Images à la Une : Volontaires au Kibboutz
Jusqu’en 1967 et la Guerre des Six-Jours, la grosse majorité des Français avait pour Israël une réelle empathie, et même un solide attachement. Les idéalistes Hébreux étaient vus comme le sel de la terre, portant le flambeau de l’espoir pour tous les petits peuples réduits à l’état de lambeaux.
Tout en défrichant et plantant des arbres, ces pionniers révolutionnaires Hébreux montraient la voie aux ethnies opprimées afin qu’ils revendiquent leurs terres, leurs cultures ancestrales et leurs patrimoines historiques, saccagés et volés par les prédateurs impérialistes. Tout en faisant la cueillette des oranges, ils rêvaient que la résurrection d’Israël allait drainer dans son sillage celle des ‘damnés de l’Histoire’ : Arméniens, Basques, Berbères, Kurdes, et bien d’autres encore.
Tout en asséchant les marécages et succombant à la malaria, ils se disaient que leur existence était un sacré camouflet à tous ceux qui prônaient un déterminisme machiavélique exigeant de ‘s’adapter’ au « verdict de l’Histoire » et aux oukases du vainqueur. Comme si une supériorité militaire impliquait une suprématie civilisatrice.
En se levant à l’aube, ils refusaient obstinément l’idée perverse que l’existence d’un pays démarrait après une conquête, et que l’occupant était seul habilité à la ‘mise à zéro’ du compteur de l’Histoire. A travers les rayons du soleil qui leur brûlaient la peau, ils entrevoyaient une nouvelle conception du monde, celle de l’antériorité des droits des ‘peuples premiers’ sur leurs terres.
En dansant la hora – la bourrée locale – après une journée de dur labeur jusqu’au crépuscule, ils exigeaient la justice historique pour un peuple opprimé, spolié de sa terre. Ils osaient vouloir une humanité qui ne soit plus régie par la loi du plus fort mais du plus juste, et dans laquelle l’exploitation de l’homme par l’homme serait abolie.
Dans ce but, ils fondèrent le kibboutz, cette collectivité égalitariste qui fut une des plus belles réalisations humaines. De jeunes volontaires, venus des quatre coins du globe pour participer à cette formidable expérience humaine où l’argent était banni, repartaient chez eux enthousiastes, extasiés et fascinés de ce qu’ils avaient vu et vécu.
Qui pouvait imaginer à l’époque que nous vivions le chant du cygne de cette empathie ? En quelques années en effet, la fascination pour l’idéal des pionniers Hébreux fut balayée, et avec elle toutes les valeurs de l’État d’Israël. Le sionisme devint la risée de ceux qui lui octroyèrent désormais le sobriquet d‘expan-sionisme. En tant que « fruit véreux du sionisme » dixit ces antisionistes, Israël devait être un État mis au ban des nations. Pis ! Le seul au monde dont la création devait être remise en cause. Et lorsqu’on concédait du bout des lèvres son droit à l’existence, c’était pour s’empresser d’ajouter avec un petit air contrit : « par complexe de culpabilité après la Shoah ». Et puis : « les Palestiniens ne doivent pas faire les frais de notre complexe envers les Juifs » ! C’est donc, qu’en son for intérieur, le commun des mortels en Europe contestait de plus en plus la légitimité intrinsèque, voire la légalité de l’État d’Israël.
Dans ses premières années pourtant, l’opinion occidentale avait manifesté de l’admiration pour ce petit État auquel personne ne donnait de chance de survie et qui avait miraculeusement vaincu la coalition arabe. On devait – même de mauvais gré – reconnaître que sa résurrection tenait bel et bien du miracle !
Traduite en termes laïcs et rationnels, elle ne pouvait qu’interpeller les consciences. N’était-ce pas la première fois dans l’histoire qu’un peuple chassé du pays de ses ancêtres y retournait, retrouvait sa terre désertifiée et la faisait refleurir à « la sueur de son nez » (c’est ainsi que la Bible le dit et non à « la sueur de son front » ) ? N’était-ce pas l’unique exemple d’un agrégat de cloportes qui recouvrait sa dimension de peuple, son État et sa souveraineté ?
Un peuple dispersé parmi les nations « telle une brebis parmi les loups », ayant perdu à tout jamais – semblait-il – sa patrie décomposée depuis deux mille ans, parvenait à retrouver tantôt par les armes et tantôt à coups de pioches d’archéologie, son histoire, sa mémoire, son patrimoine, sa langue et sa culture ! Une ethnie réduite au statut de « congrégation religieuse décadente et fossilisée dans la liturgie de sa langue sacrée » (tel que les Juifs étaient perçus par les essayistes du XIXe siècle), qui fut souvent – si souvent – persécutée, meurtrie et amoindrie jusqu’à sa quasi extermination, réussissait à ranimer la sève de son arbre sec ! Si on y ajoutait la dimension de ce qu’on appelle « la Shoah » (à tort, il valait mieux l’appeler « Hashmadah »), l’expression « renaître de ses cendres » prenait tout son sens.
C’est pourquoi dans les années 50 et aux débuts des années 60, l’opinion publique en France, penchait naturellement pour le camp israélien. Israël était perçu comme un pays minuscule mais au dynamisme surprenant, un ilot démocratique et socialisant dans une région où régnait le féodalisme le plus rétrograde et l’arbitraire des régimes arabes dictatoriaux. Les Israéliens étaient regardés comme un petit peuple courageux luttant contre ses agresseurs. Le soutien au réactionnaire camp ‘arabe’ (à l’époque on ne disait pas encore « palestinien »), était l’apanage des groupuscules néo-nazis et fascistes ou des lecteurs de la gazette Minute.
Jusqu’aux premiers jours de la guerre de 1967, après que les menaces d’exterminations d’Israël proférées au Caire par Nasser furent reprises en chœur par l’ensemble des dirigeants du ‘Monde arabe‘, le bombardement foudroyant des bases aériennes égyptiennes fut naturellement appréhendé comme un acte israélien de légitime défense et pas le moins du monde une agression ou une attaque surprise en vue d’expansionnisme.
Et puis, quelque chose changea, imperceptiblement. Se posa alors la question sur le bien-fondé de la riposte au blocus de Nasser, à ses rodomontades de « détruire l’entité sioniste » et « de jeter tous les Israéliens à la mer ». Si la riposte n’était pas « disproportionnée». Et l’hostilité envers Israël prit forme.
Après cette guerre éclair de 1967, et surtout depuis 1968 (et jusqu’aujourd’hui !), on assista à un revirement orchestré par des intellectuels de gauche qui se défendaient hypocritement d’être mal intentionnés. Ceux-là même qui avant 1967, encensaient Israël pour son progressisme, se mirent à justifier a posteriori le dixit « peuple fier et dominateur » gaullien. Véhiculée par la gauche, la bonne réputation de l’État d’Israël s’effrita. Une nouvelle image de marque se présenta au public français. Ce n’était plus le petit pays qui luttait pour sa survie et qui forçait l’admiration et la sympathie.
Le public immature et versatile commença à osciller entre les deux camps, au rythme des évènements et des positions intempestives du Général de Gaulle qui entendait mener une politique tiers-mondiste déclarée et pro-arabe inavouée.
Trois ans avant la Guerre des Six-jours, les différents groupes palestinistes s’étaient regroupés en une ‘organisation mère’, l’OLP. Le Fatah d’Arafat s’était hissé au rang de chef de file grâce à l’appui de Nasser, le promoteur du panarabisme et de la Ligue arabe. Doué d’un flair et d’une ruse remarquables, Arafat comprit dans quel sens le vent soufflait. Bien que lui-même pur produit du réactionnisme, il sentit que la métamorphose du Fatah était impérative. Il ne savait pas encore comment, mais il fallait que quelque chose arrive.
La victoire fulgurante d’Israël en 1967 lui en donna l’occasion. Les anciens discours politico-théologiques foisonnant d’incantations haineuses primaires et islamistes contre Israël pouvaient enfin, non pas être révolus, mais articulés dans un langage pseudo moderne et marxisant, plus approprié à un public occidental estudiantin petit-bourgeois-en-mal-de-contestation.
Des émissaires propagandistes formés par de brillants intellectuels Algériens, anciens FLN, sillonnèrent les universités et les campus parisiens, affichant une rhétorique marxiste d’apparat, accusant les « colons sionistes d’expulser les Palestiniens de leurs terres », alors que ceux-ci revenaient sur la terre de leurs ancêtres et s’installaient sur des collines rocailleuses inhabitées depuis l’époque de l’occupant romain dans la Judée de jadis.
Dans les quotidiens de gauche comme Combat ou Le Monde, des voix discordantes sur le déroulement de la guerre de 1967, insinuèrent que le bombardement au sol des avions égyptiens par l’armée de l’air israélienne, n’était pas une riposte à l’agression arabe, mais une offensive soigneusement préparée à l’avance. En fait, ils distillèrent l’idée perverse et sournoise que « c’était Israël l’agresseur ». Beaucoup (y compris des membres de la « communauté juive » !), adhérèrent à la thèse jusqu’à appréhender toute réaction armée israélienne aux menaces des ‘Etats arabes’ d’en « finir » avec Israël, illégitime et même « illégale ». L’existence même de l’Etat d’Israël fut remise en cause. Comme si une nouvelle ère de l’humanité n’attendait que son éradication pour s’épanouir.
Aujourd’hui, cette détestation viscérale n’a plus de retenue. Elle s’est pour ainsi dire ‘décomplexée’ et ‘lâchée’, et rejoint sans plus aucun scrupule la volonté arabo-islamiste de rayer Israël de la carte. Et c’est à nous de la combattre, jusqu’à la victoire finale.
David Belhassen
Auteur de « Israël, Amour et Désamour »
J’ai pas lu votre article juste la 1ere phrase me fait rire
VOUS ETES DANS QUEL SIECLE ET LA GUERRE DES 6 JOURS S’EST DEROULE DANS QUEL SIECLE ?????
J’étais dans un Kibboutz en 1970, jeune franco-americain, je travaillais dans l’irrigation des champs de cotton au pied du Mt Tabor, mon boss était un arabe israélien; l’ambiance était celle du travail dans la joie et la fraternité. Debout à 4h du matin jusqu’à 14h. Repos et balades-visites dans l’apres midi. Bénévolat, nourrit et logé sur place sobrement et confortablement. Une expérience humaine inoubliable. J’ai de cette terre et de ce peuple un souvenir impérissable, une admiration et un respect. Pour ceux qui se laissent berner encore par les médias, je suggère qu’ils aillent sur google earth, se faire une idée par eux même d’un pays qui soit disant expansionniste depuis 60ans vu sa taille a plutôt raté l’expansion. (Comparez sa taille avec celle des pays voisins)
Tout ca est juste, mais peut-etre un peu trop « franco-francais ». Peut-etre
serait-il important de reconnaitre le resultat de l’action de l’URSS (en particulier du KGB) qui, dans les annees soixante (Il y a ici et la des articles fort interessants sur cette question) projetait la destruction d’Israel, vu comme pion avance des USA. Outre leur fabrication d’Arafat (ou au moins son deguisement,
ce qui n’est guere different), cette action sourde a eu un effet devastateur sur les opinions occidentales (avant tout francaise) restees proches du communisme.
De Gaulle rejoignait cela via sa haine des USA.
Jusqu’en 1962 il y avait la guerre d’Algérie. A cause de cela la France était un des meilleurs alliés d’Israël. Après 1967 il y avait les contrats pétroliers. On a vendu 190 mirages à la Lybie. L’Irak était un des plus gros client pour l’armement français. Maintenant on a 10 millions d’arabes qui pensent que ce pays leur appartient et avec en plus des collabo situé en grande partie à gauche qui sont leurs lèches bottes.
Génial, je suis heureuse que David soit publié. Son livre est touchant, sourcé et bouscule bien des consciences. A lire absolument!
moi aussi je suis passé dans un kibboutz
à neve yam pres de la mer;
ce sont resté les plus belles vacances ( semi vacances) que j’ai jamais eues.
Assez d’accord avec cette article et les commentaires ci-dessus. Il est important de dénoncer l’héritage du marxisme pro-arabe et par conséquent anti-israelien repris par la gauche, ainsi que l’affairisme pro-arabe de certains à droite, qui leur permet de fermer les yeux sur l’islamisme.
Aujourd’hui, il est bon de voir des juifs français de porter le flambeau du pays, comme le font Éric Zemmour et Élizabeth Levy. De l’autre côté, il faudrait briser un cercle vicieux engagé aux US avec les neo-cons et une partie d’Hollywood, qui en produisant du french-bashing de masse au cinéma et en politique, engendre un ressentiment durable parmi les français.
L’Islam radical et le marxisme sont des ennemis communs à tous, aucun doute à ce sujet.
OK Fred. En 1964 j’ai découvert l’écrivain suédois qui a écrit Barrabas, et qui change la lecture de l’histoire de son époque, et qui par la même occasion dénonce l’antisémitisme injuste des chrétiens. Mes copains étudiants qui sont allais dans des kibboutzs en Israël, ils sont revenus avec un grand enthousiasme pour créer un monde plus juste et développé dans des petits pays pauvres.
Je pense que la taille minimal pour la sécurité d’Israël est celle qui a actuellement et que tous les juifs sont chez- eux sur leurs terres ancestrales et historiques moultes fois volées par le passé.
Cet auteur est nettement plus pertinent et agréable à lire dans un article de son crû que dans le style de ses interventions en tant que commentaires.
à MisterClairvoant
Il va de soit que l’antisémitisme, ou toute autre forme de discrimination, est injuste en toute circonstance.
Je dois dire que je suis inquiet pour tous les pays confrontés à l’islam à notre époque. L’absurdité qui nous impose l’immigration massive de musulmans rendus intouchables et non incriminables (comme le dénonce encore Ivan Riouffol) m’effare. Israel est en première ligne, mais la France et l’Europe ne sont plus très loin derrière. Au moins, les israeliens me paraissent suffisamment unis et prêts à se battre. Ils ont une cause et des dirigeants qui y adhèrent et représentent leur peuple. Les élites française se foutent des français autant que de la France et ne s’intéressent qu’au fric à cours terme. Le peuple français est plus divisé que jamais et n’est pas plus préparé à la guerre qu’en 39. Ceci dit, quand on regarde sur une carte, la position d’Israel m’a l’air bien fragile.
La France (en l’occurrence la Gaule) et Israel ont en commun d’avoir été copieusement maltraité par l’Empire Romain. Israel est tombé aux mains des musulmans des suites de sa destruction préalable par Rome, quant aux Gaulois, le grand César, dont les allemands ne tireront pas ‘Kaiser’ pour rien, leur a infligé 1 million de morts (sur une population de 7 millions).
Merci à David pour son commentaire bien vu et réaliste +++. Je vais acheter son bouquin.
Am Israël Haï !!!!
Un doublon pour mon commentaire alors que c’est la 1ère fois que je lis cet article. J’aime ce commentaire, et j’achèterai son livre ! Merci à David !
Je me répète effectivement pour le Am Israël Haï !!!
yaakova vous ne le regretterez pas. Son livre est vraiment touchant et convaincant.
Laurence, vous êtes un expert c’est évident!, la guerre des 6 jours, est une guerre préventive d’ israël, contre l’ egypte, la syrie et la jordanie, qui toutes trois, étaient 3 fois plus armées, qu’ israël!
Vues leurs haine,(tout comme vous, apparemment), d’ israël, ils croyaient avoirs » une bonne occasion », de le détruire, mais, ces » malheureux », pays musulmans, ont eux la monnaie de leur pièce!, israël les avait devancé!, les pauvres, allah, n’ était pas de leur côté, cette semaine l’ à, ni dans l’ avenir d’ ailleurs!
cia
Vous ne savez pas de quoi je parle alors votre interpretation vous vous la gardez
C’est assez clair cia sinon…
OUI, il est vrai qu’avec des grosse lettres, vos propos semblent, vraiment pas clair, il faut lire entre les lignes, il falait y penser.
VOS MENACES VOUS POUVEZ, VOUS LES GARDERS!, vous devriez savoir,que ce n’est pas bon!pour votre tentions, merci de vous préoccuper, de votre santé!
Vous avez raison je vais m’en préoccupé
Vous étiez où entre 39/45 au lieu de se gausser de victoire glorieuse, un peu d’ humilité . Chokrone
Laurence,pour vos propos,(Du premier poste.), j’ai réagi, car je l’ avais perçu, commes ceux des, complotistes ou des négationistes,( lls voient des complots juifs, partout!, et ils méprisent tout!), si ce n’est pas le cas, je m’en excuse, merci à vous.