Le Forum économique mondial tenu dans la station suisse de Davos est un événement annuel qui rassemble les élites du monde de la politique, de l’économie, de la finance et des médias. Cette année, les performances du président iranien Hassan Rouhani et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont été les attractions principales. Rouhani était à Davos afin de revigorer l’offensive iranienne de charme et de supercherie sur les leaders mondiaux touchant aux ambitions iraniennes sur l’arme nucléaire. Netanyahu s’y trouvait pour aiguillonner et inciter ces mêmes dirigeants à relever les véritables desseins de l’Iran qui sont d’éliminer l’Etat juif et d’atteindre la primauté stratégique au Moyen- Orient.
Si ce n’est que cela…
Compte tenu de ce programme de confrontations avec Rouhani et Netanyahu prêts à croiser le fer, Davos n’était pas loin de voler en éclats. En ce qui concerne les médias, la scène était prête pour le reportage d’échanges réels, clairs et ouverts.
Mais, hélas, ce n’est pas ce que le Washington Post a servi à ses lecteurs. L’exécution et l’émission du bilan de Davos n’est autre que le produit de Martin Baron, rédacteur en chef du journal. Ce dernier faisait avec son rapport suisse son pèlerinage personnel. C’est aussi la première fois que le Post publiait Baron en première page depuis sa nomination de rédacteur en chef à la rédaction il y a un an. (En line, second lieu, venait Anne Gearan, correspondante diplomatique.)
Avec Baron lui-même sous le feu des projecteurs en tant que scénariste de plomb, les lecteurs avaient l’opportunité de gauger le potentiel de Baron d’exposer un article impartial, juste et objectif, qui servirait d’exemple aux correspondants du Washington Post, trop souvent biaisés, avec une tendance flagrante à blanchir les péchés arabes/musulmans, tout en ne manifestant aucune réticence à dénigrer Israël.
Malheureusement, ce ne fut guère le cas. Le rapport de Baron est truffé d’éloges à couper le souffle sur Rouhani, alors que Netanyahu n’obtenait que peu de cas avec le traitement grossier de l’arrière du train. Les 22 paragraphes de l’article de Baron sont consacrés presque intégralement au soi-disant plouf sensationnel de Rouhani, tandis que Netanyahu était relégué dans les trois derniers paragraphes (« Rouhani : Téhéran est prêt pour un accord sur le nucléaire – le leader iranien poursuit son offensive de charme au Forum économique mondial » par Martin Baron et Anne Gearan, le 24 janvier, page A11).
Alors que les Etats-Unis et Israël estiment encore que l’Iran vise à développer des armes nucléaires, Baron expose que le discours de Rouhani et un cercle d’entrevues médiatiques à Devos perpétuent une refonte remarquable de l’image de l’Iran à l’étranger, guidée par le souriant ecclésiastique multilingue, qui décrivait sa philosophie politique le jeudi dernier comme une « prudente modération ».
Confondu alors par les grandioses relations publiques de Rouhani tout en ignorant ses véritables desseins, Baron poursuivait en écrivant que « l’aimable et doux visage de Rouhani fait, semble-t-il, partie d’un effort pour expliquer la position iranienne plus largement et gagner le soutien de ce qu’il appelle une approche pragmatique pour résoudre les doutes internationaux sur le programme nucléaire iranien. Le compte Twitter en anglais a été un outil clé dans l’offensive internationale de charme ».
Baron admet en passant que l’Iran « considère Israël comme illégitime » ce qui rend « de nombreux voisins arabes nerveux ». « Mais ne vous inquiétez pas. De Davos, Baron assure les lecteurs du Washington Poste que Rouhani « s’est engagé à un dialogue constructif avec ses voisins ». « Et n’oublions pas que son tweet souhaitant un joyeux Roch Hachana aux Juifs a fait la une l’an dernier ».
Avec un gars souriant comme Rouhani, pourquoi fait-il s’inquiéter ? Mais qu’en est-il de Netanyahu à Davos ? Il ne lui attribue que les trois derniers paragraphes : « Le dirigeant israélien a traité d’opportunistes les propos de Rouhani – selon Baron – et a essayé d’exposer le fait que « l’objectif du régime de l’ayatollah iranien qui se dissimule derrière les sourires de Rouhani, est d’alléger les sanctions sans renoncer à sa course pour l’arme nucléaire ».
Et ce ne sont là que des miettes attribuées à Bibi. Baron aurait pu mieux faire ? Netanyahu n’a pas décapsulé beaucoup de remarques dignes d’intérêt supplémentaires ? Bien sûr. Voici quelques-unes des répliques de Netanyahu complètement absentes de la dépêche de Baron :
● « À une époque où Rouhani condamne le meurtre d’innocents, des dizaines d’innocents ont été récemment exécutés en Iran ».
● « À une époque où Rouhani parle d’une approche positive de la technologie, il empêche les Iraniens de surfer librement sur Internet ».
● « À une époque où Rouhani parle de paix avec les pays du Moyen-Orient, il refuse – à l’heure actuelle – de reconnaître l’existence de l’Etat d’Israël, et son régime appelle à la destruction d’Israël quotidiennement ».
● « À une époque où Rouhani affirme que l’Iran n’est pas intéressé par un projet nucléaire à des fins militaires, l’Iran continue de renforcer ses centrifugeuses et son réacteur à eau lourde, et à se doter de missiles à longue portée, dont l’unique objectif est d’y héberger les armes nucléaires ».
● « Rouhani a admis qu’il y a une décennie, il a trompé l’Occident afin de faire avancer le programme nucléaire iranien. Il fait aussi bien cela aujourd’hui ». Est-ce que tous ces points cités par Netanyahu ne méritent la reconnaissance de Baron et du Washington Post ? Non évidemment. Les lecteurs se retrouvent avec un article qui n’est ni juste, ni équilibré, ni objectif, concocté par non moins que son nouveau directeur.
Par Léo Rennert Adaptation Française de Thérèse Zrihen-Dvir
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