« Pour Gaza, des enfants, rien que des enfants. Pour l’Ukraine, la guerre dans tous ses aspects. Pour l’AFP, c’est clair. A Gaza, il n’y a que des enfants. Aucun combattant du Hamas ou du Jihad Islamique, aucune arme, aucune munition, aucune des 2500 rockets ou missiles lancés délibérément sur les populations civiles de toutes origines d’Israël. Des enfants, rien que des enfants. C’est la guerre aux enfants, point barre. La compassion pour une seule des parties est déjà une faute morale. La désinformation est aussi une faute morale mais aussi politique. Elle est une faute politique parce qu’elle ne rend pas compte de la réalité de la situation en son entier. Limiter le conflit à un face à face entre des enfants et un soldat invisible est tout simplement faux. De la part d’une agence de presse gouvernementale, c’est même irresponsable. »

S’il n’y avait qu’un seul conflit pour caractériser la “guerre de l’information” ou “infowar”, le conflit Israël – Hamas – Palestine serait à étudier par tous les étudiants de cette matière.

Les conflits n’ont pas manqué ces dernières années, comptant par dizaines de milliers les victimes : Syrie, Irak, Ukraine, Afghanistan, Mali, Lybie etc. … n’ont jamais provoqué en France la haine électronique, le lynchage digital, l’insulte systématique raciste anti-arabe ou antisémite à 140 caractères. Ce conflit, oui.

Il est pourtant l’un des conflits les moins coûteux en vies humaines, le théâtre des opérations est loin de nous, et donc rien ne saurait expliquer rationnellement cette situation en France.

L’avènement des réseaux sociaux et de Twitter peut-il expliquer cet embrasement irrationnel, cette hystérie collective que chacun d’entre nous a pu constater, spécialement en France ?

Ce 23 Juillet 2014, pour tenter de comprendre, je décidais donc de suivre de plus près et sur la journée, mon fil Twitter.

Je dois dire que je n’allais pas être déçu.

Ce jour était celui de grande mobilisation pour les « pro palestiniens » après deux manifestations interdites à Paris, ils renouaient avec le pavé parisien.

Mon attention fut immédiatement attirée par le fil Twitter de l’Agence France Presse (AFP).

Sur la seule journée du 23 Juillet 2014, une quinzaine de Tweets furent expédiés par l’AFP sur le sujet de Gaza.

Des Tweets retweetés par centaines dans le public. Car là est une grande différence de l’avant Twitter.

L’AFP est désormais au contact du public, quand il n’était qu’au contact des grands médias auparavant. Il est vrai que ceux-ci ne se privaient pas de recopier la dépêche, mais l’information était tout de même distillée avec un léger décalage dans le temps et le filtre du rediffuseur.

Sur ces Tweets AFP sur Gaza du 23 Juillet, 10 étaient accompagnés de photos.

Sur ces 10 photos, 6 représentaient des enfants, 3 des sauveteurs ou infirmiers palestiniens. La dixième photo représentait un missile du Hamas détruit dans le ciel par un contre-missile du dôme de fer (iron dome) israélien.

J’ai reproduit dans le tableau ci-dessous 6 de ces photos dans la colonne Gaza.

Je m’enquis, par comparaison, du traitement par cette même AFP, de la guerre en Ukraine, qui ne manque certainement pas de toucher des civils, des enfants aussi.

Pour l’Ukraine, sur les 6 images de la journée diffusées par l’AFP, et alors que nous nous trouvons dans les suites de l’avion MH17 abattu avec près de 300 personnes à bord, les images reproduisent des soldats en armes, une conférence de presse, des cercueils, des fleurs jetées à même le sol à la mémoire des victimes de l’avion abattu.
Le contraste Gaza / Ukraine est trop saisissant pour ne pas provoquer la réflexion.

Pour Gaza, des enfants, rien que des enfants.
Pour l’Ukraine, la guerre dans tous ses aspects.

 

GAZA: Photos diffusées par l’AFP le 23/07/2014	UKRAINE: Photos diffusées par l’AFP le 23/07/2014

Pour l’AFP, c’est clair. A Gaza, il n’y a que  des enfants.

Aucun combattant du Hamas ou du Jihad Islamique, aucune arme, aucune munition, aucune des 2500 rockets ou missiles lancés délibérément sur les populations civiles de toutes origines d’Israël. Des enfants, rien que des enfants.

C’est la guerre aux enfants, point barre.

La compassion pour une seule des parties est déjà une faute morale.

La désinformation est aussi une faute morale mais aussi politique.

Elle est une faute politique parce qu’elle ne rend pas compte de la réalité de la situation en son entier.

Limiter le conflit à un face à face entre des enfants et un soldat invisible est tout simplement faux.

De la part d’une agence de presse gouvernementale, c’est même irresponsable.

Il y aurait pourtant des tonnes de questions à poser. Le Hamas a su trouver les moyens de contourner le « blocus », pour faire entrer à Gaza des milliers de roquettes et de missiles, des armes à gogo, des drones, du béton et de l’électricité pour ses kilomètres de tunnel, pourquoi aucun moyen pour protéger sa population ? A moins que les islamistes aient intérêt à maintenir leur peuple dans la misère et la haine ?

C’est irresponsable parce qu’en France des Merah ont toujours justifié leurs crimes par la figure de l’enfant palestinien. L’AFP vient ici les renforcer.

C’est irresponsable enfin, parce que l’AFP endosse ici la stratégie du Hamas, celle qui fait des souffrances de sa population sa vitrine idéologique à destination des opinions arabes et occidentales pour isoler l’ennemi. Les photos de l’AFP ne sont que la suite des boucliers humains du Hamas. La population palestinienne est la première victime de cette stratégie. Au lieu de la dénoncer, l’AFP l’encourage et l’a fait ainsi  persévérer.

Enfin, l’objectif est ici de nous empêcher de raisonner.

J’ai toujours considéré que le slogan du « cœur et de la raison » était un slogan des plus dangereux. Positionner le cœur d’abord et vous ne pourrez plus ensuite raisonner. La raison doit être en premier, accompagnée ensuite du cœur. C’est bien dans ce sens-là qu’il faut le présenter.

Ce conflit pâtit du fait qu’il manque justement de rationalité et de raison : chacun connaît la solution, celle d’un double État viable pour chacun des peuples.

L’immédiateté de l’Internet, cette débauche d’images « tweettées » censées résumer une situation de guerre complexe, se propageant parmi des populations souvent très jeunes, sans défense face à l’image, sans culture politique, ne peut que générer des réactions de haine et violence.

Ce 23 Juillet 2014, en relayant sans nuance la propagande éhontée du Hamas sur Twitter, l’agence gouvernementale AFP n’a rendu services ni aux populations israéliennes et palestiniennes, ni à la France et aux juifs de France, ni à la paix.

Crédit photo AFP

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