabe, fatimide, franque, mamelouk, ottomane (1517à 1917) puis britannique avant d’appartenir à la Bande de Gaza.

La Bande de Gaza naît de l’armistice de Rhodes après la première guerre israélo-arabe en 1948. Tous les territoires de la région (Egypte, Irak, Syrie, Liban, Transjordanie etc.…) qui appartenaient à l’Empire Ottoman sont le résultat de la première guerre mondiale et du traité de San Remo de 1920. Les 362 km² de la bande de Gaza ont 11 km de frontière avec l’Égypte (dont le poste frontière de Rafah), 51 km de frontière avec Israël et 40 km de côtes le long de la Méditerranée.

Pour tenter de trouver une solution à l’avenir de la « Palestine sous mandat britannique » l’Assemblée générale de l’ONU adopte (33 votes pour, 13 contre et 10 abstentions) le 29 novembre 1947 la résolution 181 divisant le territoire (amputé de la Transjordanie) entre: un Etat juif sur 56,47% de la Palestine du mandat (avec 498.000 habitants juifs et 325.000 habitants arabes), un Etat arabe sur 43,53% (avec 807.000 habitants arabes et 10.000 habitants juifs), un régime de tutelle internationale pour le grand Jérusalem (avec 100.000 habitants juifs et 105.000 habitants arabes).[1]

Les parties arabes refusent le plan de partage, les anglais quittent prématurément le pays et David Ben Gourion déclare « la re-naissance du pays d’Israël » le 14 mai 1948. Le lendemain la coalition des pays arabes entrent en guerre avec le nouvel Etat. Les frontières dites de 1948 sont fixées par l’armistice de Rhodes entre Israël et les parties arabes (le 24.2.1949 entre Israël et l’Egypte).

La Cisjordanie (et Jérusalem) conquise par le général anglais « Glubb Pacha » du roi  Abdallah est d’abord administrée (les troupes irakiennes quittent Djenine) puis annexée par la Transjordanie qui devient la Jordanie en 1950 (tous les citoyens deviennent jordaniens). La bande de Gaza est administrée par l’Egypte de 1948 à 1967. En 1950, la population était de 254 000 habitants. Aucun juif n’est autorisé à vivre dans ces territoires. L’Egypte maintient Gaza sous commandement militaire gérant le territoire à la manière d’un protectorat et dont les habitants deviennent apatrides. Encouragés par Gamal Abdel Nasser, futur président égyptien, dès 1954, les premiers commandos de « feddayines » opèrent contre le sud d’Israël, tuant des civils. Israël réplique militairement. Le cycle de la violence est enclenché.

En 1956, Israël intervient dans le cadre d’une opération anglo-française contre l’Égypte et prend le contrôle de la Bande de Gaza pendant trois mois. L’intervention des grandes puissances (États-Unis et Union soviétique) conduisit au retour d’Israël derrière ses frontières de 1949, et au retour de l’administration égyptienne sur Gaza. En 1964 y naît l’Organisation de Libération de la Palestine dont Nasser offre la présidence à Ahmed Choukeiry auquel succédera Yasser Arafat en 1969. L’économie gazaouie traditionnellement agricole n’a connu quasiment aucun développement industriel sous l’administration égyptienne.

En juin 1967 après l’expulsion des casques bleus du Sinaï par l’Egypte et un blocus de la coalition arabes que la communauté internationale ne lève pas malgré ses engagements commence la guerre des Six Jours remportée par Israël, qui occupe la bande de Gaza, la Cisjordanie et le Golan. La bande Gaza sous occupation est reliée à un réseau électrique et un réseau d’eau courante. Pendant 25 ans près de 100 000 Palestiniens vont travailler tous les jours en Israël malgré les mouvements nationalistes qui déclenchent en 1970 et 1971 une vague d’attentats suivis de leurs représailles. L’économie gazaouie s’est intégrée au marché israélien dont elle est devenue dépendante. Gaza exportait essentiellement des produits agricoles vers Israël mais aussi des produits finis fabriqués sous licence israélienne dans la zone industrielle frontalière d’Erez. La principale source de revenus restait cependant sa main d’œuvre non qualifiée qui était utilisée dans l’industrie du bâtiment et l’agriculture israélienne jusqu’à la seconde intifada. L’ensemble de l’économie gazaouie s’est alors écroulée.

En 1979 : traité de paix entre Israël et l’Egypte. Israël se retire du Sinaï (effectif en 1982), et l’Egypte n’a plus le droit de masser ses troupes dans le Sinaï. L’Egypte s’oppose à l’idée de reprendre l’administration de la bande de Gaza.

A partir de 1976  le mouvement islamiste des Frères musulmans  crée un important tissu social d’aide et l’université islamique de Gaza. En 1987, le cheikh Yassine fonde la branche palestinienne des Frères musulmans, nommée Hamas dont la charte cite en préambule  une phrase d’Hassan al-Banna, le fondateur égyptien des Frères musulmans : « Israël existera et continuera d’exister jusqu’à ce que l’islam l’anéantisse comme il a anéanti d’autres auparavant ».

En 1987 la première Intifada, « révolte des pierres », débute à Gaza dans le camp de réfugiés de Jabaliya avant de s’étendre à l’ensemble des territoires occupés jusqu’aux accords israélo-palestiniens d’Oslo du 13 septembre 1993.

Conformément à l’accord de Washington, signé en 1993 entre Israël et l’OLP, la bande de Gaza, devient une zone autonome dirigée par l’Autorité palestinienne le 4 mai 1994. Elle forme, avec la Cisjordanie, « les Territoires palestiniens ».Le président Yasser Arafat[2] et l’Autorité palestinienne s’installent à Gaza. L’Autorité palestinienne réprime les islamistes et les terroristes. Yasser Arafat proclame qu’il va «bâtir un Singapour» :Le retour des hommes d’affaires fait démarrer l’économie en flèche, le front de mer se développe alors que les camps de réfugiés, installés sur la côte au nord de la ville, restent insalubres.Cependant l’Autorité Palestinienne a assuré la survie artificielle de l’économie en hypertrophiant le secteur public, principalement les services de sécurité, grâce aux subventions internationales, surtout de l’Union Européenne[]. Près d’un Gazaoui sur trois serait rémunéré par l’Autorité palestinienne.

Un mois après le déclenchement de la deuxième intifada, en septembre 2000, les tirs de roquettes de la bande de Gaza commencent. La situation israélo palestinienne chaotique, attentats meurtriers, tirs de roquettes et missiles, répressions violentes se succèdent. Avec le temps, la fréquence, la portée et la létalité des missiles lancés depuis la Bande de Gaza augmentent rendant la ville israélienne de Sdérot notamment de plus en plus inhabitable.

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Le 22 mars 2004 : mort du cheikh Ahmed Yassine par un missile israélien .

Le 11 Novembre 2004: mort de Yasser Arafat à Paris.

27 janvier 2005 et 5 mai 2005 : premier et second tour des élections locales à Gaza : le Hamas remporte la majorité des sièges.

Le 17 août 2005, le gouvernement israélien décide du retrait unilatéral de la bande de Gaza dans le cadre d’une politique plus large qui, en l’absence d’accord de paix, vise à mettre un terme à l’absence de frontières physiques entre Israël et le futur État palestinien.Et le 12 septembre 2005 les troupes israéliennes évacuaient de force les colons israéliens et quittaient la bande de Gaza.

En Novembre 2005 : une médiation américaine mène à un accord sur le déploiement 750 policiers égyptiens à la frontière palestino égyptienne pour gérer les entrées et sorties à Rafah, en coopération avec l’Autorité Palestinienne avec une supervision des forces de l’UE et une surveillance vidéo israélienne.

Le 26 janvier 2006 le Hamas (classé organisation terroriste par la communauté internationale), remporte les élections législatives palestiniennes. Ismail Haniyeh forme le nouveau cabinet de l’Autorité palestinienne. C’est la crise en Palestine : fin transitoire des subventions internationales et des conflits entre le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas du premier ministre Ismail Haniyeh.

En juin 2007, le Hamas, par un coup de force, prend entièrement le contrôle de la bande de Gaza après plusieurs mois d’une guerre civile palestinienne[3]. Le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas n’y exerce plus aucun pouvoir. Les Egyptiens ferment leur frontière avec la bande de Gaza, l’accord de novembre 2005 prend fin. Le 19 septembre 2007, la bande de Gaza a été déclaré « entité hostile » par Israël[].

Le 17 janvier 2008 : Israël ferme ses frontières avec la bande de Gaza en réponse à des attaques massives de roquettes. Le 26 janvier le Hamas orchestre la destruction partielle du mur séparant la bande de Gaza de l’Egypte, près de 750.000 Palestiniens traversent la frontière.Le Hamas a appelé à rompre les liens économiques avec Israël et à les reporter sur l’Egypte, c’est à dire l’achat à l’Egypte de fuel, de nourriture, d’eau, de matériaux de construction, et de beaucoup plus d’électricité que les 17 mégawatts actuels que l’Egypte fournit à Gaza (contre 124 mégawatts fournis par Israël).

4 février 2008 : la frontière entre le Sinaï et la bande de Gaz est refermée

5 février 2008 : un clash entre des Palestiniens et la police égyptienne à la frontière fait un mort et plusieurs blessés.

19 juin 2008 : Une trêve de six mois reconductibles entre le Hamas et Israël négociée par l’entremise de l’Egypte, entre en vigueur, elle prévoit l’arrêt des tirs palestiniens vers Israël et la fin des attaques israéliennes sur la bande de Gaza, Israël s’engage en outre à alléger progressivement son blocus (embargo millitaire) sur la bande de Gaza.

Cependant le 4 novembre 2008 les statistiques officielles du ministère des affaires étrangères israélien montrent que si durant cette trêve, les tirs sur les civils du Sud d’Israël ont diminué, ils n’ont jamais été interrompus. En fait, la trêve dégénère gravement et les tirs de roquettes s’intensifient. Le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal en exil à Damas, annonce la fin de la trêve pour le 19 décembre. []En particulier, le 26 décembre 2008, plus de 80 roquettes sont tirées sur les habitants des villes du sud d’Israël.

Le 27 décembre 2008, Israël bombarde massivement les installations du Hamas dans une opération appelée Plomb Durci de raids et bombardements aériens, puis par une offensive terrestre à partir du 3 janvier 2009.

A la guerre et son cortège de destructions et de morts s’ajoute une guerre de l’information d’une rare violence. L’ONU commence à communiquer sur cet aspect et sur l’implication de ses agences. Certains medias aussi s’étonnent d’eux-mêmes. La communauté internationale habituée aux guerres réelles locales prend-t-elle la mesure de la violence, de la cruauté et des dégâts de la nouvelle guerre virtuelle aux visées mondialisées bien au-delà des anciennes propagandes ? Cette guerre virtuelle nécessiterait une autre analyse chronologique et une comparaison des méthodes utilisées par les différents belligérants.

 

Richard Rossin, ancien secrétaire général de MSF, cofondateur de MDM et ancien vice-président de l’Académie Européenne de Géopolitique

 

[1] Le plan de partage prévoyait également: 1/la garantie de droits des minorités et des droits religieux, y compris le libre accès aux Lieux saints et leur préservation; 2/la constitution d’une Union économique entre les deux Etats: union douanière, système monétaire commun, administration unique des principaux services, accès à l’eau eaux et sources d’énergie,…

L’Assemblée prévoyait enfin: 1/une période de transition de deux mois à compter du 1er août 1948, date ultime pour la fin du mandat et l’évacuation des troupes britanniques, une zone comprenant un port de mer sur le territoire de l’Etat juif devant être évacuée avant le 1er février;  2/une commission de cinq pays (Bolivie, Danemark, Panama, Philippines, Tchécoslovaquie) chargée d’administrer les régions évacuées par la Grande-Bretagne, de fixer précisément les frontières des deux Etats et d’établir, dans chacun, un Conseil provisoire de gouvernement; 3/la prise en charge progressive de l’administration de chaque Etat par ce conseil et l’organisation dans les deux mois d’élections démocratiques pour une Assemblée constituante.

[2] Mohamed Abdel Raouf Arafat al-Qudwa al-Husseini né Au Caire le 24.8.1929. Arafat est un de ses nom de guerre, le mont Arafat est la colline à la Mecque où Mahomet aurait fait son sermon d’adieu.

[3] Au printemps 2007, la bande de Gaza devient le théâtre d’affrontements interpalestiniens meurtriers ; tandis que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui bénéficie du soutien de la communauté internationale, déclare l’état d’urgence et limoge le Premier ministre Ismaïl Haniyeh (leader du Hamas), l’organisation islamiste prend le contrôle de la totalité du territoire de Gaza le 14 juin, divisant de fait les Territoires palestiniens en deux entités politiques. En août 2007 l’Union européenne bloque pendant quelques jours les fonds destinés à payer les livraisons de fioul. Un Hamasland, petit Etat islamique se met en place dans la bande de Gaza en défi aux Israéliens, aux Egyptiens et aux Occidentaux.







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  • 7 thoughts on “La Bande de Gaza, éléments d’histoire. Par Richard Rossin

    1. Laurence

      Je n’ai aucune peine pour un peuple qui a mis au pouvoir des terroristes
      Maintenant le hamas et le fatah se sont réconciliés, et pendant la guerre Barrière Protectrice , nous n’avons pas entendu abbas s’opposer fermement au hamas et à cette guerre
      Nous vivons en meme temps à une guerre de propagande mondiale qui est aussi néfaste que la guerre armée

    2. Wallemacq andré

      Décidément ,Laurence ,nous sommes du même avis que toi ,c’est vrai quant plus d’une guerre armée ,Israël dois également se battre contre des médias malhonnêtes ,qui ne vois que ce qui leurs fait vendre leurs torchons

    3. Robert Davis

      Excellent article mais il ne faut pas oublier que le monde ne s’arrête pas à…l’Histoire! La politique est la continuation de l’Histoire. Sila sécurité d’Israel est en jeu celui-ci peut VIDER de sa population cette bande infestée de terroristes et ANNEXER LE TERRITOIRE APRES L’AVOIR VIDE DE SA POPULATION ARABE. Surtout PAS AVEC sa population!!! Pour un égypte qui compte 80 millions d’habitants 1 million de plus ou de moins ce n’est RIEN et elle sera obligée d’accpeter le fait accompli et INTEGRE cette population àa la sienne. Les gazaouis s’y fondront et on n’entendra plus jamais parler d’eux. Un peu de nerf et de courage netanyahou,vous n’avez pas été élu POUR FAIRE SEULEMENT DES DISCOURS§

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