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L’opinion publique palestinienne : entre intransigence et pragmatisme.


L’opinion publique palestinienne : entre intransigence et pragmatisme.

Le « Washington Institute for Near East Policy” (WINEP) est un “think tank” (laboratoire d’idées) ayant pour finalité de présenter aux gouvernements des bases objectives, étudiées et chiffrées pour des actions politiques dans la région du Proche Orient.

Contrairement aux idées reçues il s’agit d’un organisme de nature académique, neutre et indépendant de tout gouvernement ; y compris du « state departement » US.

Voici une étude particulièrement intéressante, aux résultats inattendus, concernant l’opinion publique « palestinienne » par les temps qui courent.

OPINION PUBLIQUE PALESTINIENNE : ENTRE INTRANSIGENCE ET PRAGMATISME.

Un sondage digne de foi de l’opinion publique palestinienne effectué  du 15 au 17 juin- l’unique sondage de ce type depuis l’enlèvement des trois adolescents-démontre que les attitudes populaires palestiniennes ont considérablement durci sur des questions fondamentales concernant la paix avec Israël. Ordonné par le « Washington Institute » et mené par un important institut de sondage palestinien, le sondage comprend des interviews face-à-face avec un échantillon standard, dit « de probabilité géographique au hasard », de 1200 adultes palestiniens, permettant des résultats à marge d’erreur de 3%. Les réponses indiquent que moins de 30% des palestiniens soutiennent actuellement la « solution de deux Etats » ; à savoir un Etat palestinien à Gaza et sur la rive ouest (du Jourdain) en paix durable avec Israël. Mais simultanément on voit émerger quelques témoignages surprenants de pragmatisme sur le court-terme ; notamment, encore plus surprenant, à Gaza.

LA SOLUTION DE DEUX ETATS DEVENUE SUBITEMENT UNE PREFERENCE MINORITAIRE.

Au sujet du long-terme, à savoir la question fondamentale de la solution « des deux Etats », l’opinion publique palestinienne vient clairement d’effectuer un virage maximaliste. D’autres sondages récents, même après l’effondrement des derniers pourparlers de la paix, montraient encore une majorité en faveur d’un Etat palestinien sur la rive ouest et à Gaza, à côté d’Israël (bien que les chiffres étaient en recul). Mais actuellement, une majorité claire (60%, dont 55% sur la rive ouest et 68% à Gaza) dit que la finalité à l’horizon de cinq ans « devrait être de travailler pour récupérer toute la Palestine « historique », de la rivière à la mer ».

Sur cette question clé, que 31% des habitants (palestiniens) de la rive ouest et 22% de ceux de Gaza optent pour « la fin de l’occupation de la rive ouest et de Gaza pour aboutir à une solution de deux Etats ». Et encore moins, contrairement à d’autres résultats récents, préfèrent une « solution à un Etat », dans lequel « Arabes et Juifs auraient des droits identiques dans un seul et même pays, allant du Jourdain à la mer ». Cette solution n’est préférée que par 11% des habitants (palestiniens) de la rive ouest et 8% de ceux de Gaza.

Ce schéma est confirmé par d’autres questions du sondage. Par exemple, que un tiers des sondés disait que la solution des deux Etats « devrait être la fin du conflit ». Presque deux tiers disaient que « la résistance devrait continuer jusqu’à la libération de toute la Palestine historique ». Un tiers seulement disait que « il pourrait être nécessaire de renoncer à certaines de nos revendications pour que notre peuple et nos enfants puissent avoir une vie meilleure ».

De même, seulement un tiers disait que la solution des deux Etats devrait être le but final des dirigeants palestiniens. En revanche, presque deux tiers disaient que cette solution devrait « s’insérer dans un ‘programme par étapes’ visant la libération ultérieure de toute la Palestine ». Ce résultat notable permet d’expliquer pourquoi une majorité de Palestiniens peut simultanément soutenir le Président Mahmoud Abbas et rejeter la solution de deux Etats (préconisée par lui).

MAIS LE PUBLIC VEUT « LA RESISTANCE POPULAIRE », PAS LA VIOLENCE.

Malgré les tensions exacerbées par l’enlèvement des trois adolescents israéliens et les recherches et arrestations massives par Israël qui en découlaient, le public palestinien ne se tourne pas vers une violence à grande échelle. Les sondés, sur des questions tactiques des relations avec Israël, soutiennent largement une approche non-violente. Le sondage ne se référait pas spécifiquement à ce dernier enlèvement ; qui semble recueillir les faveurs d’une majorité palestinienne à juger d’après les médias traditionnels, des réseaux sociaux et les impressions du terrain.

Dans ce sondage, à la question si le Hamas « devrait maintenir le cessez-le feu avec Israël sur la rive ouest et à Gaza », une majorité (56%) des sondés de la rive ouest, et un notable 70% de ceux de Gaza, répondaient OUI. De même, à la question si le Hamas devrait accepter la position d’Abbas que le nouveau gouvernement « d’unité nationale » renonce à la violence contre Israël, sur la rive ouest les sondés furent divisés à égalité, mais une majorité (57%) de Gazaouis répondait par l’affirmatif.

N’empêche que la « résistance populaire contre l’occupation » ; comme des manifestations, grèves, marches, refus massifs de coopérer avec Israël et ainsi de suite ; était considérée comme ayant un impact positif par la majorité des sondés aux deux territoires : 62% de la rive ouest et 73% à Gaza. Cela dit, les évènements depuis le sondage pourraient avoir aiguillé le public palestinien vers une attitude plus hostile.

Les enlèvements, ainsi qu’une grève de la faim palestinienne dans des prisons israéliennes, maintenaient l’attention du public fixée sur le problème des prisonniers. A la question « que devrait Israel faire pour convaincre les Palestinien qu’il veut vraiment la paix »une majorité relative répond « libérer plus de prisonniers palestiniens ». Cette option s’avère bien plus importante que les autres , n’ayant obtenu, chacune, que 15 à 20% : « partager Jérusalem comme capitale commune », « arrêter les constructions au delà de la barrière de sécurité » où « accorder aux palestiniens plus de liberté de mouvement et sévir en cas d’attaques par les ‘colons’ ».

LA CRISE ACTUELLE NE BENEFICIE PAS AU HAMAS.

Plus étonnant, et contrairement aux idées préconçues communes, le Hamas ne tire pas d’avantage politique des enlèvements. A la question qui devrait être le président de la Palestine pendant les deux prochaine années, une forte majorité relative des deux territoires nommait Abbas (30%) ou d’autres chefs affiliés au Fatah. : Marwan Barghouti (12%), Muhammad Dahlan (10%), Rami Hamdallah (6%), Mustafa Barghouti (4%), Salam Fayyad (2%), ou Mahmoud Al-Aloul (1%). Ces résultats suggèrent fortement que le public palestinien, dans son ensemble, n’a aucune envie de procéder à la « dissolution » de l’Autorité Palestinienne.

En contraste évident avec les chefs du Hamas, Ismail Haniyeh et Khaled Mechal, qui ne cumulent qu’un  total de 9% de soutien sur la rive ouest et 15% à Gaza.  Un autre curieux résultat étant que Dahlan bénéficie d’un soutien populaire significatif à Gaza (20%). Ainsi que le fait qu’aucun autre membre de la vieille garde du Fatah, comme Abou-Ala, Nabil Shaath, ou Jibril Rajoub, n’atteint même 1% de soutien dans les deux territoires.

LA MAJORITE VOUDRAIT QU’ISRAEL OFFRE DU TRAVAIL.

D’autres signes inattendus de pragmatisme à court terme se faisaient jour concernant le gain-pain. Au moins 80% disaient qu’ils voudraient, absolument ou probablement, qu’Israël permette à plus de Palestiniens d’y travailler. Environs la moitié déclaraient que personnellement ils prendraient volontiers « un bon travail bien-payé » en Israël.

De surcroit, malgré le soutien d’une petite majorité au boycott contre Israël, une majorité plus large voudrait voir des sociétés israéliennes offrir plus de travail à l’intérieur des deux territoires « palestiniens ». Presque la moitié déclarait vouloir saisir une telle opportunité si elle se présente. Ce genre de pragmatisme se manifeste surtout parmi les jeunes adultes palestiniens, âgés entre 18 et 35 ans. Dans le même esprit, plus que les trois-quarts des habitants (palestiniens) de la rive ouest disaient souhaiter la construction d’une nouvelle grande route nord-sud qui contournerait les barrières de contrôles israéliennes autour de Jérusalem.  Parmi leur aînés ce chiffre était légèrement inférieur, de l’ordre de deux tiers.

ON DENONCE LA PRESSION ISRAELIENNE, MAIS AUSSI LA CRIMINALITE ET LA CORRUPTION LOCALES.

Si il est vrai que les sondés palestiniens s’offusquent largement du comportement israélien dans les territoires, ils s’offusquent également du comportement palestinien. Sur la rive ouest, les trois-quarts voient un « problème significatif » provenant des « menaces et intimidations par des soldats et des gardes-frontières israéliens » ainsi que des « délais et restrictions imposés aux barrages routiers de sécurité ». Ils sont un peu moins nombreux, mais quand même majoritaires (63%), à considérer des « menaces et intimidations par des ‘colons’ israéliens » comme un problème significatif. Ces chiffres sont un peu inférieurs à Gaza, où la présence israélienne sur le terrain est beaucoup moins intrusive.

Pourtant, la large perception négative du comportement palestinien permet de relativiser ces chiffres. Sur la rive ouest, 72% voient le « corruption des fonctionnaires palestiniens » comme un problème majeur. A Gaza, le chiffre est de 66%. Ainsi que la criminalité locale, considérée comme un problème significatif par 77% des habitants de la rive ouest et 71% des Gazaouis.

QUELLES CONSEQUENCES POLITIQUES ?

Ces résultats contraires aux idées reçues, démontrant que la violence n’est pas une option populaire parmi les Palestiniens, et que le Hamas ne tire aucun bénéfice des troubles actuels, devraient permettre aux décideurs politiques US le répit nécessaire pour laisser la poussière tomber dans cette arène alors qu’ils se concentrent sur des crises plus graves en Syrie en en Iraq. En effet, la combinaison inattendue du pragmatisme populaire palestinien sur le court-terme et le maximalisme long-terme revélée par cette étude suggère que la politique américaine devrait sérieusement abandonner tout espoir d’un accord de paix israélo-palestinien permanent dans l’avenir proche. A sa place, Washington devrait se focaliser sur des mesures immédiates pour baisser les tensions, améliorer les conditions de vie pratiques, et peut-être préparer le terrain pour des attitudes plus modérées et des entretiens diplomatiques plus fructueux à un stade ultérieur.

Reproduction encouragée avec la mention suivante:

© Traduction adaptée et préface par Kalman Schnur pour Europe Israël

Source: http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/new-palestinian-poll-shows-hardline-views-but-some-pragmatism-too





Journaliste québécois, pro-atlantiste, pro-israélien,pro-occidental



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