A propos d’un débat entre Colette Avital et Shraga Blum
Suite à l’article du directeur de l’Observatoire des médias palestiniens ‘’Palwatch’’ où l’on apprenait que pour Mahmoud Abbas la notion d’ État juif est un ‘’mythe délirant « , que j’avais cru bon de signaler, un de mes destinataires algériens a cru bon de son côté, au titre de contrepoids, de m’envoyer l’article de Colette Avital, ancienne ambassadrice d’Israël, ‘’La gauche israélienne adhère aux valeurs juives, tout autant que la droite’’ paru sur la nouvelle chaine de TV ‘’I-24’’ (http://www.i24news.tv/fr/opinions/140311-la-gauche-israelienne-adhere-aux-valeurs-juives-tout-autant-que-la-droite)…
Dans cet article, l’ex-ambassadrice répondait à un autre article, publié par la même chaine, de Shraga Blum ‘’La haine de soi pour plaire aux antisémites’’, qu’il m’a donc fallu aussi lire. (http://www.i24news.tv/fr/opinions/140309-la-haine-de-soi-pour-plaire-aux-antisemites)
Que ces deux auteurs me permettent de m’immiscer dans leur débat
En répondant dès la première phrase qu’‘’Assimiler la gauche politique d’Israël à la haine de soi juive est faux…’’, Colette Avital ne répond pas à ce que déplore Shraga Blum. Elle déplace en quelque sorte le débat.
Ce dernier, évoquant les campagnes de boycott d’Israël soutenues par des Juifs, israéliens ou non, pointe une ‘’pathologie juive qui consiste à vouloir échapper à l’antisémitisme en lui offrant des gages et lui montrant vainement « patte blanche« . Ce faisant, il s’appuie sur Charles Péguy et Eilon Zarmon. Le poète français s’exprimait à l’époque de Dreyfus, avant la création du sionisme politique. Quant à Zarmon, il a été le publicitaire des campagnes politiques de la ‘’gauche’’ et ‘’extrême-gauche’’ israélienne. Son indignation présente vis-à-vis des siens le transforme-t-il ipso-facto en homme de ‘’droite’’ ? Enfin avec sa conclusion, Shraga Blum n’invite-t-il pas à transcender ‘’les clivages politiques’’ pour ‘’lutter d’un front commun contre l’antisémitisme – et le boycott l’est assurément’’ ?
Plutôt que de jouer des étiquettes ‘’gauche’’ ‘’droite’’, Colette Avital n’aurait-elle pas dû plutôt se demander si cette pathologie juive existe ou si elle imaginaire ? Car remarquons que Shraga Blum parle de ‘’pathologie juive’’, et non de pathologie de la ‘’gauche’’…
Qui connait un peu Israël, sait pourtant que ni la ‘’gauche’’ ni la ‘’droite’’ se sont homogènes, y compris sur ce qui fonde essentiellement en Israël le contenu de cette division droite/gauche : le problème judéo-arabe.
Il y a en Israël, tout un courant religieux ultra-orthodoxe qui nie le droit d’Israël à exister. Où Avital les classe-t-elle ? A ‘’droite’’ ou à gauche’’ ? Et plutôt que de vouloir défendre ‘’la gauche’’, dans son ensemble, Avital qui connait parfaitement l’état du débat idéologique en Israël, n’aurait-elle pas dû commencer par reconnaitre qu’il existe en son sein, ce que le professeur de philosophie Elhanan Yakira appelle ‘’la communauté d’opprobre’’ (‘’Post-sionisme, post—Shoah’’ – en francais chez PUF).
Yakira, pourtant de ‘’gauche’’ consacre 400 pages pour déconstruire le discours de cette ‘’communauté d’opprobre’’, qui se dit aussi ‘’de gauche’’, entre autres : ‘’Baruch Kimmerling, Yitzhaq Laor, Adi Ohir, Eyal Sivan, Moshe Zuckerman, Idit Zertal’’, et dont le point commun est d’instrumentaliser la Shoah pour en faire une arme contre… Israël qui se conduirait donc un peu comme les nazis[1], ou au mieux comme l’Afrique du sud du temps de l’apartheïd…
En dénonçant le boycott d’Israël, Colette Avital n’aurait-elle pas dû aussi désavouer cette ‘’communauté’’, qui se dit aussi de ‘’gauche’’… ? Cette communauté qui après avoir encensé l’historien israélien Benny Morris, le vilipenda lorsque ce dernier comprit que les dirigeants arabes et palestiniens ne cherchaient pas à revenir à avant 1967, mais à avant 1948…
Plutôt donc que de se rassurer avec la manichéenne dichotomie gauche/droite, qui dans le monde arabe n’est une seule et même famille, honnie, celle du ‘’sionisme’’, ne vaudrait-il pas mieux recentrer le débat sur la seule vraie question : dans le conflit judéo-arabe de ces cent dernières années, s’agit-il d’un conflit frontalier, comme il en existe entre beaucoup de pays, source de tensions, voire de guerres ? Ou du refus du monde arabe de reconnaitre que le peuple juif ait aussi droit au principe d’autodétermination, au moins sur une partie de ce qui n’a jamais cessé d’être aussi ‘’sa terre’’ ?
Pour le monde arabe, inclus les ‘’Palestiniens’’, le problème, est-ce 1967, et les conséquences d’une guerre voulue et perdue par lui, ou 1948 ? C’est-à-dire la création même de l’Etat juif, que ses représentants à l’époque décidèrent d’appeler ‘’Israël’’ comme ils auraient pu choisir ‘’Judée’’, ou même ‘’Palestine’’…
N’est-ce pas ce que signifie à sa manière Mahmoud Abbas, lorsqu’il refuse la condition sine qua non de Netanyahou, de reconnaitre Israël comme l’Etat du peuple juif, et lorsqu’il qualifie cette demande de ‘’mythe délirant « ?
Reconnu comme un Etat de fait, mais pas de droit, Israël doit-elle signer un accord de paix qui ne saurait être qu’ un Traité de Hudeïbya, (que le prophète Mohammed remit en cause une année après, dès qu’il fut en position de force, alors qu’ il s’était engagé à une trêve de 10 ans). Inciter à la signature d’un tel ‘’Traité de Paix’’, à la manière de Kerry, n’est-ce pas faire preuve d’irresponsabilité criminelle ?
Plutôt donc que voir brandir le drapeau de la lutte droite/gauche, j’aurais aimé entendre Colette Avital sur le véritable objet du conflit. Je lui signale qu’il y a plus de 20 ans le grand poète syrien Adonis s’était fait exclure de l’Union des Ecrivains arabes pour avoir juste dit qu’il fallait reconnaître que les Juifs sont ‘’une composante de l’histoire du Moyen-Orient’’ !!! Il ne parlait même pas expressément d’Israël… Plus près de nous, en 2012, pour avoir accepté l’invitation du Festival international du Livre à Jérusalem, l’écrivain algérien Boualem Sansal n’a-t-il pas été ‘’puni’’ par les ambassadeurs arabes en France qui refusèrent de lui verser le Prix du Roman arabe qui venait de lui être décerné par un Jury indépendant ?
Ne sont-ce pas tous ces faits, et bien d’autres dont il faut tenir compte quand on veut discuter du conflit judéo-arabe, d’une manière saine, c’est-à-dire réelle, et non pathologique ? Et ce d’autant que de tels faits ne sont pas isolés. Refus de faire figurer Israël sur les cartes de géographie dans les écoles du monde arabe et aussi palestiniennes, où l’on enseigne aux enfants que la Palestine va du Jourdain à la Mer Méditerrannée, de Jéricho à Tel Aviv… Depuis la création de Palwatch et de Memri, ces observatoires des médias palestiniens et arabes, on ne peut plus dire que par ignorance de la langue arabe, ‘’on ne savait pas’’. Récemment à Paris le journaliste arabe israélien Khaled Abu Taomeh ne disait-il pas « Si vous regardez la TV palestinienne, télévision financée par L’Union Européenne, pas plus que 12 minutes, vous prenez un couteau et vous allez tuer des Juifs ! » ?
Haine de soi, diagnostique Shraga Blum. En constatant combien elle fait jouïr cette ‘’communauté d’opprobre’’ Elhanan Yakira récuse cette notion. Refuser de voir et plus encore de dire la réalité, n’en est pas moins, selon moi aussi, une pathologie. Jouïr de sa propre destruction, n’est pas quelque chose d’inconnu dans le monde de la psychiatrie, que je sache…
Ne sont-ils pas malades, ces Juifs dans le monde, y compris en Israël, qui considèrent qu’il est plus important de condamner ou/et de boycotter Israël que de poser la seule question qui vaille : le monde arabe, inclus les Palestiniens, est-il prêt à reconnaitre le droit à une souveraineté juive sur une partie de la Palestine ainsi rebaptisée par les Romains lorsqu’ils vinrent à bout des héroïques résistances juives de Judée aux 1er et 2eme siècles de l’ère commune ?
Reproduction encouragée avec la mention:
© Jean-Pierre Lledo pour Europe Israël – 22 Mars 2014
[1] D’ailleurs je viens de m’apercevoir, toujours sur ‘’I-24’’, que le 26 Janvier, Colette Avital avait cru bon d’utiliser ‘’la journée internationale du souvenir de l’Holocauste des Juifs, la Shoah’’, pour dénoncer de multiples racismes qui existeraient en Israël. Identifier ces deux choses, n’est-ce pas en soi un scandale intellectuel ? (http://www.i24news.tv/fr/opinions/140126-commemorer-les-victimes-de-l-holocauste-ne-suffit-pas).
Pathologie juive et débat Colette Avital – Shraga Blum
Ni Colette Avital ni Shaga Blum n’ont compris le problème des musulmans de cisjordanie. L’un et l’autre cherchent à comprendre l’âme juive pour résoudre le problème que crée à l’Etat Juif les musulmans qui résident en Cisjordanie.
Mais pour trouver la solution d’un cas il faut étudier les énoncés du problème qu’il pose !
L’un et l’autre ferait mieux d’étudier l’histoire de l’Arabie à partir du début de notre ère et celle de la naissance de la Révélation coranique il y a 14 siècles.
C’est seulement en connaissant l’âme de ses interlocuteurs forgée par un conditionnement dès sa naissance qu’on appréhende véritable se qu’il désire.
J’espère qu’il se trouvera en Israël un homme politique, capable de mettre de côté son orgueil et d’étudier ce qu’est l’islam et son apport aux hommes, c’est-à-dire le pouvoir sans partage sur ses femmes et sa famille.
Alors, que la civilisation actuelle est à contre-courant de ce qu’est l’islam. Autrement dit; contre la démocratie, les femmes, la citoyenneté, le partage et surtout contre toute revendication : L’état théocratique scellé dans l’âme de chaque islamiste considère tout est écrit par Allah dès sa naissance. Il n’y a que les impies qui réclament de changer Ce Qui Est ! Et à ce titre peut être égorgé sans état d’âme !
En réaction au dernier paragraphe, je dirais que chez les israeliens il y a 50 % des gens qui n’ont pas encore compris ce que sont les musulmans, et chez les musulmans, la question de la souverainté juive ne se pose pas pour les 99 %.
Les uns ont besoin d’un psychiatre, les autres il faut qu’ils changent de religion !
Ce conflit durera tant que le coran ne sera pas réformé ! Il ne faut pas se faire d’illusion autrement.