Depuis la rupture de la dernière trêve entre Israël et la Hamas, la situation n’a cessé d’empirer. Les missiles et autres obus de mortiers des milices islamistes de Gaza se se sont abattus sans discontinuer sur les villes israéliennes, et en retour des bombardements de représailles.
Le nord menace également de s’embraser sous le feu croisé de tirs provenant de Syrie et du Liban. Pourtant un nouveau cessez-le-feu a été décrété. Etrange situation qui si elle n’était pas si dramatique, rappellerait les feuilletons des journaux du XIXe siècle, où tout pouvait changer d’un épisode à l’autre.
Les USA ont remis en selle le Qatar et le Hamas au détriment de l’Egypte et de l’Autorité Palestinienne
L’imbroglio actuel est en grande parti le résultat de la politique pour le moins incertaine menée par l’administration Obama. Ce dernier, plutôt que de favoriser la médiation égyptienne entre israéliens et palestiniens, pourtant soutenue par les pays arabes sunnites modérés, a préféré organiser une concertation avec deux des derniers soutiens du Hamas, la Turquie et le Qatar.
L’Autorité Palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas et les responsables du Caire n’étant même pas conviés. Ce qui a remis en selle Doha très affaiblie depuis la chute de Mohamed Morsi, et a redonné de la vigueur à sa politique de soutien aux Frères musulmans, dont le Hamas est la branche à Gaza. La conséquence immédiate fut la radicalisation du « mouvement de la résistance islamique » dans les négociations avec Israël, et la dernière rupture de trêve, alors qu’un accord allait être trouvé.
Sur le terrain, une situation inextricable
Depuis, sur le terrain, on a assisté à un regain de tension très inquiétant. Le Hamas très durement touché par Tsahal, et dont la charte prône la destruction d’Israël, n’a pas cessé de tirer missiles, roquettes et mortiers quel que soit le prix payé par la population civile. Son objectif étant de contraindre l’Etat Hébreu à une opération terrestre.
En réponse, Netanyahou a opté pour une guerre d’usure attendant que les islamistes s’affaiblissent encore plus et épuisent leurs réserves de munitions, évitant ainsi des pertes civiles et militaires inévitables en cas d’incursion. Cependant cette stratégie a un coût, avec le départ de près de 70% de la population israélienne vivant à proximité de la bande de Gaza, des pertes humaines -un enfant de 4 ans a été tué par un obus de mortier- et une menace d’éclatement du gouvernement entre les tenants d’une intervention musclée pour se débarrasser définitivement du Hamas et ceux qui soutiennent la ligne du Premier Ministre.
On ne voit pas objectivement de sortie de crise durable, chacun campant sur ses positions. Israël, sur la même ligne que les occidentaux et les pays arabes modérés, exige la démilitarisation de la bande côtière, ce que refuse catégoriquement la milice islamiste soutenue par le Qatar.
Une baguette magique pour résoudre le conflit?
La situation semble sans issue. Pourtant, il s’est produit dans un temps très court une série d’évènements qui pris isolément n’ont pas grand sens mais qui mis bout à bout dessinent les contours d’une solution diplomatique à long terme.
Les faits:
- Tout d’abord, vient de se tenir à Djedda une réunion à huis clos concernant les groupes islamistes qui déstabilisent la région et en particulier l’Etat Islamique. Le sujet est d’une actualité brulante mais c’est la liste des participants qui étonne. Outre l’Arabie Saoudite, l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, et la Jordanie, le Qatar était également convié. Ce dernier est pourtant en opposition frontale avec les deux premiers sur de nombreux dossiers et il lui est reproché de soutenir les groupes djihadistes.
- Dans le même temps, malgré la recrudescence des tirs de roquettes et de missiles, à partir de Gaza – près de 200 projectiles en 24heures (sur un total de 4594 depuis le début du conflit)-ainsi que les provocations venant du Liban et de Syrie, on a assisté à une retenue d’Israël qui a peu ou pas répondu aux deux derniers et qui n’a toujours pas programmé d’opération terrestre.
- De son côté, Mahmoud Abbas a prévenu qu’il allait faire une déclaration de nature à favoriser la solution à deux Etats, et des représentants palestiniens n’ont eu de cesse d’affirmer que malgré la situation sur le terrain, un cesser le feu allait être décrété sous peu.
- Ensuite, de mystérieuses frappes aériennes contre les islamistes en Libye ont eu lieu dans lesquelles l’Egypte et les Emirats seraient impliqués, rappelant l’intervention américaine contre l’Etat Islamique.
- Enfin, l’otage Théo Curtis, détenu depuis deux ans en Syrie par le Front Al-Nosra, a été libéré et acheminé jusqu’en Israël. Libération à laquelle le Qatar aurait contribué.
Les termes de l’équation sont connus:
Rien ne peut se faire sans le Qatar et au dépend d’Israël. L’Emirat est isolé politiquement mais contrôle le Hamas, et finance d’autres groupes islamistes. Israël, au centre d’une alliance comprenant les Etats arabes sunnites modérés et AP, exige que ses revendications sécuritaires soient satisfaites, en particulier un désarmement de Gaza. La milice islamiste ne veut rien lâcher et surtout pas sans pouvoir revendiquer une quelconque victoire. Les grandes puissances souhaitent un retour sous contrôle de l’AP de l’enclave. Il fallait donc trouver un moyen pour réintroduire le Qatar, tout en limitant son influence, et satisfaire à la fois les exigences d’Israël et à minima celles exorbitantes du Hamas. La quadrature du cercle?
Interprétation:
En préambule, il est bon de se rappeler que tout n’est pas forcément médiatisé et qu’une diplomatie discrète est souvent à l’œuvre. Il y a donc forcément un décalage entre ce qui est annoncé et ce qui se passe réellement. Ainsi, la libération de Théo Curtis, exact contrepoint à l’exécution du journaliste américain James Foley par l’Etat Islamique, peut s’interpréter comme le moyen trouvé pour réintroduire le Qatar dans les négociations, ce dernier prouvant ainsi sa bonne volonté.
Le passage en Israël de l’otage, officiellement pour rejoindre l’ambassade américaine à Tel-Aviv et subir des examens médicaux, n’a rien d’anodin. Il aurait pu aller dans n’importe quel autre pays allié des USA et être rapatrié par avion. Détenteur d’informations précieuses, il a très probablement subit, outre un check-up poussé, un débriefing en bonne et due forme. Ce qui confirme, s’il fallait encore le prouver que les dossiers concernant le djihadisme sont liés. Dans ce contexte, les attaques contre les islamistes libyens ont pu servir de catalyseur pour achever de convaincre Doha de l’impasse de sa politique.
Quant au Hamas, il peut sauver la face en revendiquant d’avoir tiré jusqu’à la dernière limite ses missiles, d’avoir chassé les civils israéliens du pourtour de Gaza et d’avoir duré plus de 50 jours face la plus puissante armée de la région. Mais il existe également une autre raison pour laquelle Israël et les Etats arabes sunnites modérés rechignent à ce qu’une offensive terrestre soit menée. Une telle opération prendrait du temps.
Et occupée à Gaza, l’armée israélienne, ne pourrait plus jouer aussi efficacement son rôle de contrepoids face aux djihadistes du Califat et ses affidés. Cela pourrait inciter à l’ouverture d’un autre front au nord, où il existe très certainement les mêmes types de tunnels stratégiques que ceux creusés par le Hamas. Cela fragiliserait, le Liban, et par ricochet la Jordanie, ce dont l’Etat Islamique ne manquerait pas de profiter.
Vers un Etat Palestinien allié d’Israël?
Pour qu’un tel plan fonctionne sur le long terme, à Gaza et dans la région, il faut deux conditions. D’une part, être en capacité de l’imposer au Hamas et à ses soutiens, telle une main de fer dans un gant de velours, d’abord la diplomatie, et une option militaire crédible ne venant qu’en dernier recours. Et d’autre part la concrétisation d’un processus politique menant à la création d’un Etat palestinien. Sinon, il serait impossible aux gouvernements des pays s’alliant à Israël de faire comprendre à leur population qu’après des décennies d’instrumentalisation de la cause palestinienne, ce n’est plus un sujet.
Ensuite, côté israélien, face à la double menace Perse et du Califat, les dirigeants de droite, tel Netanyahou, réalisent également qu’il n’y a pas d’autre solution qu’une large coalition incluant à la fois Mahmoud Abbas, les pays arabes sunnites et l’Etat Hébreu. Par un étrange retournement de situation, il semble que le sort des modérés d’aujourd’hui soit dans les mains de ceux qui étaient hier encore leurs ennemis.
Quand il se fut libéré!
Cette situation rocambolesque à laquelle nous assistons, où tout est possible et où tout peut basculer, fait vraiment penser à un roman-feuilleton, aussi permettez-moi de conclure par une anecdote. L’éditeur de Penson du Terrail, célèbre romancier du XIXe siècle, ne voulait pas accéder à ses revendications légitimes et pensait pouvoir se passer de lui facilement. Aussi, l’écrivain décida de mettre son héro dans une situation invraisemblable. Menotté, mis dans une caisse et jeté dans la Seine, afin que personne ne puisse prendre sa suite. Las son éditeur fut contraint de le réintégrer. L’auteur à succès trouva une parade géniale, comme il était impossible de donner une explication rationnelle à la libération de son personnage, il écrivit simplement « quand il se fut libéré » et poursuivit sa brillante carrière. Souhaitons la même issue au processus qui est en cours au Proche et Moyen-Orient.
Huffington Post – 27 août 2014
Par Hagay Sobol
Médecin et professeur des universités, conseiller PS dans le 11e et 12e arrondissements de Marseille
« »ers un Etat Palestinien allié d’Israël? » »
Non, mais, je rêve !
C’est du n’importe quoi !
La seule solution sera d’annexer Gaza et la Judée-Samarie.
Tout autre solution mènera inexorablement à des guerres sans fin et de plus en plus meurtrières.
Le mythe « palestinien » a duré suffisamment !
Leur but n’est pas de créer un état, un n’ième, mais de détruire Israël.
Celui qui croit encore à la fumisterie d’un état palestinien, c’est qu’il n’a rien compris de ce que se passe là bas, de l’islam et de ce que se passe dans le monde, il vit sur un nuage !
http://www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/15447#.U93eX0D5mSo